Pierre Waline

Pierre
Waline
Role
Chef de rubrique Musique

Juin-Août 1944 : une France libérée, mais à quel prix ?

(Petit rappel...) Se prolongeant sur plus de 45 jours (du 29 décembre 1944 au 13 février 1945), le siège de Budapest fut sans nul doute l´un des épisodes les plus sanglants de la guerre. Faisant, outre les immenses pertes subies par les belligérants de part et d´autre, un nombre important de victimes dans la population civile, estimé à plus de 35 000. Sans compter les exactions commises (viols, déportations) …. Un épisode de la guerre généralement méconnu en France et qui laisse aujourd´hui encore un goût amer au cœur de bien de Hongrois. Même si certains ont un peu trop vite oublié qu´il s´agissait de mettre à bas le régime nazi alors en place, régime qui s´était notamment déchaîné contre la population juive (déportations en masse, ghettos, liquidations). Amertume, au point que je m´entends parfois dire pas des amis : „Comme vous autres, Français, avez eu la chance d´avoir été épargnés des destructions”.  Comme ils se trompent !

Hongrois francophones, Français magyarophones : une histoire d´accent (pas grave …).

Parachuté un beau jour par mon employeur en Allemagne, je me souviens que, fraîchement débarqué, m´excusant auprès de mes interlocuteurs pour mon accent, je me voyais immanquablement répliquer : „Nein, in gegenteil [Non, au contraire], das ist charmant”. Certains poussant même la politesse jusqu´à me prier de ne pas perdre ce „si délicieux” accent. De quoi me rassurer, complexé que j´étais par ce ridicule accent français, encombrante casserole collée à ma langue. Ridicule à mes oreilles, apparemment pas aux leurs. Comme quoi tout est relatif en matière d´accent.

Le Christ au Mont des oliviers, un oratorio rarement joué, au programme des Journées „Beethoven à Buda”

S´il a manifesté son génie dans pratiquement tous les genres, de la musique instrumentale à la musique symphonique en passant par la musique de chambre, le concerto et le chant, Beethoven ne nous aura par contre légué que deux messes, un seul opéra et un unique oratorio (abstraction faite des deux cantates de jeunesse). Il est vrai, avec ces deux chefs d´œuvre que sont la Missa solemnis et Fidelio. Moins connu est, par contre son oratorio Le Christ au Mont des oliviers. Une œuvre rarement jouée qui figurait cette année au programme des Journées „Beethoven à Buda”. Journées organisées chaque année depuis vingt ans pour commémorer le concert que le jeune Beethoven donna au théâtre de Buda le 7 mai 1800 (1). Un oratorio donné dans le cadre baroque de l'église paroissiale du Château (Krisztinaváros).

Budapest. Cendrillon de Prokofiev par la troupe du Théâtre Mariinsky : un pur ravissement

S´il est un conte pour enfants qui inspira les compositeurs, c´est bien Cendrillon. Tel un certain Nicolas Isouard qui en tira un opéra, paraît-il donné avec succès, douze ans avant la Cenerentola de Rossini. Ou encore Massenet dont l´opéra, créé à Paris en 1899, est malheureusement tombé dans l´oubli.

Opéra de Budapest : du Couronnement de Poppée au Roi Etienne, une saison 2019-2020 placée sous le signe de la chrétienté

Image retirée.C´est dans le hall roman du Musée des Beaux-Arts que son directeur Szilveszter Ókovács nous a présenté la saison 2019-2020 de l’Opéra de Budapest. Un choix symbolique, Szilveszter Ókovács nous annonçant une prochaine saison placée sous le signe de la chrétienté. „Comme une sorte de prélude - nous dit-il - au 52ème Congrès Eucharistique international qui se tiendra à Budapest en septembre 2020”.

Iván Fischer et l´Orchestre du Festival de Budapest (BFZ) : une mise en bouche avant d´aborder la saison 2019-2020

Il l´appelle son „appartement de scène” (színházlakás) : le logement de famille où Iván Fischer passa son enfance, situé face à l´Opéra. Bien qu´il n´y réside plus, le chef hongrois a décidé de le garder tel quel pour en faire un lieu de rencontres. D´autant plus accueillant qu´il offre un cadre intime.

Budapest : La Gioconda de Ponchielli en première au Théâtre Erkel (1)

De Ponchielli, j´avoue avoir jusqu´ici pratiquement tout ignoré, sinon qu´il compta Puccini parmi ses élèves et qu´il est resté connu pour avoir composé La Gioconda, son seul opéra qui passa à la postérité. Une œuvre rarement jouée, actuellement donnée sur la scène de Budapest (1). Une bonne occasion pour la découvrir et nous en forger une opinion personnelle.

Budapest : le Festival Cziffra (CZF), un hommage bien mérité des Hongrois à l´un des leurs

  S´il en est un qui mérite une large reconnaissance de la part de ses ex compatriotes, c´est bien lui : Georges (György) Cziffra. Réfugié en France en 1956, s´il connut d´emblée chez nous un vif succès, Cziffra fut longtemps boudé ou, pire, ignoré du Pouvoir hongrois. Au point que son nom était pratiquement inconnu du public sinon, chez certains mauvais esprits mal inspirés, pour railler insidieusement et stupidement son origine tzigane. Il fallut attendre le début des années quatre-vingts pour qu´enfin hommage lui fût rendu de la part des officiels hongrois. Hommage entre autres concrétisé par la remise au maître d´un moulage de la main de Liszt. Émouvante cérémonie qui s´était déroulée dans la chapelle royale de Senlis, à laquelle nous avons eu la chance d´assister (en présence d´Éva Barre). Période à partir de laquelle ses enregistrements - repris par la firme nationale Hungaroton - commencèrent à être diffusés en Hongrie. Côté français, il est également regrettable qu´il dût attendre douze longues années (1968) pour que le lui soit enfin reconnue la nationalité française. Car, s´il en est un à qui la France est redevable, c´est bien lui. Mais tout cela est du passé et il demeure incontestable qu´aujourd´hui, Hongrois et Français revendiquent de façon égale son nom comme l´un de leurs plus brillants artistes. Ceci à juste titre tant pour les uns que pour les autres.

Ces Hongrois „plus français que les Français”, partie intégrante de notre patrimoine culturel

Ne les oublions pas... S´il fallait dresser un bilan de la présence de noms issus de l´étranger dans le patrimoine culturel de la France et, à l´inverse, la part de création imputable à nos ressortissants expatriés de par le monde, la balance pencherait indiscutablement en faveur des premiers. Ce qui est flagrant dans des domaines tels que la littérature (Ionesco, Troyat), des Beaux-Arts (Picasso, Chagall, Modigliani, Foujita), mais aussi dans le monde du cinéma ou de la variété (Montand, Aznavour, Mouskouri), ou encore dans le domaine de la mode, voire de la politique. Sur ce plan, la France - derrière les États Unis - est probablement l´un des pays au monde où cette contribution d´origine étrangère est la plus prononcée. Certes, des exemples peuvent être cités à l´inverse, mais plus rares et qui toucheraient peut-être davantage le monde des affaires (tels les anciens présidents des groupes Braun et Volkswagen en Allemagne).

Coup de coeur: "Le Bûcher" du romancier hongrois György Dragomán (1)

György Dragomán.... Ce nom vous dit-il quelque chose? Probablement, pour peu que vous soyez un lecteur assidu au fait des nouveautés sorties en librairie.  Considéré par d‘aucuns comme la figure la plus en vue de la littérature contemporaine hongroise, ce romancier est originaire de Transylanie (Marosvásárhely/Târgu Mureş). Ayant quitté la Roumanie à l‘âge de 15 ans pour s‘installer avec ses parents en Hongrie, il réside à Budapest où il a suivi des études supérieures de philosophie et de littérature contemporaine anglaise. Le départ de la famille (1988) a précédé d‘un an la chute du régime Ceaucescu. C‘est en 2002 qu‘il se fit remarquer avec un premier roman ("A pusztítás könyve", mot à mot "Le livre de l‘ anéantissement"), couronné par la critique. Il avait alors 29 ans. Trois années plus tard parut son deuxième roman, "Le Roi blanc" (A fehér király)  qui, également primé, lui valut une consécration définitive tant en Hongrie que sur la scène internationale. Également loué par la critique, suivit un troisième roman,  "Le Bûcher"  (Máglya) publié en Hongrie en 2014 et sorti récemment en France dans une traduction de Joëlle Dufeuilly. C est ici, à l‘attention du lecteur francophone, de sa traduction que nous rendons compte. Outre son activité d‘écrivain, Dragomán consacre le principal de son temps à la traduction d‘écrivains de langue anglaise.