Pierre Waline

Pierre
Waline
Role
Chef de rubrique Musique

6 décembre : Mikulás (Saint Nicolas)

Objet de culte chez les petits (et les grands) en Hongrie
Si je vous dis 6 décembre, vous me répondrez : „la fête des Nicolas, Colin et Colas, sans oublier les Nicole”. Certes. Mais encore ?  La Saint Nicolas, fête des enfants, célébrée aujourd’hui aux quatre coins du monde. Qui était donc ce saint Nicolas ? Évêque de Myre en Asie mineure, il vécut à la charnière des IIIème et IVème siècles. Le peu que nous savons à son sujet est, que, participant au premier concile de Nicée, il fut un farouche opposant à l´arianisme. Par ailleurs, issu d´une famille aisée, il hérita d´une belle fortune qu´il fit distribuer aux pauvres. Enfin qu´il fut un moment persécuté par les Romains. Nous savons aussi que, dès sa mort, son culte se répandit rapidement dans la région, notamment à Chypre, en Crète et en Grèce, comme en témoignent les nombreuses icônes qui nous en ont été laissées. Avec l´apparition d´une première légende : le suintement d´une huile odorante émanant de sa relique, de la sorte parfaitement conservée. Reliques qui, suite à la victoire des Ottomans sur l´armée byzantine (1071), furent en partie enlevées et dispersées en plusieurs lieux d´Europe, principalement à Bari et en Lorraine (église St Nicolas-de-Port).

Un hymne à l´Amour et à la Liberté

Fidelio au Palais des Arts de Budapest De son unique opéra, Beethoven disait qu´il lui vaudrait la couronne des martyrs. Effectivement, ce fut une gestation longue et laborieuse. Gestation douloureuse, que l´on en juge : trois versions successives, quatre ouvertures, sans compter les innombrables remaniements (le quatuor du 1er acte 13 fois revu, le grand air de Léonore 14 fois). Inspiré d´un fait divers réel (1), le sujet, exhaltant la force de l´amour conjugal, avait déjà été traité par trois compositeurs : Gaveaux, Mayr et Paër.  On sait que Beethoven avait assisté à l’opéra de Paër que, paraît-il - … du moins à en croire Paër… - il aurait apprécié (2).

Le 20 août, Fête nationale hongroise : journée du rassemblement ?

  Il n´est pas interdit de rêver…  S’il est une journée qui m’est chère, c’est bien celle du 20 août, jour de la Saint Etienne, Fête nationale hongroise. Fondateur du royaume, Saint Etienne fut couronné en l’An mil (1). Il mourut un 15 août, en 1038.  C’est en 1083, soit moins de cinquante après sa mort, qu’il fut sanctifié par le pape Grégoire VII, sur l’initiative du roi László 1er (Saint Ladislas), et que la date du 20 août fut désignée pour célébrer son souvenir. Journée proclamée fête religieuse trois siècles plus tard, sous le règne de saint Louis le Grand (Lajos 1er, 1342-1382).

Musique: Amadeus le bien-aimé à l’honneur sur les bords du Danube

Journée Mozart
Le public mélomane de Budapest connaît bien ces marathons organisés depuis maintenant plus de 10 ans, consacrés chaque année à un compositeur donné. Une initiative qui, pour notre bonheur, fait des émules, avec cette journée Mozart qui vient de se tenir dans les locaux de l’Académie de Musique (Zeneakadémia). Le public mélomane de Budapest connaît bien ces marathons organisés depuis maintenant plus de 10 ans, consacrés chaque année à un compositeur donné. Une initiative qui, pour notre bonheur, fait des émules, avec cette journée Mozart qui vient de se tenir dans les locaux de l’Académie de Musique (Zeneakadémia). Une journée organisée à l’initiative des membres de l’ensemble Concerto Budapest et de leur chef András Keller, à laquelle étaient associées deux autres formations: l’ensemble Orfeo et l’Orchestre de chambre Franz Liszt. Trois formations que nous avons déjà souvent eu l’occasion d’entendre et d’apprécier.

Falstaff de Verdi à Budapest: une facétie rondement menée par un Iván Fischer complice

De Verdi, Rossini disait que s’il excellait dans le drame, il n’était pas fait pour l’opéra bouffe. Ce qui n’empêchait les deux hommes d’éprouver une profonde estime mutuelle. Préjugé ou jugement fondé ? Force est d’avouer  que, pour notre part, nous tendions jusqu’ici à partager le sentiment de Rossini (1). Du moins à l’écoute ici ou là de brefs extraits de son Falstaff. Mais de brefs extraits seulement et jamais l’œuvre dans son intégralité. Bonne raison pour saisir l’occasion offerte par cette représentation. Et ce d’autant qu’elle était animée par Iván Fischer, dont il serait superflu de rappeler les qualités en la matière.

Le Stabat Mater de Dvořák en concert à Budapest: un chef d’œuvre empreint d’émotion

Initialement composé pour solistes, chœur et piano, le Stabat Mater de Dvořák fut créé à Prague - dans sa version orchestrale - en 1880. Sa composition est étroitement liée à un drame familial: la perte coup sur coup de trois de ses enfants (1). Il s’agit là de sa première œuvre sacrée, qui contribua à le faire connaître sur la scène internationale (2).  Dvořák avait alors 39 ans. On peut effectivement parler d’un coup de maître, sans nul doute l’un des sommets du genre. A notre sens supérieur au Requiem qu’il allait composer treize ans plus tard... Une œuvre empreinte d’une grande émotion, et l’on comprendra qu’il y a de quoi. „Confiée plus aux voix qu'à l'orchestre, mais jaillissante et spontanée même dans l'affliction, une œuvre atteignant ainsi une grandeur universelle.”(3)

Budapest: un concert Mozart placé sous le signe de la jeunesse

Parler de jeunesse lorsque l’on évoque le nom de Mozart constitue un pléonasme. Mais c’est ici aux interprètes qu’est faite l’allusion, s’agissant de deux jeunes ayant tout juste 20 ans: Krisztián Kocsis et Ádám Balogh, tous deux pianistes. Qui, apparemment, disposeraient déjà de bonnes références, du moins à en croire ce qui est écrit à leur sujet. Le premier, fils du pianiste Zoltán Kocsis, révélé en France en 2013, après y avoir remporté un prix (1). Le second, lui-même fils de musiciens, n’étant pas en reste, puisqu’il remporta cette même année 2013 le concours international „Piano talents” de Rome et se vit invité dès l’âge de 13 ans par Iván Fischer à accompagner l’Orchestre du Festival - précisément dans des concertos de Mozart -, pour se produire deux ans plus tard aux États-Unis. Ce qui devrait constituer a priori une solide référence. Mais bon, nous avons tendance à nous méfier des enfants prodiges, aussi étions-nous curieux de pouvoir juger par nous-mêmes. Au programme: les concertos pour piano en ut K 415 (le 13ème) et en ré mineur K 466 (le 20ème), précédés d’un divertimento (K 138). L’accompagnement étant assuré par l’Orchestre de Chambre Franz Liszt (Liszt Ferenc Kamarazenekar), formation qui, par contre, n’a plus à être présentée.

Le lycée français Gustave Eiffel de Budapest: une leçon d’ouverture sur le monde

Le jeu de mots est trop facile. Et pourtant... Au-delà de son acception purement physique, cette journée „portes ouvertes” aura été l’occasion de mesurer dans toute sa dimension la politique d’ouverture - c’est bien le mot - imprimée par ses responsables et animateurs au lycée français de Budapest. Ouverture sur le monde, sur la langue, la culture, les particularités et coutumes d’autrui pour mieux s’en imprégner dans un esprit de respect mutuel. Tout d’abord quelques chiffres pour planter le décor. Membre du réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (aefe) qui rassemble près de 500 établissements répartis dans 137 pays et fréquentés par 350 000 élèves de par le monde, le lycée français Gustave Eiffel  est suivi par 700 élèves, en majorité (60%) d’origine hongroise. En outre, il est également fréquenté par des jeunes issus d’une trentaine d’autres nationalités. 700, un nombre volontairement limité pour permettre de garantir un niveau de qualité suffisant. Puisque nous parlons décor, un mot sur le cadre. Situé dans la verdure sur les hauteurs de Buda, l’établissement, au demeurant spacieux, aéré et soigné, offre un environnement idéal pour assurer aux élèves les meilleures conditions de travail.

Porgy and Bess à nouveau sur la scène de Budapest

Un retour fort remarqué   C’est en 1935 que Porgy and Bess fut créé à Boston, sa première en Europe remontant à 1943 (Copenhague). Souvent considéré à tort comme une comédie musicale, Porgy and Bess est bel et bien un opéra à part entière, du moins telle était l’intention de son compositeur. Son action se déroulant au sein d’une commuté afro-américaine (Sud des États-Unis), l’œuvre est généralement donnée par des chanteurs et acteurs noirs. Ce qui en limiterait a priori les possibilités d’exécution, encore qu’elle ait fait sous cette forme l’objet de fort nombreuses représentations de par le monde. Telle la Hongrie où était entre autres venue se produire une troupe noire (Szeged). Quant au public parisien, il a pu la voir - et pour beaucoup, la découvrir -,  donné dans les années soixante-dix par un ensemble venu des États-Unis (Palais des Congrès). Paris où, plus récemment, il a été donné en 2008 sur la scène de l’Opéra comique (également par une troupe américaine). Opéra qui a par ailleurs fait l’objet d’un film célèbre tourné en 1959 par Otto Preminger. Film couronné l’année suivante du Golden Globe. Malgré tout, des exceptions demeurent, telles les représentations données à Budapest par une troupe hongroise en 1970 et au début des années quatre-vingts. Celle-ci ayant remporté un vif succès avec près de 150 reprises. C’est également par une équipe hongroise qu’il vient d’être repris, après une absence de 35 années sur la scène de Budapest.

L’Obéron de C.M. von Weber à l’Opéra de Budapest (Théâtre Erkel)

C’est sur une commande du Covent Garden de Londres que Weber composa Obéron, son dernier opéra, d’après un poème de Wieland traduit pour la circonstance en anglais (1). Très malade - il était rongé par la tuberculose -, Weber, littéralement épuisé, mit ses dernières forces dans la composition, puis dans les répétitions et la direction de l’opéra, créé à Londres en avril 1826 (2). Il allait mourir à peine deux mois plus tard, alors qu’il s’apprêtait à regagner l’Allemagne. Des circonstances, donc, particulièrement pénibles. Malgré cela, l’œuvre de Weber remporta immédiatement un immense succès. Et pourtant, non satisfait du livret et de la structure de l’opéra, Weber projetait d’en réaliser une révision, une fois rentré en Allemagne, ce qu’il n’eut pas le temps de réaliser. Détail touchant: afin de pouvoir travailler sur le livret, Weber, pourtant affaibli, suivit des cours intensifs d’anglais (153 leçons !).