Anti-virus moral : quand Iván Fischer et ses musiciens (Orchestre du Festival de Budapest) se portent au secours des personnes confinées

Anti-virus moral : quand Iván Fischer et ses musiciens (Orchestre du Festival de Budapest) se portent au secours des personnes confinées

Le 20 mars dernier avait été prévu, comme chaque année, un petit-déjeuner de presse par Iván Fischer dans l´appartement de son enfance, face à l´Opéra de Budapest. Réunion bien évidemment annulée… Que nous aurait-il dit ? Il serait vain de le supputer… Peut-être l´annonce, malgré de sévères coupures budgétaires, d´une reprise partielle des interventions de l´Orchestre „hors les murs” pour aller au-devant des jeunes et des enfants, mais aussi des moins favorisés (autistes, personnes âgées, malades) ? Et nous annoncer une prochaine version de cette rencontre dansante organisée chaque année en juin pour fêter l´été sur la place des Héros de Budapest en présence d´enfants roms venus de toute la province („Tértánc”) ? Bien sûr, tout cela devant être annulé ou reporté, du moins pour le moment.

Outre les concerts annulés „en ville”, Iván Fischer et ses musiciens ont également dû renoncer dans l´immédiat à deux tournées en Italie et en Espagne (précisément les pays les plus touchés). Était également prévu, pour ce qui nous concerne plus directement, un concert Dvořák-Beethoven avec leur ami András Schiff en soliste pour le 19 mai à la Philharmonie de Paris (1). Concert largement rôdé, puisqu´il avait été donné entre autres devant les publics de Londres et de New York, plus chanceux que nous, recueillant un accueil triomphal (le mot n´est pas de trop).

Des concerts qui devront donc être remboursés, précisément au moment où la formation du chef hongrois s´est vu couper près de la moitié de sa subvention par les Pouvoirs publics… Et avait déjà été contrainte, bien avant l´apparition du virus, de renoncer à des tournées (pays baltes) et à ses concerts gratuits en province. Mais il en faut davantage pour les freiner. Bien au contraire ! Jugeons-en !

Ne pouvant se réunir au complet en raison des risques causés par la pandémie, les musiciens de l´Orchestre ont décidé, soutenus en cela par leur chef, de se réunir chaque soir en formations réduites pour interpréter à huis clos des œuvres de musique de chambre filmées et retransmises en direct sur les réseaux (internet, facebook). Ce que Fischer appelle ses „Soirées de Quarantaine” („Karanténesték”). Ceci pour offrir un petit lot de consolation à leurs concitoyens confinés chez eux.  Ce qui les oblige donc eux-mêmes à sortir chaque soir de chez eux. Mais les aide aussi sans aucun doute à tenir et ne pas perdre le pli (2).

Certes, ce type de diffusion s´est répandu un peu partout depuis la propagation du virus, notamment dans les milieux de la musique et du théâtre. Mais à notre connaissance sur la base d´enregistrements et non en direct.

Une preuve de plus, si besoin en était, de ce souci du chef et de ses musiciens de se porter au service de leur public, mais aussi, par la magie des notes, de procurer soutien et compagnie à celles et ceux qui, isolés chez eux, en ont largement besoin.

Un hommage devait leur être ici rendu.

Pierre Waline

(1): également (probablement) annulée, une soirée prévue au Théâtre des Champs Élysées le 29 avril par la soprane Emőke Baráth en compagnie de Philippe Jaroussky.

(2): tous les soirs à 19h45 sur le site bfz.hu et sur la page Facebook (BFZ-Budapest Fesztiválzenekar). Également disponible sur ces sites: le programme de ces soirées. Les lecteurs qui souhaiteraient soutenir l´Orchestre par des dons trouveront également sur ces sites une page dédiée aux dons: „adomány”. 

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