S´il est un nom que nul Hongrois ne saurait ignorer, c´est bien celui de Trianon. Trois syllabes maudites qui évoquent le lieu où fut signé, en ce 4 juin 1920, un traité à la suite duquel le royaume perdit d´un coup les deux tiers de son territoire et la moitié de sa population. Véritable diktat par lequel la délégation hongroise, traitée sans ménagement, se vit imposer des conditions draconiennes sans même avoir été consultée ni même invitée, sinon au tout dernier moment, le temps d´apposer sa signature au bas du document (1). Conséquence indirecte des déboires d´une double monarchie confrontée à une multitude de nationalités que, reconnaissons-le, elle n´avait pas su gérer. C´est ainsi que, si le traité causa un véritable traumatisme aux près de trois millions et demi de magyarophones arrachés à leur patrie, il signifiait par contre pour les quelque sept millions d´autres (exception faite des Allemands, principalement Roumains et Slovaques) une libération de la tutelle de Budapest. Une amputation douloureuse dont les plaies ne se sont pas refermées cent ans après... Véritable drame pour ces familles écartelées, mais qui n´en ressentent que davantage une solidarité avec leurs voisins et parents de Hongrie.