Budapest : le Festival Cziffra (CZF), un hommage bien mérité des Hongrois à l´un des leurs

  S´il en est un qui mérite une large reconnaissance de la part de ses ex compatriotes, c´est bien lui : Georges (György) Cziffra. Réfugié en France en 1956, s´il connut d´emblée chez nous un vif succès, Cziffra fut longtemps boudé ou, pire, ignoré du Pouvoir hongrois. Au point que son nom était pratiquement inconnu du public sinon, chez certains mauvais esprits mal inspirés, pour railler insidieusement et stupidement son origine tzigane. Il fallut attendre le début des années quatre-vingts pour qu´enfin hommage lui fût rendu de la part des officiels hongrois. Hommage entre autres concrétisé par la remise au maître d´un moulage de la main de Liszt. Émouvante cérémonie qui s´était déroulée dans la chapelle royale de Senlis, à laquelle nous avons eu la chance d´assister (en présence d´Éva Barre). Période à partir de laquelle ses enregistrements - repris par la firme nationale Hungaroton - commencèrent à être diffusés en Hongrie. Côté français, il est également regrettable qu´il dût attendre douze longues années (1968) pour que le lui soit enfin reconnue la nationalité française. Car, s´il en est un à qui la France est redevable, c´est bien lui. Mais tout cela est du passé et il demeure incontestable qu´aujourd´hui, Hongrois et Français revendiquent de façon égale son nom comme l´un de leurs plus brillants artistes. Ceci à juste titre tant pour les uns que pour les autres.

Ces Hongrois „plus français que les Français”, partie intégrante de notre patrimoine culturel

Ne les oublions pas... S´il fallait dresser un bilan de la présence de noms issus de l´étranger dans le patrimoine culturel de la France et, à l´inverse, la part de création imputable à nos ressortissants expatriés de par le monde, la balance pencherait indiscutablement en faveur des premiers. Ce qui est flagrant dans des domaines tels que la littérature (Ionesco, Troyat), des Beaux-Arts (Picasso, Chagall, Modigliani, Foujita), mais aussi dans le monde du cinéma ou de la variété (Montand, Aznavour, Mouskouri), ou encore dans le domaine de la mode, voire de la politique. Sur ce plan, la France - derrière les États Unis - est probablement l´un des pays au monde où cette contribution d´origine étrangère est la plus prononcée. Certes, des exemples peuvent être cités à l´inverse, mais plus rares et qui toucheraient peut-être davantage le monde des affaires (tels les anciens présidents des groupes Braun et Volkswagen en Allemagne).

Re-Verzio 2019

“Des gens que je connais vont voir la pièce, comment est-ce qu’ils vont réagir quand ils vont savoir que je suis Serbe ?” Vingt ans après la guerre en Croatie, ses stigmates sont encore bien présents. C’est ce dont témoigne le film documentaire du réalisateur croate Nebojša Slijepčević intitulé Srbenka et diffusé jeudi 7 février dans le cadre de la première soirée du Re-Verzio 2019. Durant ce film, nous sommes plongés au cœur des répétitions d’une pièce de théâtre d’Oliver Frlj|ìc. Cette oeuvre raconte le meurtre d’une jeune Serbe et du reste de sa famille durant l’hiver 1991 à Zagreb. Elle replace cette tragédie dans le présent et montre son impact dans la société croate. Au cours du visionnage, le spectateur se rend compte que cette société est toujours aussi divisée par ses problèmes ethniques. De la première lecture du texte par les acteurs à la présentation au public, en passant par les conseils de mise en scène et d’interprétation du dramaturge, le film dresse en pointillés les discriminations que la minorité serbe continue de subir dans la Croatie d’aujourd’hui. L’interrogation mise en exergue, prononcée par Nina, jeune actrice serbe, est à elle-seule représentative de cette violence et de la difficulté d’assumer ses origines serbes par peur de se les voir reprocher.

Coup de coeur: "Le Bûcher" du romancier hongrois György Dragomán (1)

György Dragomán.... Ce nom vous dit-il quelque chose? Probablement, pour peu que vous soyez un lecteur assidu au fait des nouveautés sorties en librairie.  Considéré par d‘aucuns comme la figure la plus en vue de la littérature contemporaine hongroise, ce romancier est originaire de Transylanie (Marosvásárhely/Târgu Mureş). Ayant quitté la Roumanie à l‘âge de 15 ans pour s‘installer avec ses parents en Hongrie, il réside à Budapest où il a suivi des études supérieures de philosophie et de littérature contemporaine anglaise. Le départ de la famille (1988) a précédé d‘un an la chute du régime Ceaucescu. C‘est en 2002 qu‘il se fit remarquer avec un premier roman ("A pusztítás könyve", mot à mot "Le livre de l‘ anéantissement"), couronné par la critique. Il avait alors 29 ans. Trois années plus tard parut son deuxième roman, "Le Roi blanc" (A fehér király)  qui, également primé, lui valut une consécration définitive tant en Hongrie que sur la scène internationale. Également loué par la critique, suivit un troisième roman,  "Le Bûcher"  (Máglya) publié en Hongrie en 2014 et sorti récemment en France dans une traduction de Joëlle Dufeuilly. C est ici, à l‘attention du lecteur francophone, de sa traduction que nous rendons compte. Outre son activité d‘écrivain, Dragomán consacre le principal de son temps à la traduction d‘écrivains de langue anglaise.

Hongrie : la seconde mort d´Imre Nagy

  Récit d´une exécution posthume   C´était l´un des monuments les plus photographiés de Budapest. La statue d'Imre Nagy, appuyé au parapet d´un pont en bronze face au Parlement, faisait la joie des touristes. Mais voilà qui est bien fini. Ceux qui, sur les conseils de leur guide, viendront l´y chercher, ne la trouveront plus : elle a été démontée dans la nuit du 28 décembre pour se voir reléguée loin de là dans un square isolé.