Parallax, qui sommes-nous et qui voulons nous être ?

Parallax, qui sommes-nous et qui voulons nous être ?

Parallax

Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, la Hongrie s’installe aux Ateliers Berthier du théâtre de l’Odéon. La nouvelle pièce de Kornél Mundruczó est à retrouver du 11 au 18 octobre. Un spectacle aussi surprenant qu’hypnotisant.

Ames sensibles s’abstenir. Kornél Mundruczó et Kata Wéber nous livrent dans Parallax une réflexion sur la question de l’identité... en mettant en scène une orgie qui survient après le témoignage d’une rescapée d’Auschwitz. Drôle de manière d’exposer trois générations d’une même famille, si ce n’est choquer pour mieux questionner.

Les trois générations se suivent avec leurs propres enjeux. L’aïeule, Éva, est née dans un camp de concentration durant la Seconde Guerre mondiale et refuse aujourd’hui de recevoir une médaille de la part du gouvernement hongrois. Sa fille, Léna, est partie vivre à Berlin et lutte pour faire de leur judaïsme une fierté. Elle veut scolariser son fils, Jónás, dans une école privée juive. Celui-ci, plusieurs années plus tard, se retrouve dans l’appartement de sa défunte grand-mère et organise à l’improviste une orgie homosexuelle la veille de l’enterrement.

Parallax

Mêlant musique, cinéma – l’entièreté du début de la pièce est filmée en direct par deux caméras - et théâtre plus traditionnel, la pièce se scinde en deux parties distinctes qui ont leur propre cheminement de réflexion. Toute la première partie se compose d’une longue discussion mère-fille dans cet appartement. L’appart est mal rangé, l’évier fuit, le lecteur CD lance diverses musiques... tout nous donne l’impression nous immiscer dans leur intimité.  La deuxième partie s’ouvre après une tempête dans ce même espace. Jónás nettoie la maison avant l’arrivée de quatre hommes. Une longue scène de sexe s’entame, où les corps nus déambulent dans l’espace, se mélangent entre eux. La scène qui suit questionne l’orientation sexuelle dans un pays hostile aux minorités de genre. Tous les personnages ont leurs particularités et leurs avis qui divergent, en fonction de leur âge, leurs origines. Jónás se pose beaucoup de questions sur lui-même, qu’il partagera avec sa mère le lendemain dans un dernier échange.

Parallax est une pièce qui parle de la quête de soi tout en traitant de sujets très actuels en Hongrie. Même si elle demande de connaître en amont la situation politique hongroise, elle se veut humaniste, intemporelle et tolérante. La compagnie Proton Theatre a déjà passé le début de l’année à sillonner l’Europe et reste encore à l’Odéon jusqu’au 18 octobre. Réservée à un public majeur et averti des scènes de nudité, elle ne peut pas laisser de marbre.

Siloé Lemaître

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