Orchestre du Festival de Budapest (BFZ) : Iván Fischer et ses musiciens à la conquête de l´Europe...
„Même le lustre en était renversé”… c´est ainsi qu’Iván Fischer et son équipe titrent le communiqué publié au retour d’une tournée effectuée en Europe. Berlin, Alicante, Madrid, Luxembourg, Munich, Lugano, Paris. 9000 spectateurs, près de 10 000 kilomètres parcourus par monts et par vaux, rien ne les a arrêtés, pas même la grève affrontée dans trois aéroports. Chaque jour un nouvel horizon pour se terminer en beauté à la Philharmonie de Paris. Un marathon que le chef hongrois se plaît à comparer à une course de Formule 1.
Une presse enthousiaste, louant „le jeu extatique de l’orchestre, l’incroyable harmonie entre les pupitres (sic) et les dons visionnaires du chef”. „Il est rare de voir un chef entraîner ses musiciens par son seul art exempt de toute fioriture, les convaincant de se donner corps et âme dans le jeu, comme si leur vie en dépendait (1)” (Munich). Munich où la formation faisait ses débuts dans le nouvel auditorium (Isarphilharmonie) ouvert voici deux ans. Tout aussi enthousiasmant fut pour eux de se retrouver à la Philharmonie de Berlin où l’orchestre ne s’était pas produit depuis plus de vingt ans ou encore à Madrid où le public ne les avait pas entendus depuis 2004 (concert apparemment apprécié au passage par un sympathique labrador qui se trouvait au premier rang !). Superlatifs repris par la presse espagnole. „Un orchestre qui fait partie de l’élite internationale, grâce aux dons visionnaires, à l’inaltérable soif d’entreprendre et à l’intelligence de son fondateur Iván Fischer.” Mettant en avant „le jeu impeccable de cordes au son ample et généreux, de cuivres bien assurés et de bois sonnant avec brillance”. Toujours selon la presse, un Don Juan de Richard Strauss rendu avec une fougue telle que le chef en laissa un moment tomber sa baguette… „Un immense succès largement mérité, remercié d´un cadeau inattendu offert au public” termine le journaliste, en allusion au bis offert à la fin. Et son collègue du Luxembourg de souligner „le parfait équilibre des sonorités et la sensibilité du jeu (R.Strauss). Un orchestre se donnant pleinement, offrant un jeu précis, où tout était parfaitement en place, suscitant les ovations du public”. Pour terminer à Paris où le public fut gratifié en bis d’une improvisation de jazz sur Till Eulenspiegel.
Et… ce n´est pas fini : début avril, Fischer et ses musiciens rejoindront Renaud Capuçon à Aix-en-Provence (ouverture du Festival), puis à Toulouse. Non sans avoir entre temps retrouvé leur public de la capitale hongroise pour un concert Ligeti suivi d’une soirée de musique baroque sous la baguette de la violoniste japonaise Midori Seiler. Pour retrouver enfin ses pénates fin avril dans un programme de musique romantique : Bruckner et Mendelssohn (concerto de violon) sous la direction du chef israélien Daniel Oren. Ce qui montre bien l’ouverture de l’Orchestre et la diversité de son répertoire, sans dédaigner au passage un clin d’œil en direction de la musique populaire hongroise (de Transylvanie). Une tournée accompagnée de deux solistes de renom : les pianistes Rudolf Buchbinder et le Suisse Francesco Piemontesi, précisément contemporain de l’Orchestre qui souffle cette année ses quarante bougies.
Un anniversaire qui montre une formation plus en forme que jamais, convoitée par les grandes villes et capitales de ce monde. Qu’admirer le plus : ses hautes performances (largement reconnues) ou le goût du voyage, témoin d’un infatigable engagement ? Les deux.
Espérant malgré tout les retrouver aussi souvent que possible intra muros pour notre pur plaisir...
Pierre Waline
(1): adaptation libre (à partir du hongrois) en l’absence des textes originaux.
Photos: Berlin, Paris, (crédit: Róbert Zentai)
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