Opéra de Budapest : une reprise tant attendue…
Présentation de la saison 2021-2022
Après de longs mois de fermeture, l´Opéra de Budapest s´apprête à rouvrir ses portes au public. Certes, tout au long de la pandémie, nous avions été gratifiés de représentations diffusées en ligne, mais reconnaissons que, surtout dans le cas des représentations scéniques, rien ne remplace la présence sur place.
Reprise qui s´ouvrira sur une saison que l´on nous promet originale, riche et variée, offrant un programme ambitieux avec la participation de nombreux artistes de renom international (chefs, metteurs-en-scène, chorégraphes, chanteurs). Jugeons-en. Dix-sept premières - dont sept qui avaient été précédemment programmées, mais avaient dû être annulées. Au total quatre cents représentations réparties sur les trois salles. A quoi s´ajoute une foule d´interventions variées (1300) - concerts, soirées de musique de chambre, programmes dédiés aux enfants, activités médiatiques, accompagnement et partenariat dans des évènements artistiques, etc. - qui ouvrent une voie nouvelle dans la vie de l´Opéra. Rappelons que l´institution dispose de trois sites sur Budapest : la traditionnelle salle de l´avenue Andrássy, la salle du théâtre Erkel avec ses quelque 2500 places et l´Atelier Eiffel récemment ouvert. La salle de l´avenue Andrássy fait actuellement l´objet d´une rénovation de fond en comble, sa réouverture étant prévue pour le cours de la prochaine saison. Parmi les invités de marque, signalons le retour de Placido Domingo qui se produira tant comme chef que comme chanteur ou encore la présence de notre compatriote Patrica Petibon et d´Anna Netrebko. Nous citerons encore les noms d´Erwin Schrott, Peter Seiffert, Matthew Polenzani et Lawrence Brownlee, tandis que le baryton anglais Sir Willard White se verra confier les rôles-titres dans Barbe bleue et Porgy.
Les Premières, tout d´abord. Signalons, pour commencer une production de Carmen qui sera donnée à partir de septembre sur la scène de l´Atelier Eiffel (et sera également donnée ce mois-ci en plein air à l´île Marguerite). Une Carmen transposée à notre époque dans une mise-en-scène de l´Espagnol Calixto Bieito (qui l´avait également produite à Paris). Parmi les représentations qui avaient dû être annulées, L´Échope de l´orfèvre, œuvre de jeunesse du futur Jean-Paul II, mis en scène par János Szikora en coproduction avec le théâtre de Székesfehérvár. Également initialement programmé, mais annulé, sera créé en Hongrie un opéra-ballet de Philip Glass d´après Les Enfants terribles de Jean Cocteau sur une mise-en-scène et chorégraphie de Dóra Barta. Signalons encore Pelléas et Mélisande mis en scène par Kristen Dehlholm, produit par sa troupe danoise Hotel Pro Forma ou encore Cantates en croix (Keresztkantáták) sur une musique de Bach par Csaba Horváth et son ensemble avec la participation de la troupe Forte Társulat. Sur la scène du théâtre Erkel seront donnés deux ouvrages précédemment annulés, Les Contes d´Hoffmann dans une toute nouvelle production de Kriszta Székely, et La Fille du régiment dans une mise-en-scène de Csaba Polgár. Pour célébrer le bi-cent cinquantenaire de Beethoven seront donnés sur la scène de l´Atelier Eiffel Le Roi Etienne et Les Ruines d´Athènes, composés pour l´ouverture du Théâtre allemand de Pesth en 1812. Production confiée, pour la direction et dans une légère mise-en-scène, au chef Géza Oberfrank. Une nouveauté présentée cette saison, l´opéra-comique Mariage au temps du carnaval (Farsangi lakodalom) du Hongrois Ede Poldini, de retour sur scène après soixante ans d´absence, produit par András Almásí-Tóth, qui tombe à pic avec son histoire de quarantaine…
Mais c´est avec la réouverture de la salle de l´avenue Andrássy, prévue le 11 mars prochain, que sera attendu le temps fort de la saison avec une série de manifestations se tenant quatre jours durant. Le premier soir, ce sera une répétition générale de László Hunyadi (F. Erkel) devant des élèves venus de Hongrie et des pays voisins. Le lendemain, 12 mars, sera donnée une soirée de gala avec Placido Domingo au pupitre. Le troisième soir sera donnée la version initiale de László Hunyadi dirigée par Balázs Kocsár dans une mise-en-scène du directeur de l´Opéra, Szilveszter Okovács (dont ce sera le début à la scène). Et pour clôre ces quatre journées sera donné le 14 un ballet de Kenneth MacMillan, Mayerling par le corps de ballet de l´Opéra dans une version totalement nouvelle.
Un bâtiment entièrement rénové qui aura retrouvé sa pompe d´antan, mais aussi sera doté des infrastructures les plus modernes et verra son acoustique sensiblement améliorée. Idéal pour donner Wagwer, avec tout ´abord, en avril, Parsifal, puis Le Crépuscule des Dieux. A côté de ces premières seront par ailleurs reprises des productions de la saison dernière, mais jusqu´ici uniquement accessibles en ligne. Entre autres : Andrea Chénier, Le violoniste de Crémone (Jenő Hubay), Don Carlos, Figaro, Le Roi Etienne, Le Malade imaginaire, A walking dead (de l´Américain Jake Hegger), Maître et Marguerite (Levente Gyöngyösi), Salomé, Tante Simona (Ernő Dohnányi), l´Enlèvement au Sérail ou encore Le Bourgeois gentilhomme. Comme on voit, la part belle sera donnée à des œuvres de compositeurs hongrois.
Pour ce qui concerne les ballets. Outre Mayerling déjà cité seront présentées à l´Atelier Eiffel trois productions contemporaines : Chroma de Wain McGregor, Sade case de Sol León et Paul Loghtfoot, enfin Le coeur de Paquita de Petipa dans une transposition due à Irina Prokofieva et Albert Mirzoyan. Sans compter la reprise des grands classiques : Romeo et Juliette, Onéguine, Gisèle, Le Casse-noisette, La Fille mal gardée (avenue Andrássy), Cacti et Episode 31 (Alexander Ekman), Don Juan (Thierry Malandain) et l´Oiseau de feu (Atelier Eiffel)
Quant aux artistes étrangers, nous ne saurions ici les citer tous. Rappelons la venue de Placido Domingo qui chantera dans Simon Boccanegra, Erwin Schrott dans Mephistophéles, Peter Seiffert dans Parsifal ou encore Matthew Polenzani dans Don Carlos, pour ne citer qu´eux. Ou ce récital que donnera Patricia Petibon et cet autre par Anna Netrebko en duo avec Yousif Eyvazov Outre les chanteurs, chorégraphes et metteurs-en-scène interviendront également des chefs étrangers. (Tel notre compatriote Frédéric Chaslin dans Pelléas)
Enfin, signalons une reprise des tournées en province. A mentionner également la participation de l´orchestre et du chœur qui accompagneront la messe solennelle qui sera célébrée par le pape François sur la place des Héros à l´occasion du 52ème Congrès eucharistique international qui se tiendra début septembre à Budapest. Un autre temps fort, donc.
Pour terminer, un mot sur l´ouverture de l´Espace Eiffel, dernier né de l´institution, visiblement „enfant chéri” de son directeur Szilveszter Okovács. Site que nous avons déjà largement présenté dans ces colonnes. Un rappel en un mot : il s´agit d´un ancien dépôt de locomotives entièrement réaménagé pour offrir un cadre adapté aux opéras de moindre taille (500 places) et œuvres contemporaines. Un site multifonctionnel également dédié aux répétitions et servant d´atelier et d´entrepôt. De nombreuses productions y sont programmées, notamment un programme réservé aux jeunes.
Une saison qui se présente apparemment sous les meilleurs auspices. Pourvu que ne vienne pas compromettre le tout une nouvelle vague de la pandémie. Mais ne jouons pas les oiseaux de mauvais augure et préparons-nous à retrouver dès la rentrée nos œuvres et interprètes favoris. Une saison qui sera placée sous le signe du renouveau.
Après une si longue attente, voilà qui sera somme toute bien mérité.
Pierre Waline
Photo: Attila Nagy
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