L'Orchestre du Festival de Budapest (BFZ) : une saison 2022-23 placée sous le signe de la jeunesse

L'Orchestre du Festival de Budapest (BFZ) : une saison 2022-23 placée sous le signe de la jeunesse

BFO

Reprise d’une coutume bien sympathique : après trois années d´interruption due à la pandémie, le chef Iván Fischer nous invite dans ce qu’il appelle son „appartement de scène” („Színházlakás”). Situé face à l’opéra, ce fut jadis le cadre de son enfance. S’il n’y réside plus, il l’a néanmoins conservé avec meubles et décorations. Lieu choisi pour présenter à la presse les activités de sa formation, l’Orchestre du Festival (BFZ). Présentation de la saison 2022-23, le point sur les tournées à l’étranger, sans compter les activités traditionnelles, tel un grand concert gratuit en plein air.

Actuellement à l’étranger, c’est par vidéo interposée que le chef hongrois est intervenu. Laissant le soin à la directrice générale de l’Orchestre, Orsolya Erdődy, de nous accueillir et de compléter son propos. Pour commencer, un mot sur la saison en cours. On nous signale tout d’abord le concert d’ouverture du Festival de Printemps (d’où l’orchestre - qui soufflera l’année prochaine ses quarante bougies - tire précisément son nom) qui, le 30 avril prochain, sera confié à un chef américain sur un programme consacré à trois compositeurs américains, Charles Ives, John Adams et William Grant Still. Ce dernier, „doyen des compositeurs afro-américains”, par ailleurs réputé comme vedette du jazz. Geste symbolique marquant un clin d´œil en direction des jeunes. Outre cela, reprise des initiatives habituelles : concerts dans les communes de province, dans les maisons de retraite ou encore auprès des enfants et familles (Journée „de la famille” le 28 mai sur le site romain d’Acquincum), sans oublier les concerts de soutien dans les synagogues et églises en péril. Et, comme chaque année, poursuite des concerts à destination des jeunes (Midnight Concerts) et moins jeunes (Concerts „cacao”). Reprise, également, des après-midi de musique de chambre le dimanche dans la salle des répétitions. A signaler encore au passage cette série originale, instituée l’année dernière, „Iván nous raconte” („Iván mesél”), constituée par des concerts précédés, non d’un exposé-conférence, mais à l’occasion desquels le chef nous fait partager les états d’âme et sentiments à même d’être ressentis à l’écoute des partitions proposées.

A noter encore, après cinq années d’interruption, la reprise des concerts en plein air sur la place des Héros : le 18 juin avec un programme inédit consacré au compositeur américain Philipp Glass avec sa „Passion of Ramarkishna” précédée de la 4ème suite de Bach. Avec la participation de la soprane Maria-Stella Maurizi et du chœur mixte Cantemus. Une saison 2022-23 qui débutera en septembre avec un opéra de Benjamin Britten, „The turn of the Screw”, opéra de chambre composé en 1954 d’après Henry James. Que le chef hongrois nous présente comme un petit chef d’œuvre du genre, qui revêt à ses yeux un caractère „on ne peut plus actuel”. Une première avec, sous la baguette de Fischer, la soprane Suédoise Miah Personn dans le rôle principal. Soirée organisée en liaison avec le Palais des Arts (Müpa). Pour la campagne „Passerelles à travers l’Europe” désormais consacrée non plus à un pays, mais à une ville, la prochaine ville partenaire, après Berlin, sera Amsterdam. Avec échange de concerts entre les deux villes, l’Orchestre du Festival se produisant en Hollande et l’Orchestre du Concertgebouw à Budapest. (Le Concertgebouw dont Iván Fischer est un habitué, désigné en 2020 „Invité d’honneur”). Pour le „marathon” qui se tient en chaque début d’année (concerts non-stop sur une journée), le compositeur retenu sera cette fois Prokofiev, ce qui promet un beau programme.

A signaler encore, en mars, une soirée „centenaire” du compositeur hongrois György Ligeti. Côté musique symphonique, deux grandes „Neuvièmes” : Mahler et Schubert, suivies de célèbres „Troisièmes” : Beethoven, Brahms, Rachmaninov et Saint-Saëns (symphonie „avec orgue”). Parmi les invités, Rudolf Buchbinder dans le concerto de Schumann, qui accompagnera également l’orchestre en tournée. Parmi les chefs invités, à noter, aux côtés de Gábor Takács-Nagy (poursuite de la série Haydn-Mozart), la venue de Robin Ticciati et de notre compatriote Louis Langrée avec Jean-Efflam Bavouzet en soliste (concerto pour la main gauche de Ravel), ainsi que du colombien Andrés Orozco-Estrada, directeur musical de l’Orchestre symphonique de Vienne, qui viendra diriger ici pour la première fois. Sans oublier la reprise des concerts de musique baroque avec la venue du chef et violoncelliste Nicolas Altstaedt (Haendel. Cadar, Vivaldi) ou encore de la violoniste Midori Seiler, spécialiste du répertoire (Telemann. Fasch, Haendel).

Comme on voit, cette fois encore, Fischer et ses musiciens nous offriront un programme riche et varié, par rapport aux saisons précédentes encore davantage tourné vers les jeunes générations avec l’apport de musiques nouvelles sortant des sentiers battus du répertoire traditionnel.

Avant de terminer, un mot sur les tournées. Après une série de concerts ayant suscité l’enthousiasme du public, que ce soit à Londres ou à Lyon ou encore, plus récemment en Allemagne et en Autriche, nos musiciens reprendront leurs valises en mai pour une tournée en Italie et en Allemagne. Concerts suivis au cours de l’été par la participation de l’orchestre au Festival Beethoven de Bonn, puis au Festival de Lucerne en Suisse. Enfin, retour en octobre au Festival d’art lyrique de Vicenza dont Fischer est le directeur artistique. Et, si rien ne vient compromettre le projet (touchons du bois !), une tournée est en principe prévue en Chine pour le mois de novembre…

Un programme chargé, donc, qui promet une fois encore de beaux moments.

Pierre Waline

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