En création hongroise : la Messa per Rossini, hommage de Verdi à la mémoire de son compatriote défunt  (1)

En création hongroise : la Messa per Rossini, hommage de Verdi à la mémoire de son compatriote défunt  (1)

Rossini

Une anecdote méconnue qui vaut la peine d’être relatée : peu après la mort de Rossini, Verdi invita les douze compositeurs italiens les plus en vue de l’époque à participer à l'écriture d'une messe à la mémoire du musicien disparu. Elle devait être donnée pour le premier anniversaire du décès de Rossini le 13 novembre 1869 au Liceo musicale de Bologne. La composition en fut achevée au cours de l'été 1869, mais l'audition dut être annulée en raison d’obstacles d’ordre politique. Le manuscrit est ensuite tombé dans l'oubli et ce n’est qu’un siècle plus tard que le musicologue américain David Risen le redécouvrit, suivi d’une création donnée en 1988 à Stuttgart sous la direction d’Helmut Rilling, reprise quinze années plus tard à Londres. Telle est l’œuvre qui était inscrite à Budapest au programme en cette soirée de la Toussaint.

Sous la forme d’une messe en treize parties dues à treize compositeurs (2), l’œuvre fut donnée au Palais des Arts (Müpa) par l’Orchestre et les Chœurs de la Radio hongroise placés sous la direction d’Henryk Nánási avec en solistes Réka Kristóf, soprano, Dorottya Láng, mezzo-soprano, Giorgio Berrugi, ténor, Liang Li, basse,

Rossini

Première réaction à chaud : tout d’abord une relative cohésion du tout donnant presque l’impression d’avoir affaire à une œuvre composée d’un seul tenant. Certes, il s’agit bien d’un assemblage, sorte de pasticcio, dont les composants s’écartent du cadre traditionnel de la messe, mais qui n’en constitue pas moins un ensemble en apparence relativement uni. A noter parmi les passages les plus marquants, l’introduction (Requiem-Kyrie), ou encore „Quid sum miser” (duo soprano-alto), Lacrymosa (chœur a capella), et Libera me (chœur-soprano).  

Autre réaction : le recueillement qui se lisait chez les interprètes, tant du côté du chœur et de l’orchestre que chez les solistes. Solistes au demeurant excellents avec une mention spéciale pour la soprane Réka Kristóf (intervenue ce soir en remplacement…) qui nous a servi sur la fin une prestation exemplaire dans le passage extrait du Requiem de Verdi (le „Libera me” légèrement remanié pour la circonstance). Sur l’interprétation de l’ensemble, rien à redire : toutes et tous, tant chez les choristes que dans les rangs de l’orchestre, très impliqués, sous la baguette d’un chef totalement engagé.

En cette soirée de la Toussaint, voilà qui méritait d’être évoqué. Au milieu de la multitude de concerts (Requiems et autres) traditionnellement donnés en cette période de l’année, ce fut là une soirée qui restera probablement dans les annales et, une fois de plus, confirme la qualité des programmations musicales proposées sur la place de Budapest. Une rareté qui valait la peine d’être découverte, dans une interprétation qui fera date.

Pierre Waline

(1): en retransmission depuis le Palais des Arts (Müpa).

(2): Buzzola, Bazzini, Pedrotti, Cagnoni, Ricci, Nini, Boucheron, Coccia, Gaspari, Platania, Rossi, Mabellini, Verdi.

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