Des étoiles au son éclatant

Des étoiles au son éclatant

Jonathan Tetelman

C’est déjà la troisième visite de Jonathan Tetelman, ténor chilien-américain, très jeune (35 ans) et très talentueux, mais c’est la première fois qu’une soirée entière lui était consacrée. Il arrive à l’invitation de Margitsziget, et malgré les difficultés du transport en public sur l’ile, une foule importante l’attend au pied du château d’eau. La magie de Puccini et Tetelman.

L'Orchestre de l'Opéra est dirigé par Gergely Madaras, directeur musicale de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, qui dirige de manière si belle et si harmonieuse que la vue seule est impressionnante, tout comme la musique qu'il tire des musiciens. Lors du spectacle le Preludio Sinfonico joué à merveille, vous donnant la chair de poule avec l'Intermezzo de Madama Butterfly, dont l'ouverture ressemble vraiment à un battement d'ailes des papillons. Et ce qui est encore plus impressionnant, c'est le soin avec lequel il crée l’harmonie entre le chanteur de la soirée, et le tout l'orchestre.

Jonathan Tetelman, qui n'est peut-être pas la star du futur, mais déjà celle du présent, monte sur scène avec l'élégance d'une panthère noire. À la fin de "Recondita armonia", il a déjà touché le public. Il nous salue d'un aimable et souriant "Jó estét Budapest" et le public est conquis. Après chaque aria, il n'oublie jamais de remercier le chef d'orchestre et l'orchestre pour leur contribution : c'est vraiment un travail d'équipe. Il chante l'air de Ramerrez, "Ch'ella mi creda libero e lontano", et malgré son élégance visible personne ne puisse douter qu'il est le mauvais garçon du Far West, avec une bonne âme. Et avec une voix brillante et forte, des fortissimos percutants, des pianos moins typés. Mon préféré est « Torna ai felici di » de l'opéra peu connu de Puccini « Le villi », dans lequel Jonathan Tetelman montre ce que l'on peut tirer de cet air, combien il est riche en couleurs et en émotions.

Après un court entracte d'à peine 20 minutes, la panthère noire est remplacée par une blanche - mais sa voix est toujours la même : chatoyante, riche en nuances - stupéfiante ! Je pensais que les deux arias de Manon Lescaut étaient les points forts de la soirée - mais je me trompais. Car c'est ensuite qu'est arrivé "Nessun dorma". Avant cela, Tetelman a souhaité la bienvenue à l'invitée d'honneur de la soirée, Eva Marton, et lui a dédié le Nessun dorma, en le chantant pour elle, comme il l'a dit : sa princesse ! Non seulement le geste, mais aussi la prestation elle-même méritait des applaudissements forts et enthousiastes.

Deux encores : de Tosca, "E lucevan le stelle", et enfin O sole mio. Et tous les applaudissements, l'enthousiasme et les acclamations ont été vains - la soirée était terminée, même si nous l'avons regretté. Seule consolation : une séance de dédicaces est officiellement annoncée dans le hall d'entrée.

Jonathan TetelmanJonathan Tetelman arrive avec sa famille : nous l'applaudissons, il nous prend en photos, puis signe des autographes, nominatifs ou simples, en remerciant tout le monde d'être venu. De la part d’un membre de notre club, je fais signe un livret-programme au nom de Victoria. J’ai de la chance, Jonathan Tetelman, tout en écrivant, fredonne sous son nez les premières mesures de cette air de Tosca.

Pendant l'entracte, profitant du fait que l'artiste était assis dans une loge devant nous, j'ai demandé à Eva Marton si elle pensait que la voix et le style d'interprétation de Jonathan Tetelman s'étaient améliorés depuis l'année dernière. "Je ne pense pas qu'il ait besoin de s'améliorer. C'est un artiste de qualité, avec une voix énorme, forte et riche. Il peut chanter d'une telle manière qu’aux airs de Manon Lescaut j’avais déjà des larmes aux yeux".

La bonne nouvelle, c'est que la soirée a été filmée par de nombreuses caméras : un jour nous aurons l’occasion de revoir la soirée à la télévision.

(Vasmacs est une page FB ouverte à tout public – https://www.facebook.com/vasmacs100 - , consacrée aux arts, en générale, mais tout spécialement à la musique classique, aux opéras qui fonctionne aussi comme un club: des rencontres amicaux sont organisés plusieurs fois par ans pour discuter des événements, de nos expériences et des artistes.)

Gillemot Katalin

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