Une coutume hongroise bien curieuse : le „Grand Galop national” („Nemzeti vágta”) qui se tient chaque année à Budapest
Les Hongrois ont eu en leur temps la réputation d´être de redoutables cavaliers. Souvenons-nous : „De sagittis Hungarorum, libera nos, Domine !”. Cinq siècles après leur lointain cousin Attila, leurs cavaliers semèrent la terreur en Europe, jusque dans le Sud de l´Italie et au fin fond de l´Aquitaine. Une de leurs tactiques favorites : simuler la fuite pour, chevauchant leur monture à l´envers, cribler leurs poursuivants de flèches. Rien ne les arrêtait et il fallut attendre l´intervention de l´empereur Otton pour mettre fin à leurs chevauchées, leur imposant une cuisante défaite près d´Augsbourg (955).
Autres brillants cavaliers, si l´on fait un saut de plusieurs siècles : les hussards (1) dont la réputation n´est plus à faire. Au demeurant corps d´élite bien connu de nos régiments.
Rien de trop surprenant, donc, à ce que nos amis Hongrois tentent aujourd´hui de faire revivre cette tradition. En organisant depuis 13 ans une „Chevauchée nationale”. Instituée à l´origine pour commémorer l´accession au trône du roi Mátyás (1458).
Chaque année en cette période, les communes de Hongrie, mais aussi des provinces magyarophones des pays voisins, sont invitées à envoyer leurs meilleurs cavaliers appelés à se mesurer à Budapest. Cavalcades qui se tiennent sur la place des Héros, aménagée pour la circonstance, autour du monument du Millénaire. Compétition dotée d´un prix (agrémenté d´une subvention symbolique versée à la commune représentée par le gagnant). Le but de l´opération, outre le maintien d´une ancienne tradition : resserrer les liens entre les communes, de Hongrie et des pays voisins.
Cette année, 60 concurrents se sont affrontés trois jours durant (1-3 octobre), dans différentes épreuves (rapidité, agilité). Mais, au-delà de l´épreuve, ce qui attire les foules est le défilé organisé en costumes d´époque, tenues de hussards et autres, bannières au vent.
Une spécificité magyare, aucune manifestation de ce type ne se tenant, à ma connaissance, en Europe. Mais que l´on retrouve, sous des variantes diverses, en Asie centrale et en Mongolie. Le rapprochement n´est pas totalement innocent quand on sait que le Pouvoir en place multiplie les appels du pied vers les peuples de ces pays considérés (à tort) comme proches parents. Mais laissons là les politiques et leurs arrière-pensées (nostalgie de la gloire passée) et voyons plutôt en cette manifestation une attraction originale et un spectacle haut en couleurs à même d´attirer les foules et les touristes.
Voilà qui ne fait de mal à personne et profite au tourisme. En attendant, donc, la prochaine édition…
Pierre Waline
(1): hussard, du hongrois „húsz” qui signifie „vingt”. Allusion au passage des recruteurs, jadis, dans les villages, où était tirée au sort l´incorporation d’un jeune sur vingt.
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