Budapest pour un temps capitale de l´art contemporain
Art Market, marché d´art contemporain
Les Budapestois l´appellent „la Baleine”. Avec une touche d´affection pour certains, d´ironie pour d´autres. Ouvert en 2013, ce long bâtiment édifié sur les berges du Danube offre, sur une surface de 30000m2, commerces, restauration, salles de réunion et espaces d´exposition. Son atout : son emplacement aisément accessible à mi-chemin entre le centre-ville et le parc accueillant le Théâtre national et le Palais des Arts.
Tel est le lieu où se déroule le Marché d´Art contemporain Art Market. Manifestation qui, pour sa treizième édition, aura rassemblé du 19 au 22 octobre une centaine d´exposants, présentant les œuvres de 300 artistes. Exposants venus d´une trentaine de pays répartis sur les quatre continents (dont la France), présentés sur un espace de 7000m2.
Autre événement marquant organisé en étroite association avec l´exposition, la „Fête Liszt” („Liszt Ünnep”), Festival culturel international (11-22 octobre) qui se tient depuis trois ans sous l´égide du Palais des Arts (Müpa) et de son directeur, Csaba Káel. Événement destiné à honorer et faire revivre la mémoire du compositeur hongrois et en révéler des aspects inédits, notamment la modernité et la variété de sa création. Dix journées au cours desquelles, outre ses productions classiques (grands ensembles, musique instrumentale, musique de chambre) se tiennent des concerts de jazz, des ballets, soirées littéraires ou encore programmes à l´attention des familles. Parmi les œuvres inédites, un opéra - et oui ! -. Liszt en produisit deux : Sardanapale (inachevé, d´après Byron) et Don Sanche ou Le Château de l´amour. Pour illustrer l´héritage de sa modernité, sont entre autres interprétées les œuvres de deux Hongrois contemporains, Ligeti et Kurtág. Liszt présenté par Csaba Káel comme étant, par sa modernité et son caractère universel, directement rattaché à notre époque au-delà de l´espace temporel. Par ailleurs, un compositeur proche des milieux artistiques, se signalant notamment par son amitié avec le peintre hongrois Munkácsy.
Autre partenariat : l´Agence de la Mode et du Design dont les dirigeantes ont a cœur de souligner l´interaction entre beaux-arts et design. Agence dont l´exposition „360 Design Budapest” qui se tient en parallèle avec Art Market, présente les meilleures réalisations du design hongrois, mais aussi de l´étranger, avec remise de prix et intervention de conférenciers. Mis en exergue cette année : le lien étroit entre design et patrimoine immobilier.
Pour en revenir à Art Market, une nouveauté : l´accent placé cette année sur les œuvres d´artistes tziganes, sous la forme d´un festival, Shukar („beau” en langue rom). Rassemblant des œuvres (beaux-arts et photographie) réparties sur diverses galeries de Budapest et de l´étranger, pour la plupart méconnues du grand public. Festival agrémenté, dans le cadre de la série internationale de conférences Inside Art, d´un débat sur le thème „Peut-on parler de discrimination positive ?”, suivi d´un concert par le violoniste Roby Lakatos et son ensemble.
A signaler, à côté des œuvres d´art pictural et plastique, la tenue traditionnelle d´une section consacrée à la photographie. Art par excellence de tradition hongroise, comme en témoignent entre autres les œuvres d´un Brassaï, Robert Capa, Kertész ou encore Moholy-Nagy.
Il serait vain d´énumérer ici les manifestations tenues en marge de l´exposition. Concerts, conférences, débats en non stop (dont, pour ne citer qu´un des thèmes abordés, un débat sur le rôle du numérique).
Une fois de plus, une manifestation promise à un beau succès comme en témoigne l´affluence des dernières années. Hommage doit être ici rendu à son fondateur et directeur Attila Ledényi et son équipe. Sans nul doute l´un des temps forts dans ce domaine en Europe et dans le monde, en tous les cas sans égal dans la région. Événement qui contribue largement à promouvoir la Hongrie et sa capitale Budapest auprès du public étranger, indissociable du patrimoine culturel hongrois.
Souhaitons-lui longue vie pour les années à venir.
Pierre Waline