44ème Festival du film hongrois
Une année charnière pour le cinéma hongrois
L'édition 2024 s'est distinguée par une tendance inédite : pour la première fois, plus de films hongrois ont été produits sans financement public que grâce aux fonds culturels de l'État. Cette dynamique témoigne non seulement de la vitalité du secteur indépendant, mais aussi de sa volonté de séduire un large public.
Un hommage au cinéma hongrois
Dans un documentaire français réalisé à l’occasion du centenaire du cinéma en 1995, plusieurs personnalités influentes ont été interrogées sur l'essence du septième art. François Mitterrand y évoquait une scène du film Körhinta (1956) de Zoltán Fábri : une jeune fille rit sur un carrousel aux côtés d'un garçon : leurs mains s’effleurent, se séparent, puis se retrouvent... Un instant fugace et pourtant porteur d'une émotion universelle. Pourra-t-on trouver des images autant marquantes à notre époque ?
C’est dans cet esprit que nous vous invitons à (re)découvrir les dernières créations issues de ce berceau cinématographique riche et foisonnant, à l’occasion du 44ᵉ Filmszemle – Semaine du film hongrois, qui fait son grand retour après treize ans d'absence, au cinéma Corvin à Budapest.
Palmarès du 44ᵉ Festival du film hongrois
À noter que certaines projections seront proposées avec des sous-titres en anglais.
- Meilleur film, Prix principal de la critique cinématographique :
Une explication pour tout (Magyarázat mindenre) – Gábor Reisz (déjà primé à Venise en 2023) propose une réflexion sur la division intellectuelle profonde du pays : d’un côté, ceux qui croient au gouvernement ; de l’autre, ceux qui, comme des lycéens partout ailleurs, aspirent simplement à expérimenter un amour insouciant.
- Prix du meilleur premier film :
Chasse au hérisson (Sünvadászat) – Mihály Schwechtje suit une baby-sitter partagée entre deux parents au bord du divorce. Elle tente d'assumer à la fois les tâches pratiques et les charges émotionnelles, à ses propres frais.
- Prix spécial du long métrage :
J’ai accidentellement écrit un livre (Véletlenül írtam egy könyvet) – Nóra Lakos signe une grande surprise plébiscitée par le public : une adolescente fait revivre sa mère décédée à travers une série d’interviews menées auprès de sa famille et de ses amis.
- Meilleur premier film, Prix Simó Sándor :
Point noir (Fekete pont) – Bálint Szimler (déjà primé à Locarno en 2024). Ces dernières années, l'école est redevenue un sujet central du cinéma contemporain. Ce film explore le désespoir des élèves et des enseignants, ainsi que les exigences parfois démesurées des parents, comme si les décennies n’avaient apporté aucun renouveau à ces générations.
- Meilleur long métrage d'animation :
Les quatre âmes du coyote – Áron Gauder signe un conte indien magique, réalisé par les créateurs du célèbre Nyócker (8e arrondissement).
- Meilleur réalisateur d’animation :
László Csáki (Blue Pelican), mon coup de cœur personnel. Ce film revisite avec brio les années folles des billets Eurorail bricolés, lorsque les jeunes Hongrois découvraient l’Europe en mode rail and beyond.
- Meilleur court métrage d'animation :
27 – Buda Flóra Anna (déjà primée à Cannes en 2023) livre un univers magique et érotique autour de l’âge mythique de 27 ans.
- Le film le plus regardé depuis le changement de régime :
Je suis partie courir (Futni mentem) – Gábor Herendi, un remake d’un film tchèque, offrant de purs moments de convivialité ! Un vrai régal pour toutes les générations. On espère que la suite est en préparation.
Un hommage à une légende : Béla Tarr
Enfin, l’icône du cinéma hongrois Béla Tarr, réalisateur de Sátántangó, a reçu un Lifetime Achievement Award, récompensant une carrière exceptionnelle qui a marqué à jamais le paysage cinématographique hongrois et international.
Ce 44ᵉ Festival du film hongrois a été le reflet d’un cinéma vibrant, audacieux et résolument tourné vers l’avenir. Avec une production indépendante en pleine expansion et des talents de plus en plus reconnus, la Hongrie s’affirme comme une grande nation du septième art.
Borbála Csete