Vivre enfin

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Rencontre avec Judith Ráthonyi

C’est à la librairie française Prélude que nous avons rencontré Judith Ráthonyi pour la présentation de son livre Vivre enfin . Une hongroise devenue écrivaine française. Ses années passées au Liban ont marqué ses Mémoires.

Cela m’a fait penser à mes rencontres d’avant, à Salah Stétié poète et ambassadeur auprès de l’UNESCO et qui m’a parlé des convergences culturelles au Liban d’antan. Et puis tout récemment avec Roula Azar Douglas, journaliste et universitaire qui a publié son roman Le jour où le soleil ne s’est pas levé.

Après les paroles de Joëlle Marquié, la patronne de la librairie, Matthieu Berton le nouveau directeur de l’Institut Français est passé pour voir quelques séquences de la présentation du livre. C’est la rentrée également pour l’UPF-Hongrie avec sa présidente Ágnes Magyar.

Vivre enfin

Journal Francophone de Budapest : Judith Ráthonyi, sur l’image de la couverture le cèdre du Liban s’entrelace avec le panorama de Budapest. C’est un grand voyage dans l’espace et le temps. Tu as parlé de tes souvenirs qui sont comme les champs fraichement labourés et que depuis toujours tu voulais devenir écrivaine. A quel moment as-tu réalisé que cela devrait être ton destin et comment ton entourage a répondu à tes attentes ?

Judith Ráthonyi : Dès mon plus jeune âge je sentais que mes pas rythmés forment des vers puis des strophes. Je pourrais même dire que mon refuge fut le monde de la littérature contre la vicissitude des quotidiens et nourrissait mon imagination. Ce qui amusait mon entourage d’ailleurs et il m’appelait Háry Judith pour rire ( parce que tel que le héros hongrois János Háry, comme le baron Münchhausen je racontais des histoires).

JFB : Toute jeune tu as lu beaucoup et tu n’as pas cessé d’écrire des nouvelles, des essays - et tu savais très bien raconter. Quelles étaient tes sources, tes premières lectures et tes premières nouvelles ?

J. R. : Naturellement mes premières lectures furent les grandes classiques pour les enfants, János Vitéz (Jean le Preux de Sándor Petőfi), des contes des frères Grimmes et les contes hongrois, mais dès mon âge en primaire je lisais des Jules Verne puis Heltai Jenő et je continuais avec Rostand, Dumas et Balzac. Jókai Mór, Mikszáth et Gárdonyi n’avaient plus de secrets pour moi car je les ai comparés aux romans de Victor Hugo.

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JFB : Le chemin était long et parfois drôlement difficile. Mais tu as formé avec ta petite soeur un couple et cela a aidé à affronter toutes les difficultés. Tu a vécu tous les bouleversements historiques de la Hongrie, comme la révolution de 56 devant la Radio et tu cites les paroles d’un de tes proches, recteur de l’Ecole Polytechnique, le professeur Gillemot à ce moment là. Tu ne voulais pas quitter le pays, comme ta mère et beaucoup d’autres ont prévu – justement pour devenir écrivaine hongroise. Comment, étant lycéenne as-tu eu la chance à étudier la littérature comparée ?

J. R. : Cela je peux en remercier mon professeur de la littérature qui m’avait donné la clé d’une lecture pointue et approfondi par laquelle je pouvais entrer dans le monde de la création littéraire. Je ne pouvais pas imaginer d’écrire sur une autre langue que la mienne.

JFB : Ta mère espérait de partir vers ce pays où les oranges poussent ! Vivre enfinC’est du Liban par un oncle arménien que ton futur fiancé, un ingénieur français est arrivé. Après maintes difficultés, c’est presqu’un conte de fée. Tu as vécu dans un pays merveilleux à l’époque. Tu as visité les lieux mythiques du Liban et tu y as vécu au quotidien et tu y as bien appris le français.

J. R. : Le Liban fut pour moi aussi le pays de rêve où tout était possible. Ma mère m’en donna le premier aperçu puis l’envie. Je fonctionnais par ailleurs toujours en défiant les coups durs, et puis qu’en Hongrie l’université des Lettres m’était résolument fermée je commençais mes études á l’Ecole des Lettres Lyon 4 á Beyrouth puis á la Sorbonne jusqu’á ma licence.

JFB : Pour les lecteurs du JFB pourrais-tu nous parler des autres pays francophones où vous avez vécu ou bien où vous êtes passés ? Tu as même enseigné le français aux petits ?

J. R. : Le travail de mon époux, hydrogéologue nous avait amené en Lybie qui était anglophone mais là il y avait une petite école française où je fis une saison scolaire comme institutrice pour initier les petits de deux á quatre ans á la langue française. Ensuite nous vécûmes en Afrique au Mali qui avait une grande communauté française. Á ce moment nous étions encore très bien vus par les africaines et mes enfants firent leur premières études á l’Ecole de Liberté de Bamako . De ces années, mes enfants et nous même gardions des amis fidèles aussi bien français qu’africaines.

JFB : Tu as pris ta revanche par rapport à ton père qui a dit qu’il ne veut pas entendre parler d’autres écrivains dans la famille. Tu as terminé ton livre avec un bel épilogue – où tu parles du bonheur que tu as vécu avec Alain, ton mari.

J. R. : Oui j’en parle avec beaucoup d’émotion, car notre union dès le début fut fondée sur une compréhension et d’un estime mutuels ce qui est essentielle pout des êtres d’une culture différente. Notre entente dans tous les domaines fut sans nuage et bien qu’il n’est plus á mes côtés je peux dire qu’il m’avait mis le mode entier á mes pied et je l’aurais suivi jusqu’au bout de ce monde. et même au-delà.

Propos recueillis par Eva Vamos

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