Entrons dans l’univers peu commun d’une écrivaine française d’origine hongroise

Entrons dans l’univers peu commun d’une écrivaine française d’origine hongroise

Kardos

Il était relativement tard en cette soirée du 1er mars 2021. Sans avoir nécessairement de lien avec le catholicisme, distraitement, nous écoutions une radio française d’audience relativement limitée, confidentielle pour certains, RCF. Notre attention fut attirée par une voix particulière… un soupçon d’accent d’Europe Centrale. Dans cette émission, « Visages », présentée par Thierry Lyonnet, il était question de spiritualité, de peuples anciens – les Sumériens –, de taoïstes… Enfin de « choses étranges » !

La curiosité aidant, nous avons augmenté le volume. La personne interviewée ? Marguerite Kardos, née à Budapest. Alors là, nous sommes-nous dit, une Hongroise, ce devrait être intéressant. Elle nous embarqua, nous les auditeurs, pour une étrange traversée : « J'ai soif de l'Esprit Saint, et je peux le retrouver autant chez les sumériens que chez les taoïstes, déclara-t-elle. »

Ouf ! Nous partions ainsi vers des rivages inexplorés pour beaucoup. Mais qui est-elle donc ? N’en jetez plus ! Marguerite Kardos, c’est une femme-orchestre : linguiste-orientaliste, spécialiste du Proche-Orient, de Sumer et des médecines sacrées, ancien professeur d’université. Elle est également thérapeute, formatrice en énergétique chinoise traditionnelle, en naturopathie et en Qi Gong.

Amie proche de Gitta Mallász, elle est aussi présidente de l'association ADDA, l'Association pour la Diffusion des Dialogues avec l'Ange !!! Cet organisme a pour but de « faire rayonner le message spirituel adressé en 1943 à quatre jeunes hongrois… »

Nous avons renforcé notre attention quand elle raconta : « mon grand-père m'a apporté le respect de la langue hongroise, il m'a appris un hongrois extrêmement poétique et très nuancé ». Ce grand-père qui ôtait son chapeau et se prosternait devant une vache en train de brouter pour rendre grâce aux merveilles de la nature ! C’est avec ses grands-parents qu’elle grandit jusqu’à l’âge de sept ans.

A l’adolescence, elle fut témoin de la violence des événements de 1956. Son père avait écrit sur le mur de son laboratoire : « Ne crains rien, aie la foi ! » faisant ainsi écho à ce que son propre père avait « connu » de Gandhi à travers Romain Rolland.

Face à tant de brutalité, Marguerite Kardos pensa à mourir, mais son grand-père lui posa une question : « La Hongrie a besoin de morts ou de vivants pour la servir ? » Elle découvrit alors, dit-elle, la puissance des mouvements non-violents et se plongea dans les grands penseurs indiens et s’intéressa de près au linguiste hongrois Alexandre Csoma de Kőrös. Marguerite Kardos se passionna pour la langue.

En 1965, bien jeune encore, elle s’installa à Paris, tant pour fuir l’État totalitaire hongrois que pour étudier les langues orientales anciennes. Elle étudia la culture sumérienne dont elle découvrira la spiritualité et la médecine.

Margit Kardos revint en Hongrie au Cinéfest en 2016 ; la comédienne française Juliette Binoche en était la vedette. Ces deux femmes, de générations différentes, éprouvèrent l’une pour l’autre une ineffable amitié.

Posons les questions ! Son amitié pour Gita Mallász ne serait-elle pas la résonnance d’un psaume venu de la lisière de la Shoah ? Et son estime pour la comédienne française ne pourrait-elle pas être la trame apparente d’un livre céleste, annonciateur de l’arrivée des messagers divins ? Ainsi sont les liens invisibles et durables pour cette comédienne dont la mère, Monique Stahlens, une slave de Pologne, fut si proche d’Elsa Triolet (Ella Kagan) la compagne du grand Aragon.

Retenons que Marguerite Kardos professe elle-même son propre enseignement. Pour préserver la santé : « Je dois pardonner. Si je ne peux pas pardonner je ne suis pas en bonne santé. L'origine de toutes les maladies c'est le non-pardon. Il faut savoir remercier. Il faut accueillir la joie. » Elle dit avoir découvert cette nouvelle manière d'appréhender le corps, dans les textes sumériens et précise qu’elle cherche ce qui parle à chaque être humain, même ceux qui se disent athée, dans leur cœur il y a la lumière, ils ont soif de lumière. Elle n’est pas sectaire et poursuit ses investigations parmi les traditions soufie, chinoise en y trouvant une convergence dans leur conception unitaire de l’univers.

De son propre aveu, Juliette Binoche reconnait avoir puisé dans cet enseignement la force de faire face aux difficultés rencontrées lors du tournage des Amants du Pont Neuf de Leos Carax.

Marguerite Kardos, serait-elle le héraut annonçant la venue d’un Messie ?

« Qu’advienne l’Homme Nouveau, dit-elle, dont je pressens la venue. »

Claude Donadello

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