Deux de droite, deux de gauche

Les quotidiens politiques hongrois

Tout comme la politique et la société, la presse hongroise est également partagée, le marché hongrois des journaux étant très souvent politisé. Ainsi le Népszabadság et le Népszava sont-ils considérés comme des quotidiens de gauche alors que le Magyar Nemzet et le Magyar Hírlap sont plutôt de droite.

A travers l’Europe, il est courant que les quotidiens déterminent leurs valeurs, leurs principes voire leur position politique. Selon plusieurs experts, le problème qui se pose en Hongrie c’est que les journaux (surtout les quotidiens) ne sont pas attachés à des valeurs différentes, mais font en fait davantage attention aux intérêts des partis politiques.

En Hongrie, il existe actuellement quatre quotidiens politiques dont deux peuvent être rattachés à la gauche, et deux autres à la droite. Le Népszabadság (Liberté du peuple), qui est actuellement le plus gros tirage des quotidiens hongrois (approximativement 150 000 exemplaires), s’est débarrassé de la tutelle du MSZMP, le parti communiste, et s’est réformé sincèrement et profondément après le changement de régime. Il se déclare maintenant «de tendance centre-gauche». L’autre quotidien, le Népszava (Voix du peuple), fondé en 1873, se définit quant à lui comme un journal social-démocrate et son rédacteur en chef honorifique est Ferenc Fejtô, le célèbre intellectuel de gauche.

Fondé en 1938 pour combattre l’influence allemande, Magyar Nemzet (Nation hongroise) a maintenu une certaine indépendance sous le communisme. Aujourd’hui, il affiche une tendance de droite en se déclarant «quotidien civil» (Polgári napilap), expression qui fait allusion au mot-clé du gouvernement Orbán et au slogan adopté autrefois par le Fidesz. Le rapport entre le Magyar Nemzet et ce parti est par exemple caractérisé par le fait qu’un publicitaire emblématique du quotidien (qui est d’ailleurs maintenant journaliste au Magyar Hírlap) est le membre fondateur du Fidesz.

L’ancien journal du gouvernement communiste, Magyar Hírlap (Gazette Hongroise) fondé en 1968, est quant à lui devenu le plus important organe libéral de Hongrie après 1990. Il a été plébiscité pour la qualité de ses reportages, le ton incisif de ses éditoriaux et sa ligne non-partisane sur le terrain de la presse hongroise politisée. En novembre 2004 l'éditeur du journal, le groupe Ringier, avait annoncé la fin du journal, plombé par un déficit important car, malgré tous leurs efforts, les ventes n’augmentaient pas. Pourtant, le Magyar Hírlap n’a cessé de paraître. Il a en outre été racheté par l’homme d’affaires millionnaire Gábor Széles, également propriétaire de la chaîne d’informations Echo TV, et qui veut transformer cet organe libéral en un journal plus clairement de droite.

Qui possède le marché de la presse hongroise ?

Ce sont trois grands groupes, bien connus sur le marché de la presse en Europe, qui possèdent la majorité du marché de la presse hongroise : l’Allemand Axel Springer, le Suisse Ringier et le Finlandais Sanoma.

Le groupe Axel Springer, fondé en 1946 en Allemagne, est surtout l’éditeur des quotidiens régionaux (Dunántúli Napló, Somogyi Hírlap, Nógrás Megyei Hírlap, Petôfi Népe) et des magazines féminins (Kiskegyed, Glamour, Gyöngy). Parmi les 109 éditions d’Axel Springer, on peut trouver encore le quotidien économique Világgazdaság (Économie du Monde) et de nombreux magazines de télé (Tvr-hét, Tv Kéthetes).

L’éditeur suisse, le groupe Ringier, possède le Népszabadság, le tabloïd Blikk, le journal sportif Nemzeti Sport (Sport national) ainsi que treize autres magazines comme par exemple Bravo (pour les jeunes), Tina (pour les femmes) et le tout récent Sport&Style.

Le groupe Sanoma ne fait pas paraître de quotidien ; l’éditeur finlandais publie surtout de magazines hebdomadaires (Nôk Lapja, (Magazine des Femmes), Best, VIP, Story) et mensuels (Cosmopolitan). Parallèlement, le Sanoma possède également l’hebdomadaire politique et social Figyelô, le célèbre magazine de mots croisés Füles et le non moins célèbre magazine scientifique National Geographic. Le Sanoma est aussi présent sur le marché de la télévision en tant que propriétaire majoritaire de Story TV.

Szabolcs Dull