2015, Sziget faste

2015, Sziget faste

Jusqu'où ira le bien nommé "meilleur festival" du Vieux Continent ? Bénéficiaire avant même que les comptes ne soient officiellement établis, le 23ème acte du Sziget a été (l'histoire se répète chaque année) une incroyable réussite.

 

Un immense « Merci » en majuscules accompagné d’une pluie de confettis. Voilà comment le Sziget cuvée 2015 salue ses « Szitizens » ayant peuplé l’île d’Óbuda tout au long de la semaine passée. Compréhensible : le festival devrait être rentable à lui tout seul cette année malgré le budget démentiel engagé (4,7 milliards de forints, soit 15,66 millions d’euros). Les bons résultats du Balaton Sound (Zamárdi) et du Volt (Sopron) enregistrés en juillet donnent d’autant plus la banane aux organisateurs.

Satisfaction supplémentaire : un nouveau record d’affluence est en passe de tomber puisque près de 430 000 spectateurs se sont pressés sur le site de l’ancienne usine de bateaux du nord-ouest de Buda. Károly Gerendai, grand manitou du Sziget, a même affirmé à l’agence de presse MTI que le décompte final serait possiblement proche des 440 000. Le « meilleur festival d’Europe » s’est déclaré trois fois à guichets fermés. Lundi grâce à Robbie Williams, vendredi avec Avicii et samedi via Kings Of Leon.

« Nous ne pouvons guère augmenter la capacité journalière au-delà de 90 000 personnes, s’excuse presque Gerendai auprès du pure-player 444.hu. Il n’y a plus aucun emplacement disponible pour installer un nouveau programme ou un camping supplémentaire. Néanmoins, les services et les activités sont toujours potentiellement améliorables. Il existe encore des solutions pour en faire plus ». Le rassemblement quasi-confidentiel des origines (1994) est définitivement un lointain souvenir.

Les températures caniculaires (35 degrés de moyenne) n’ont eu aucun impact négatif sur les chiffres. Au contraire : le mercure a boosté la consommation de boissons fraîches, quel qu’en soit le calibre. Rien qu’à l’Apéro Camping, bastion des « Szitizens » français, environ 16 000 bières, 2040 canettes de RedBull, 3400 demi-litres d’eau et 2400 bouteilles de thé glacé auraient été écoulés sur sept jours. L’orage annoncé n’a débarqué qu’en toute fin de manifestation, vers 23 heures ce dimanche soir.

Feu, eau, boue

Le dernier rush du Sziget 2015 n’a pas dérogé au cocktail classique : pléiade de stars, foule en délire. Les américains de Major Lazer (samedi, 19h30) ont écrasé leurs concurrents du jour. Particulièrement grâce à leur tube interplanétaire « Lean On », ayant emmagasiné 400 millions de vues sur YouTube. Punnany Massif (Hongrie, rap), Hollywood Undead (USA, métal) et Kings Of Leon ? Moins costauds. Aucun des trois concernés n’a galopé sur la fosse dans des boules transparentes à taille humaine.

L’autre major du laser, c’est le DJ hollandais Martin Garrix, talentueux taulier du show de clôture. Succédant à Limp Bizkit (la BO de Mission Impossible 2, vous l’avez ?), le David Guetta batave a mis les basses à rude épreuve, assisté d’une ribambelle d’éclairages explorant la quasi-totalité du nuancier. Un bouquet pyrotechnique tiré depuis la grande scène a parachevé cette prestation sans faute. Beaucoup estiment que Garrix a aisément supplanté son « collègue » suédois Avicii. Juste diagnostic.

Dès l’extinction des feux, les festivaliers ont fui un autre spectacle se jouant au-dessus de leurs têtes. Composant une transhumance comparable à celle des vaches descendant des alpages à la belle saison. Et pour cause : une puissante averse a transformé la terre d’Óbuda desséchée par le soleil en gadoue. Le lendemain, Budapest subissait l’équivalent d’un mois et demi de précipitations en quelques heures. Comme si les caprices de la météo s’étaient délibérément contrôlés jusqu’au départ des « Szitizens ».

 Les vitrines françaises (Babylon Circus, Fauve, Vitalic et C2C) et les révélations (dont l’agréable Joe Bel) ont, une fois n’est pas coutume, démontré que l’Hexagone avait du talent à revendre en Hongrie. Notons également l’apparition du groupe HK et les Saltimbanks, abonné à la Fête de l’Humanité. Le « meilleur festival d’Europe » célèbrera son quart de siècle en 2017. Pas peu fière, la Sziget team se penche d’abord sur l’édition 2016. Les dates ? Identiques à celles de 2015. On trépigne d’impatience.

Joël Le Pavous

Photos : szigetfestival.com (1), Csilla Katona (2,3)

 

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