Sur les terrasses de Budapest, « on se sent revivre »

Sur les terrasses de Budapest, « on se sent revivre »

Terrasses

Après des mois de fermeture en raison de la pandémie, les espaces extérieurs des bars et des restaurants rouvraient samedi 24 avril. Sur ces terrasses mais aussi dans les rues Budapestoises, l’ambiance extatique qui régnait ce soir-là n’est pas sans rappeler celle bien connue du festival Sziget.

Quelque chose se passe à Budapest. Cela se sent, s’entend et se voit. C’est dans l’air. On avait oublié ces rues qui pouvaient être tant peuplées, le brouhaha des gens qui parlent fort, rient et surtout, boivent un verre et mangent en terrasse, entassés par groupes autour de tables trop petites. Samedi soir, sans réservation, trouver une place assise relevait de la mission quasi-impossible. Tout établissement ouvert et disposant d’un espace extérieur était pris d’assaut.

Près de Madách Tér, dans le septième arrondissement, le nombre de personnes était encore plus impressionnant. On se disputait le moindre siège se libérant en terrasse. Débordés, les serveurs apostrophés de toute part servaient même les clients debout.

Une totale ambiance de fête régnait. Le bonheur de chacun d’être « libre » à nouveau. Au détour d’une terrasse, des amis exultent sourire aux lèvres : « C’est tellement bon, on se sent revivre ! ».

terrasses

Revivre ? Ce mot semble assez paradoxal quand l’on sait que la Hongrie est le pays le plus endeuillé au monde en proportion de population des suites de la pandémie de COVID, dépassant le triste record de 2697 décès par million d’habitants pour un peu plus de 9,7 millions de Magyars. Mais au-delà, le mot « revivre » paraît presque grotesque. En regardant un peu mieux autour de soi, on se rend compte que peu ou personne ne porte de masque (mis à part les serveurs) et qu’aucune barrière physique ni distanciation sociale n’ont survécu. Une situation surréaliste et utopique où, l’espace d’un instant, le virus et la pandémie n’existent plus.

terrassesPar ailleurs, le record de décès ne semble pas non plus freiner la stratégie d’assouplissement progressive et de réouverture promue par le gouvernement de Viktor Orbán. Après les centres commerciaux, boutiques et services début avril, puis les terrasses des bars et restaurants ce week-end, l’exécutif a annoncé que les piscines, salles de sport, hôtels, cinémas, boîtes de nuit etc. pourront rouvrir après quatre millions de vaccinés (sous-entendu, de premières doses inoculées). Ceci à une condition : seules les personnes disposant du sacro-saint certificat d’immunité, généralement transmis huit jours après la première injection, pourront prendre du bon temps. Certaines personnes ayant déjà reçu les deux doses attendent encore que le précieux sésame plastifié leur parvienne par voie postale.

Pour l’heure, en Hongrie, impossible de se faire vacciner sans posséder de TAJ kártya (carte de sécurité sociale hongroise). Des négociations entre le consulat français et le gouvernement hongrois seraient en cours. Si vous pensez qu’il sera possible de déroger aisément à la règle du certificat d’immunité obligatoire, détrompez-vous, les établissements veilleront au grain . Et pour cause : lundi 26 avril, le Premier Ministre Viktor Orbán annonçait des amendes pouvant aller de cent mille à un million de forints (soit de 275 à 2750 euros), mais surtout, une fermeture administrative d’un an si l’un des clients n’a pas sa carte.

Ces nouvelles mesures seront sans doute mises en œuvre dans le courant de la semaine puisqu’au dimanche 25 Avril on dénombrait 3,6 millions de premières doses administrées.

terrasses

Finalement, cette première « vraie » réouverture synonyme de retour progressif à la normale, pose également question sur la suite des évènements. Quid de ceux qui ne peuvent pas encore se faire vacciner ou qui se sont fait vacciner à l’étranger ? Comment vont se dérouler les prochains évènements prévus, comme le championnat d’Europe des nations de football, dont Budapest sera l’une des villes—hôtes ?

Autant d’iconnues qui, espérons-le trouveront une réponse dans les jours ou semaines à venir.

Mathilde Houssay

Catégorie