L’exotisme ultramarin remède contre la morosité ?
Pour rompre avec l’uniformité, en première intention nous pensions passer quelques quinze jours en Hongrie en juin dernier, mais la chaleur nous a rendus raisonnables et notre choix s’est porté sur des pays ultramarins : Italie, Grèce, Espagne ! Et pour rendre l’expédition encore plus exotique, nous avons choisi une septième croisière sur un de ces gros bateaux blancs, objets des virulentes critiques d’écologistes éclairés, sur lesquelles nous pourrions méditer.
Dans une belle cabine-balcon du Costa Fortuna, nous avons embarqué de la mi-juin au début juillet de la torride année 2023. Nous avons fait escale en des lieux idéalement enchanteurs comme Marseille en Provence, Savone en Ligurie, Civitavecchia non loin de Rome, Messine la Sicilienne, Heraklion la capitale crétoise, Rhodes la colosse île du Dodécanèse, puis les célèbres Cyclades Mykonos et Santorin, Argostoli en mer Ionienne, Palma de Majorque l’île des Baléares qu’on ne présente plus et Barcelone, la vitrine du Catalan Gaudi… Vous rêvez, n’est-ce pas ?
Bien sûr, ainsi présenté ce périple peut paraître captivant. Mais on sait que la réalité égratigne toujours le rêve ! Bateau trop gros, flot disparate de passagers dont le souci principal n’est pas la retenue, cuisine moyenne se donnant des airs de gastronomie, pompe à fric, animation surannée… Et les escales ? On y rencontre évidemment les passagers, mais aussi des autochtones aux yeux tristes, des migrants dont la lassitude imprime les visages. Ils déambulent çà et là sur le pourtour méditerranéen. Facile, direz-vous, de s’émouvoir quand on voyage confortablement d’un point à l’autre de la mer. C’est vrai ! Cependant, ce fut une agréable occasion de rencontrer Esther et Rebecca avec qui nous continuons de communiquer.
Le Fortuna a, sans aucun doute, navigué dans les eaux où quelques semaines auparavant des enfants se sont noyés. En voyant à chacune de nos escales italiennes, grecques, espagnoles, ces garçons et filles, ces hommes et femmes désorientés, amaigris, les mots de notre Coluche national – Michel Colucci – me sont venus à l’esprit : « Dans le monde de demain les riches auront de la nourriture et les pauvres auront de l’appétit ! »
Aurions-nous eu le même sentiment si nous avions choisi la destination de notre première intention : la Hongrie ?
Claude Donadello
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