Lettre ouverte pour une meilleure compréhension et ouverture entre peuples voisins (1)

Lettre ouverte pour une meilleure compréhension et ouverture entre peuples voisins (1)

Lettre

Chers amis,

Né à Paris en 1946, la guerre était terminée depuis à peine deux ans. Qui, alors, aurait cru que quelques années plus tard (1951, 1957), Allemands et Français, s´associant à nos voisins d´Italie et du Bénélux, allaient se réconcilier et fonder ensemble une communauté, berceau de notre Union européenne ?

Qui aurait cru que Français et Allemands allaient un jour instaurer une chaîne télévisée commune – sous le nom d´Arte – qui figure aujourd´hui parmi les plus regardées de part et d´autre du Rhin ?

Chaque fois que je me rends à Paris, j´ai plaisir, lors de mes promenades au Quartier latin, à revoir ces plaques rappelant le nom de Hongrois qui y séjournèrent, tels les poètes Endre Ady, Miklós Radnóti, Attila József et bien d´autres encore.

En tant que Français, je suis fier de compter au nombre de nos artistes les plus célèbres les noms de Georges (György) Cziffra, Viktor Vasarely, Robert Capa, Pierre (Péter) Székely et autres. Mais il n´y a là rien de nouveau. Déjà lors du siècle précédent, œuvrèrent à Paris des artistes universellement reconnus parmi lesquels il me suffira de mentionner Frédéric (Frederyk) Chopin, Franz (Ferenc) Liszt ou encore Adam Mickiewicz. Liszt, le plus hongrois des Hongrois, Chopin le plus polonais des Polonais qui, non seulement fréquentèrent la France, mais sillonnèrent l´Europe, Je pourrais encore en mentionner mille autres, de Rossini à Heinrich Heine.

Tous avaient saisi l´essentiel, à savoir que s´intégrer dans un autre pays, une autre ville ne signifie pas pour autant renier sa patrie. Voire, n´en contribue que davantage à promouvoir le charme de sa terre natale, de sa propre culture.

Ce que beaucoup n´ont pas compris ou ne veulent pas comprendre. Pourtant, l´un n´exclut pas l´autre. On peut tout en même temps aimer sa patrie et partager ce qui nous rapproche des autres peuples. Communauté de cultures, de traditions, de passé et de valeurs. Ce n´est d´ailleurs pas un hasard si l´aïeul de notre Union européenne s´appelait au départ „Communauté”. „Ce qui nous rapproche”, mais aussi savoir apprécier et respecter nos différences. Le Hongrois restera hongrois et le Français français, conservant ses particularités et son charme propre, ce qui ne l´empêchera pas pour autant de se déclarer européen (2). Il n´y trouvera qu´à gagner et à s´enrichir. Celles et ceux qui s´y refusent, que ce soit en France, en Hongrie ou ailleurs finiront à terme par étouffer entre quatre murs. Je ne suis pas seul à l´affirmer. Souvenez-vous, Hongrois, de votre roi Étienne (au demeurant époux d´une Bavaroise) et de l´enseignement qu´il prodigua en ce sens à son fils Imre.

Pierre Waline

(1): adaptation d´une déclaration jadis publiée en hongrois .

(2): j´entends par là l´Europe des peuples et des cultures et non des institutions (aujourd´hui trop renfermées sur elles-mêmes)

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