Au nom de la terre
Ce mardi 12 novembre, le deuxième film projeté par l’Institut français dans le cadre du mois de l’environnement nous amène sur les campagnes françaises. Le film Au nom de la terre, sorti en 2024, nous plonge dans les sacrifices, les luttes et les désillusions des agriculteurs locaux, c'est un fort témoignage des conditions de travail. Au centre du film, on trouve une histoire familière mais poignante : celle de la reprise des terres. Transmise de génération en génération, la ferme devient un fardeau émotionnel pour les enfants d’agriculteurs. La promesse d'un avenir prospère est rapidement effacée par les réalités économiques et politiques. Les dettes s'accumulent, les attentes sont impossibles à satisfaire, et la pression de « sauver la terre familiale » devient une source constante d'anxiété. La famille qui, autrefois, incarnait la solidarité, se déchire progressivement sous la pression et l'angoisse, transformant l'héritage en prison.
Au fil de l'intrigue, le film met en lumière la relation toxique qui se développe entre les agriculteurs et l'État. Ce dernier, avec ses subventions et ses promesses d'un avenir meilleur, encourage la modernisation des exploitations. Mais cette modernisation a un prix : les agriculteurs doivent investir dans des équipements coûteux et s’endetter lourdement. Ce qui devait être une aide se transforme en une manipulation ; ils sont poussés à une productivité toujours plus grande, les isolant et les épuisant, jusqu'à perdre leur connexion profonde avec la terre et leurs animaux. Les exploitations familiales meurent, emportant avec elles les agriculteurs qui, de plus en plus souvent, tombent dans des spirales de détresse psychologique. Ce film révèle avant tout d’une crise mondiale où, tant en France qu'en Hongrie les agriculteurs sont poussés vers des pratiques intensives et dépendants des aides, sacrifiant leurs traditions et leur bien-être au nom de la productivité.
Au nom de la terre touche par sa sincérité et son réalisme, au-delà d’un simple drame familial, il s’agit d’un appel urgent pour sauver les exploitations locales et les traditions rurales. Poignant et engagé, il met en lumière les défis écrasants des agriculteurs et expose une réalité trop souvent ignorée. Ce film nous pousse à reconsidérer la manière dont nous consommons, à soutenir les producteurs locaux et à redonner de la valeur à ceux qui travaillent jour et nuit pour nourrir le pays.
Manon Lacoste