Les évènements nous aliènent-ils ?
Nous vivons une bien pénible et exceptionnelle situation, nous terriens de 2023. Les terribles, monstrueux événements qui se sont récemment produits au Moyen-Orient nous hantent 24 heures sur 24, sollicités que nous sommes, en continu, par les médias de toutes obédiences. Et nous sommes sommés de faire – sans nuance – un choix idéologique ou religieux, entre les protagonistes de ces douloureux événements.
Je me suis aventuré à exprimer quelques idées sur des réseaux sociaux, comme on dit, qui ne sont que des groupes d’opinions rassemblant souvent des gens recroquevillés sur eux-mêmes, ne partageant que ce qui leur ressemble, refusant toute nuance. J’ai pris la tangente pour ne pas être contaminé et sauvegarder mon intégrité.
Alors, me suis-je dit, ai-je une opinion fondée ?... et vais-je l’exprimer publiquement ? Et pourquoi le ferais-je, moi ? Parce que, précisément, je crois que le moindre quidam doit dire ce qu’il pense pour ne pas laisser la place aux seuls médias patentés, qui nous abreuvent du matin au soir d’informations préchoisies.
Oui, oui, oui il faut condamner sans restriction, les exactions criminelles du Hamas, organisation terroriste islamiste !!! Ce que cette horde de non-humains a commis doit être dit, redit, dénoncé, abhorré et il faut aussi dire, redire que ceux parmi nous qui ne proscrivent que tièdement, du bout des lèvres, ces abominations, doivent être nommés, identifiés. Voilà, c’est dit !
Cependant, n’aurions-nous pas le droit, même le devoir de dire ce que nous inspire le gouvernement de Netanyahou et de ses affidés ? Ce bidule qui indispose un si grand nombre d’Israéliens, comme d’innombrables membres de la diaspora juive ? Nous pensons que oui. Nous nous remémorons ce qu’Anne Sinclair exprimait lors d’une conférence au Parlement européen. Elle disait sa honte, sa crainte face aux dérives antidémocratiques du gouvernement israélien. Elle disait aussi l'espoir qui nait de la mobilisation jamais vue du peuple israélien. Inquiète, elle disait être convaincue que nous devons combattre les alliances rétrogrades, autoritaires et populistes.
Nous avons fait un choix et ainsi sommes-nous attentifs aux analyses objectives et positions parfois insolites, entre autres de l’historien israélien Shlomo Sand, du jeune cinéaste israélien Nadav Lapid, du journaliste français Dominique Vidal, fils du linguiste Haïm Vidal Sephiha, du médecin sans frontière Rony Brauman. Nous donnons notre préférence aux positions du mouvement La Paix Maintenant, Chalom Akhshav (שלום עכשיו), rassemblant des Israéliens, des Palestiniens, des Juifs de la diaspora et des démocrates de tous les pays. Ce mouvement prône un compromis raisonnable entre les peuples israélien et palestinien, dans la sécurité pour chacun. Les principes de ce mouvement préconisent l’arrêt des implantations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, contraires à la législation sur laquelle repose la légitimité de l’État d’Israël et qui accentuent l’isolement diplomatique d’Israël, et rend de plus en plus difficile la création d’un État palestinien. Pas de remise en cause du droit d’Israël à l’existence dans la sécurité. Création d’un État palestinien, à côté de l’État d’Israël, sur la base de deux États pour deux peuples. Sachant que le conflit ne connaîtra pas de fin sans la création d’un État palestinien. Le tracé des frontières entre les deux Etats devrait s’inspirer de celui de la ligne de cessez-le-feu établi après la guerre de 1948. Jérusalem doit être la capitale des deux Etats selon des modalités à définir dans le cadre des négociations. Pas de retour massif des réfugiés et de leurs descendants en Israël. Les réfugiés palestiniens de la guerre de 1948, ou leurs descendants, recevront des indemnités et pourront s’établir soit dans le futur État de Palestine soit dans des pays tiers qui donneront leur accord. Seule une petite partie d’entre eux pourrait, dans le cadre de regroupement des familles, revenir s’installer en Israël avec son consentement. Cet accord devrait mettre un terme définitif au conflit et à toute revendication, territoriale ou autre, entre les deux parties. Refus de toute forme de boycott d’Israël qui aurait pour effet de renforcer les courants israéliens nationalistes les plus extrêmes. En effet, on a pu noter que l’extrême droite israélienne s’en servait pour justifier une politique fondée sur cette affirmation mensongère : tout le monde est contre nous.
Ainsi, avec l’aide de démocraties comme – entre autres – la France et les USA, mais aussi d’autres pays comme la Hongrie, malgré l’ambiguïté d’Orbán, cette région pourrait-elle être pacifiée.
Claude Donadello