Une « petite bouffe » à la hongroise
Rien qu’en soulevant le couvercle de la marmite, j’ai su qu’il s’agissait de filets de poulet au paprika fumé et aux poivrons. Le fumet emplit la cuisine. Nous étions bien en France et cependant des airs de cimbalom me vinrent à la mémoire. Je me remémorai nos incursions des années 70 en Europe Centrale, en particulier en Hongrie en 1976 et 1977.
Lors de notre passage à Sopron, nous avions visité la ville avec notre ami le docteur Tompos et sa fille, en particulier la plus ancienne synagogue de Hongrie. Puis nous les avions invités à déjeuner dans un restaurant traditionnel de la vieille ville. Là, nous fîmes la rencontre – en tous cas ma fille de sept et mon fils de quatre, et moi-même – avec la cuisine magyare. Un dépaysement pour nous, moins pour la mère de mes enfants dont le père, Hongrois, était né à Sorokpolány.
A notre retour en France, nous pensions pouvoir retrouver ces parfums et saveurs… mais on ne s’improvise pas facilement maître-queux. Pourtant, nous avions noté la recette du poulet au paprika et poivrons. Il fallut nous y reprendre plusieurs fois avant de mettre sur la table un mets comestible : trop ou pas assez assaisonné ! Enfin, après de laborieuses tentatives, nous avions pu nous régaler. A l’approche de Noël, nous y avions ajouté un de ces desserts dont les enfants se souvenaient : les bejgli, gâteau à la noix et au pavot. Mais origines obligent ! La mère de mes enfants, fière de ses racines hongroises, avait tenté, mais vainement, de préparer un plat dont sa famille était à l’origine : Szapári-máj, le foie à la Szapáry… vu le résultat, on ne donna pas suite. De plus, je ne suis pas un fervent consommateur de porc !
Comment apprécier cette cuisine sans l’accompagner de vins ?
Même si l’on n’est pas un connaisseur éclairé, on ne peut pas méconnaître totalement le Tokay dont l’histoire rappelle les liens d’amitié franco-hongrois ! Nous en avions quelques bouteilles au frais, étant amateurs de vins. Là encore, la mère de mes enfants eut une poussée de chauvinisme : elle rappela que sa famille était à l’origine de vins célèbres de la région frontalière austro-hongroise.
Nul n’est parfait !
Claude Donadello