Cartes postales d’un étudiant français en Hongrie
Avril 2022, l’Erasmus d’un étudiant français à Budapest est sur le point de toucher à sa fin. Il témoigne sous forme de cartes postales. Retour sur ses impressions après un an passé en Hongrie.
Carte postale n°1 : Le parlement hongrois au couleur miel
Je vous écris cette lettre de ma Hongrie d’adoption. Coucher de soleil radieux et paysage de toute beauté voilà mon quotidien depuis le mois de septembre. Beau Danube bleu, géant de pierre ! L’imposante silhouette du Parlement hongrois dominant le plus long fleuve d’Europe est devenue une des images les plus incontournables de Budapest. De la vitre du tram j’observe tous les jours son style éclectique depuis le pont Árpád. Bordant le fleuve sur plus de 270m de loin il est inratable. Sur votre gauche un joyau néogothique et sur votre droite côté Buda : le château. En pied de nez à la partie Pest, rebelle provinciale, le quartier historique. Levez les yeux et observez l’entassement de joyaux architecturaux. Noyau dur patrimonial, le vieux-Buda occupe une crête boisée qui domine le fleuve et la ville. Tout le quartier du Château est classé et se distingue autour de l’église Mathias par son délicieux style baroque qui dénote même à distance. Un ensemble architectural de toute beauté nichée sur une colline. Un palais royal, des remparts, des tours, des toits vernissés tout est prétexte à détourner le regard dans cette ville. Au large, culminant à 235 m le mont Gellért et le mont János à 526m. Accidentés et boisés ils dominent de par leur masse le cours du Danube. Au loin, des quartiers plutôt populaires et universitaires.
Budapest, une grande dame européenne de presque 2 millions d’habitants. Budapest, riche, cosmopolite et prospère. Une ville, une ambiance alliant calme et festivité. Un jour bruyant l’autre jour reposant. Une atmosphère que je retrouve dans ce tram 4-6 duquel je vous écris cette lettre. De chez moi au travail, du bar à l’université, du sport à ma sortie culturelle, il m’accompagne quotidiennement. Surnommé ligne 13 hongroise, il me subjugue par sa diversité et son énergie qu’il dégage. Transport en commun, je le redéfinirai par transport sociétal. Ce long wagon jaune surplombant le Danube de Jászai Mari tér à Margit Hid fait escale par un petit bout de terre, nommé Ile Marguerite. De ce point précis, tous les jours défile le même paysage parlement, château, colline. Mais chaque jour toujours la même émotion : la joie. La joie, la fierté m’empli de vivre, de profiter de cette expérience unique. Une fois avec mes amis en pleine discussion philosophique, à écouter les mendiants jouer de l’accordéon, l’autre instant à observer le sourire des passants. Une chose est sûre je ne m’en ennui pas. Evidemment parfois la nostalgie de mon passé remonte en moi. L’odeur du malt torréfié ou de l’effluve de friture me fait saliver. Mais rien n’y fait je reste attaché à ces instants. Pour rien au monde je n’oublierai ses moments magiques passés dans ce tram 4-6 utile mais aussi fantastique offrant une vue et une vie magnifique.
Carte postale n°2 Une nuit à Budapest
Je vous écris cette lettre de ma Hongrie d’adoption. Nuit noir, froid sec. Il est 21H, nous sommes un soir de janvier 2022. Je m’engage dans le quartier juif de Budapest. Incontournable pour boire un verre dans des bars originaux et sympas, le 7ème arrondissement de Budapest est une institution. Synagogues, ruins bars, cafés voilà la recette d’un quartier attractif. A l’horizon de Dob utca une des rues principales par un coin de votre lorgnette vous serez à l’affût d’un patrimoine architectural entre délabrement et restauration. Ruines apparente en carte postale, il apparait derrière la façade des bars gigantesques et une décoration fantastique, insolite, vintage, décalé… Pêle-mêle rentré dans des bars à bières artisanales ou pas chères. Street food abondante, boutiques indépendantes, salons de tatouages et street art. L’archétype parfait pour une ambiance hipster. Dans un coin du cliché photographique que vous vous imaginez, des chefs d’œuvres art nouveau dénotent. Culturel, historique, religieux, gastronomique et festif. Ce quartier a deux visages à vous montrer : celui du matin et du soir.
Dob utca, rue des tambours. Longue de plus d’un Km elle traverse de tout son long le quartier juif. Derrière cet étalage touristique, une authenticité à la budapestoise. Entre potes, un soir de semaine, une bière à la main, le quartier juif m’enchante. Sous la pluie, au soleil ou même sous la neige, des souvenirs fous remontent à mon esprit. Chaque bout de trottoir, encart de banc me rappelle un moment. Une discussion profonde, un fou rire, un baiser. Le quartier juif le cœur bouillant de Budapest. Balais incessants de passants, amis, connaissances nouvelles le 7ème arrondissement un lieu de rencontre avant tout. Dob utca, rue de passage à 18h à la sortie du travail, à 21h en allant au bar à 23h après une bière 2h du matin retour d’une soirée arrosé le pas un peu décalé. Un paysage qui ne paye pas de mine mais qui ne fait pas grise mine. Sur votre gauche, un restaurant typique et en son sein à l’heure du repas une odeur alléchante de spécialités hongroises. Des mélodies s’entremêlent entre les octaves de la musique classique de Liszt ou Kodály et des rythmes endiablés de rock alternatif.
Des bars et des rues festives ? Vous me direz... la France en regorge à foison, mais rien n'est semblable à l’atmosphère unique que dégage ce quartier juif. Palper le 7eme arrondissement de Budapest le soir c’est très palpitant.
Carte postale n°3 Dobogókő ou la courbe du Danube
Je vous écris cette lettre de ma Hongrie d’adoption. Temps humide, feuilles aux couleurs automnales. Je suis dans la forêt hongroise. Dobogókő, la parfaite sortie du dimanche. Un paysager à couper le souffle. A la fin octobre, nuances de vert, marron, ocre et bordeaux se mêlent à travers les collines magyares. Relief accidenté, rocailleux beau Danube bleu en arrière-plan le crépuscule approche. Horizon infini, rose pâle, bleu tamisé. Brume de fin d’après-midi flottant au-dessus des collines boisées. Ambiance reposante après une journée forte émotion, la campagne hongroise une vraie bulle d’air frais. Temps dégagé, pas une habitation, une invitation à la médiation. Un point du vue, un arrêt après une montée épuisante. Un bruit sourd, un tapotement léger l’harmonie du hand drum est lancée.
A même le sol, un homme en tailleur, hypnotisé par la mélodie d’une caisse de résonnance aux accords relaxant. Une masse de randonneur en fin de course se poste. Par l’appel de l’odeur alléchante de l’auberge charpentée, un pas empressé les passants se croisent. Certains un kürtöskalács à la main, une sorte de brioche cuite enroulée cuite à la braise. D’autres la cuillère dans le bol de gulyás ou en train de s’enfiler des litres de vin chaud. Un lieu paisible, destination par excellence. Clichés photographiques mémorables, rencontres architecturales détonantes. Le massif de Pilis avec ses gorges et ses ravins est d’une source d’inspiration incroyable. A une heure de Budapest, c’est la page verte idéale après une semaine citadine. Je sors de là le cœur purifié, l’esprit allégé, qu’une envie m’endormir dans les bras de morphée.
Lucas Santerre
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