Robert Doisneau, de Paris à Palm Springs

Robert Doisneau, de Paris à Palm Springs

Robert Doisneau, de Paris à Palm Springs

Robert Doisneau a posé ses valises à Budapest. Le « photographe des rues » (1912-1994), figure marquante de la photographie humaniste principalement sur Paris et sa banlieue, s’est installé à la Mai Manó Ház jusqu’au 10 janvier 2021 avec une centaine de photographies qui retracent son très long parcours de photographe et sa démarche poétique. Cette exposition itinérante « De Paris à Palm Springs » (qui a déjà fait escale dans plusieurs capitales européennes) est réalisée par l’Atelier Robert Doisneau que gère les deux filles du photographe Annette Doisneau et Francine Deroudille. Elles ont sélectionné la plus grande partie des photographies de l’exposition (parmi les 450 000 négatifs légués par leur père) qui est complétée par des images issues de grandes collections privées. On y découvre également des documents et des témoignages qui mettent en lumière un photographe discret, emphatique et plein d’humour aimant travailler à « l’imparfait de l’objectif » comme disait de lui son ami Jacques Prévert. « Toute ma vie je me suis amusé, je me suis fabriqué mon petit théâtre. », répétait-il.

Composée de deux sections distinctes, l’exposition s’articule autour des deux étages de la Mai Manó HázRobert Doisneau, de Paris à Palm Springs dont la magnifique architecture se prête parfaitement à cette exposition. Au premier étage, on peut admirer les célèbres photos en noir et blanc de Doisneau réalisées à Paris et dans ses faubourgs dont (entre autres) « le baiser de l’Hôtel de ville » prise en 1950, « Mademoiselle Anita », prise à Boule Rouge en 1951 et les différentes scènes de bistrots et de banlieue qui ont fait la renommée du photographe. Des images fortes que l’on se plaît à observer de près même si elles font partie désormais de notre mémoire collective tant elles ont voyagées à travers le monde.

Le deuxième étage est consacré aux photos en couleurs – plus surprenantes et plus rares - que Robert Doisneau a prises à Palm Springs aux Etats-Unis. Ces images qui datent de 1960 sont issues d’un reportage que le magazine Fortune lui avait commandé pour rendre compte, à sa manière, de la vie de cette ville pour riches construite dans le désert californien.

Habitué des arrières salles enfumées de bistrots et des scènes de rues un peu foutraques, Doisneau s’est retrouvé d’un coup sous un ciel bleu azur, des terrains de golf à l’herbe parfaitement coupée où des hommes et femmes habillés de couleurs chatoyantes prennent au bord des piscines à l’eau transparente des cocktails colorés sous des palmiers aux verts intenses. Un univers plutôt déroutant pour le photographe du Paris de Jacques Prévert qui ne l’a pas empêché d’utiliser son œil aiguisé pour traquer ce monde en dehors du temps et montrer, à sa manière et avec une grande ironie, ce paradis en toc.

Doisneau prit des centaines de photos mais Fortune n’en publia que vingt-trois. Les autres furent découvertes plus tard dans ses archives et publiées en 2010 dans un livre « Palm Springs, 1960 » publié aux éditions Flammarion avec une introduction de l’écrivain Jean-Paul Dubois. Le livre est agrémenté d’une correspondance personnelle du photographe dans laquelle il se moque de ce monde à part et qui lui est totalement étranger. Et, en regardant ses photos d’un autre monde, on se souvient de cette réflexion que Doisneau aimait répéter : « Les lieux réservés à la peine ont une noblesse qui force le respect ».

Daniel Psenny

ROBERT DOISNEAU: DE PARIS À PALM SPRINGS

L'exposition est ouverte au public jusqu’au 10 janvier 2021, du mardi au dimanche de 12h à 19h.
Fermé les lundis et jours fériés.

Magyar Fotográfusok Háza - Mai Manó Ház | 1065 Budapest, Nagymező utca 20.

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