Pál Rosti : Notes de voyage d’Amérique

Pál Rosti : Notes de voyage d’Amérique

Pál Rosti : Notes de voyage d’Amérique

Les Amériques vues sous les lentilles de Pál Rosti s’étalent le long des murs de la Mai Manó Ház, la maison hongroise de la photographie, et y resteront jusqu’au 4 octobre 2020. Située au troisième étage de l’édifice néo-baroque, l’exposition Pál Rosti : Travel notes from America promet un voyage transatlantique aux côtés de l’injustement méconnu aristocrate hongrois.

A la rencontre de Pál Rosti

Pál Rosti est né à Pest en 1830, dans l’illustre famille de la haute noblesse hongroise catholique Rosty de Barkóc. Pourtant aristocrate, il a servi en tant que soldat à ses dix-huit ans lors de la Révolution Hongroise de 1848 contre l’Empire Habsbourg, qui se solda par son exil vers l’Allemagne, où il étudia la biologie et la chimie, puis vers Paris, où il se passionna pour la photographie. Il se fera connaître pour ses expéditions en Amérique qu’il documenta par le biais de ses photographies, créant des journaux de voyages dotés d’une valeur scientifique reconnue.

L’objectif de ses voyages était de contribuer aux connaissances académiques de la géographie, un intérêt qui lui est né lors de ses études à Munich où il rencontra le naturaliste, géographe et explorateur berlinois Alexander von Humboldt. Ce dernier, célèbre dans son domaine pour l’excellence scientifique de ses recherches, avait déjà effectué une expédition de cinq ans à travers les Amériques où il récolta d’importantes données sur la faune et la flore, la météo et la géologie des pays traversés. Avec Humboldt comme modèle, mentor et inspiration, Pál Rosti prit un bateau depuis le port français du Havre, en 1856, avec pour destination New York, puis le Texas. Son périple l’emmena au Mexique, à Cuba, puis au Venezuela, station finale qu’il quittera en 1859 pour l’Europe. Ses mémoires de voyages et ses photographies le feront membre de l’Académie Hongroise des Sciences en 1861. Pál Rosti, dernier descendant de la famille Rosty de Barkóc, mourra treize ans plus tard en raison de sa santé, affaiblie.

Quand la Photographie découvre les Amériques

Véritables terrae incognitae de la photographie, la plupart des lieux que Pál Rosti visita ne furent jamais capturés par un objectif antérieurement, faisant de lui un pionnier de la photographie latine. Ses trente-deux négatifs des villes de Mexico et de Veracruz constituent donc une véritable documentation des sociétés et cultures Mexicaines. On y voit des fontaines, des rues désertes, mais également les jardins de Cuernavaca, des églises, ainsi que la nature environnante… Ses onze clichés du Venezuela sont également les premiers capturant ce pays. On voyage ainsi à Caracas, dans les fermes de sucre, la maison de Bolivar, des plantations de café, villages, et dans la nature sauvage de la vallée de l’Aragua…

Les photographies possèdent quelques défauts. La technologie de l’époque ne permettait pas de capturer les nuages, les surfaces d’eau apparaissent comme des masses sans texture, certaines vues sont floues, les ombres et les lumières créent des

distorsions. Cependant, ces imperfections ajoutent un mysticisme presque onirique à ces paysages, donnant parfois la sensation qu’il s’agisse de mirages, des visions que Pál Rosti auraient eu sous l’effet de la chaleur tropicale. 

Ses albums de photographies, dont la valeur artistique complémente la valeur scientifique, ont ainsi été accueillis avec un grand enthousiasme, puisqu’ils offrent un moyen original de mener un voyage au-delà de l’Atlantique.

Constantin Lu

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