Zoo qui peut!

Zoo qui peut!

Budapest Parcours

 

Par Emmanuelle Sacchet et Julie Marchais

Sauve qui peut : la rentrée, neuf mois pour en sortir ! Et c’est chose faite aujourd’hui puisque la dernière cloche a sonné sur les prouesses de nos chères têtes blondes qui ont bien mérité un Budapest Parcours spécial petits Gavroches. Les enfants semblent peu nombreux à première vue dans cette ville aux préoccupations d’adultes, à l’instar des squares réservés à leur attention. Et pourtant les idées ne manquent pas pour divertir leurs corps élastiques et aiguiser leurs neurones en fusion. Tous les prétextes sont bons pour accélérer leurs cœurs palpitants. C’est que leurs rites initiatiques de socialisation passent aussi par les lieux publics.

Outre les aquariums, plages d’été, musées des transports et autre palais des merveilles sur lesquels Budapest peut compter, il est une rue qui n’attend pas l’été pour cueillir les rires insouciants. Chaque dimanche y est tel qu’un jour de fête : bois de ville, cirque à l’année, parc d’attractions proclamé gaîté, marchands de rêves gonflés à l’hélium et zoo bien garni. Dans cette rue bien nommée Állatkerti, la rue du jardin des animaux, le zoo y tient effectivement la part belle. Ce que les enfants pressentent sans le savoir c’est que son architecture romantico-ludique d’inspiration Indo persane est absolument saisissante. Le portail orientaliste avec ses grands éléphants et ses ours dressés donne le ton de l’imaginaire architectural de l’intérieur. Les vacances venues et les destinations lointaines caressant nos songes de nuits d’été, c’est une bonne idée que d’emmener nos jeunes animaux féroces dans l’exotisme du zoo.

Construit en 1866 sur une initiative privée, le zoo de 16 hectares doté d’un jardin botanique est l’un des plus vieux d’Europe. D’étonnants spectacles vivants invitaient régulièrement des Tamouls, des Eskimos ou des Peaux-Rouges. Le zoo fit pourtant faillite vers 1900 et fut repris par la ville qui l’inaugura en 1912 dans son nouvel habit extravagant des architectes du groupe des «fiatalok», «les jeunes». Kós Károlyi, Neuschloss Kornél et Zrumecky Dezsö ont donné une vision romantique à un art nouveau plutôt massif en alliant des caractéristiques de l’art folklorique hongrois et transylvain à l’architecture des pays d’origine des animaux.

Aujourd’hui, en 2008, d’importants travaux lui donnent comme une troisième vie. Une nouvelle aire de jeux pour les gorilles et les orangs-outangs offre côté enfants un hamac en filet où chacun compare ses similitudes ! Quant aux animaux de la savane, ils vivent depuis un mois dans leur nouvel écrin. C’est là que l’on peut notamment tirer la barbichette des hautes girafes, vivant en harem. Le mâle se verra bientôt comblé d’une troisième femelle. Dans cette savane budapestoise sautillent également quelques unes des 180 gazelles Mhorr qui subsistent dans le monde, disparues à l’état sauvage. Leur extinction est principalement due à la disparition de leur habitat. Ce qui nous amène à parler du rôle des zoos dans la préservation des espèces. M. Zoltán Hanga, le porte-parole du zoo qui nous a reçues, explique que le parc animalier de Budapest est membre de l’EAZA (European Association of Zoos and Aquaria, www.eaza.net), une association qui travaille à la conservation et à la reproduction des espèces. Celles en danger se voient attribuer un coordinateur qui, au-dessus des intérêts de chaque zoo, veille aux meilleurs choix possibles pour les transferts des animaux ; en effet, 90% d’entres eux sont nés en captivité. Encore mieux, il existe aujourd’hui des programmes de réinsertion à la vie sauvage des animaux nés dans les zoos. Budapest a ainsi pu offrir la terre de ses ancêtres à une antilope nommée Adax.

Les patients occupants du zoo apportent leur comptant de joyeux évènements. Les triplés des panthères de Perse sont venus grossir les deux mille autres individus restant dans le monde. Un autre événement de 58 kg à la naissance est Laïla, le premier bébé rhinocéros à être issu d’une insémination artificielle. Lulu et Easy boy, les gros parents attendent depuis déjà un an leur deuxième enfant. A l’automne prochain, un pachyderme venu d’Espagne inaugurera le nouvel espace des éléphants, une extension moderne et fonctionnelle à l’ancien bâtiment aux ornementations de Zsolnai qui reste le clou du zoo. Autre évènement de taille, la réouverture du faux rocher fermé depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette montagne grise en béton armé donnera un agréable goût de déjà vu au Parisien qui sommeille en nous : il est effectivement issu du même modèle que celui de Vincennes, avec à son sommet, un panorama inhabituel sur la ville.

Entres autres résumés, pour aguicher vos propres bambins domestiques, il leur est possible d’adopter un animal du zoo pour une somme minimum de 5000 huf. Non non, on ne peut pas ramener l’ours blanc à la maison, mais vos petits adoptants seront conviés à une journée très spéciale avec lui. Des camps de trois jours sont également organisés pour les enfants pendant l’été (possibilité en anglais), ils rejoindront les 150 personnes contribuant au bien-être des animaux. Et pour notre confort culturel personnel, la saison estivale donne pléthore de concerts de musique du monde entier. N’oublions pas l’attraction estivale qu’est la serre aux papillons d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est. Achetés sous forme de chrysalide, leur reproduction est assurée sous nos yeux ébahis.

Le directeur Miklós Persányi, un temps nommé ministre de l’environnement a dû revenir à la direction du zoo tant sa politique a œuvré positivement pour la mise en valeur de ce patrimoine. S’il s’agit d’un zoo municipal, seulement 1/3 des recettes proviennent de la ville. Le sponsoring privé parvient à assurer un équilibre budgétaire aux recettes des entrées. Le zoo qui est l’un des lieux les plus visités de Budapest a enfin été classé monument historique en 1997 et élu numéro 1 par tous les enfants, du plus petit au plus grand. Vous y compris !

Állat- és Növénykert

Állatkerti körút 6-12 Pest XIV

Tél. 273-49-01

Tous les jours : 9h-18h30 et 19h30 le week-end.

 

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