Voyage et communication

Voyage et communication

Un thème approprié pour des échanges universitaires

Le 12 mai des Professeurs de l’Université ELTE (historiens) à Budapest ont accueilli leurs homologues de L’Université Michel de Montaigne de Bordeaux sous forme d’invitation au voyage.

La journée a débuté par une présentation de Casanova par Ilona Kovács : un aventurier attaché à sa liberté. C’est un personnage complexe, plein de contradictions qu’elle décrit, passionné de voyages, doué, polyglote, fougueux aussi, mais livré au sentiment d’exil et de solitude au fur et à mesure des ses expériences à travers l’Europe.

L’exil est aussi une notion propre au hongrois, László Berzenczey, comme le note Béla Borsi-Kálmán qui, après la guerre d’indépendance perdue, projeta ses idées fantasques sur la réalité étrangère.

C’est une conception singulière du voyage que Jean-Baptiste de Secondat de Montesquieu a révélé. François Cadilhon, auteur de Jean-Baptiste de Secondat de Montesquieu, Au nom du père (presses universitaires de Bordeaux), a démontré à travers la vie du fils du célèbre philosophe, que le voyage peut être vécu par correspondance : Jean-Baptiste envoya ainsi à sa place son précepteur et ses sécrétaires sillonner l’Italie pour lui rapporter leurs impressions.

Le Comte Zinzendorf eut une conception plus dynamique et personnelle du voyage. Il fut un des plus grands voyageurs de la fin du 18ème siècle. En 12 ans, ce conseiller économique à la cour de Vienne, présenté par Eva Ring, visita toute l’Europe. Les récits (56 volumes) de ses voyages sont plus des notes et réflexions fragmentées mais riches en détails sur les villes traversées et les rencontres effectuées.

La perception d’une ville comme Vienne, exemple développé par János Kalmár  peut changer sous le regard des voyageurs.

Henri de Montety a renoué le lien franco-hongrois à travers les expériences «intensives» de français chez les magyars entre les deux guerres : le linguiste, Aurélien Sauvageot décrit l’impression de grandeur, de solennité chez les hongrois, Nicolas de Rochefort insiste davantage sur l’espoir pour ce peuple de retrouver un passé glorieux ; le père dominicain Ambroise-Marie Carré évoque le rapport fraternel qui le lie à la Hongrie.

Canards, feuilles volantes et livres colportés ont constitué, d’après l’exposé d’Éva Vámos, une source d’information et d’actualité au 18ème siècle. Jusqu’en 1780, on ne trouvait en effet pas de journeaux en Hongrie. Les nouvelles colportées, les faits à sensation, les mythes, se répandent sous formes diverses (calendriers, gravures,...) avec un fort impact sur l’opinion public. Ils mêlent l’utile à l’agréable et se vendent dans la rue.

Comprendre comment les échanges d’énergie électrique se sont construits depuis 1945, thème présenté par Christophe Bouneau, auteur des réseaux électriques au coeur de la civilisation industrielle (Timée éditions), nous aide à appréhender les interconnexions, la quête d’un réseau européen infini, garant de sécurité et les solidarités transfrontalières. Les voies de communication en Europe depuis 1918, retracées par István Majoros, sont le résultat d’alliances politiques, de nécessités militaires, elles se construisent au fil des relations diplomatiques de l’entre-deux guerre.

Le voyage, les échanges peuvent être étudiés sous des angles très différents, c’est ce que nous ont appris les intervenants de cette table-ronde.

Gwenaëlle Thomas

Cf: article «Les pérégrinations au temps des Lumières et d’Erasmus» d’Éva Vámos

 

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