A votre bon cœur

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Bilan et situation actuelle à Kolontár et à Devecser

Quelques jours après la plus grande catastrophe écologique dans l’histoire de la Hongrie, le Premier Ministre, Viktor Orbán, avait promis aux habitants des deux villages les plus touchés qu’ils allaient être totalement et rapidement indemnisés. De longues semaines se sont écoulées et la plus grande partie des dédommagements n’est toujours pas arrivée.

Plusieurs semaines après la catastrophe survenue le 4 octobre dernier dans le département de Veszprém, lorsque le réservoir de l'usine de bauxite-aluminium MAL Zrt a cédé, inondant les villages avoisinants, Devecser et Kolontár, les habitants de la zone sinistrée ont décidé d’organiser une manifestation en fermant l'une des deux voies de la route nationale 8. Ils ont finalement reçu quelques signes positifs du gouvernement, et ont donc ajourné leur manifestation car ils espèrent toujours une intervention personnelle de la part de Viktor Orbán.

Désormais, l’État leur promet une indemnisation partielle, et quelques chiffres ont même été annoncés. Les victimes ne sont pas très satisfaites, mais au moins quelque chose de concret a été mis sur la table.

Dans un premier temps, l’État avait déjà débloqué 33,4 millions de HUF à l'attention des municipalités concernées, ce qui pourrait être perçu comme un geste sympathique si l'on ne sait pas qu’environ 1,2 milliard de HUF ont été rassemblés par ailleurs grâce à diverses actions caritatives. Le principal problème, selon les habitants, est que le gouvernement ne souhaite indemniser qu’une partie de la valeur réelle des biens immobiliers détruits et inondés. «C’est tout ce que nous avions, et si on ne nous indemnise qu’une petite partie, alors comment va-t-on faire pour se loger, s’habiller et manger?» – se demandait un habitant sous couvert d’anonymat.

Tamás Toldi, le maire de Devecser, a informé la presse que les habitants recevraient 500.000 HUF par famille comme indemnisation pour leurs biens immobiliers détruits ou endommagés et 200.000 HUF par personne à titre d’indemnisation pour leurs biens personnels. Des organisations caritatives et bénévoles de la zone organiseront également des collectes de meubles, d'appareils ménagers, etc. Toutefois, les habitants ne recevront ces aides matérielles que s’ils acceptent les biens immobiliers d’échange offerts par le gouvernement.

Les choses ont donc commencé à bouger pour les malheureux habitants de Devecser et de Kolontár, mais si on leur demande s’ils sont satisfaits de la gestion de cette crise sans précédant, leur réponse est sans appel: «Non!». «Ce n’est pas ce qu’on nous avait promis ! On attend encore un peu, mais je suis sûr qu’on va très bientôt faire cette fameuse manifestation, pour qu’on nous prenne enfin au sérieux», a déclaré un autre sinistré.

La zone sinistrée est aussi une zone de production agricole. Ce sont environ 120 producteurs dont le territoire agricole, d’un total de 1017 hectares, avait été contaminé par la coulée des boues rouges toxiques provenant du réservoir d’aluminium endommagé. Seulement la moitié d’entre eux avait participé à la réunion à partir de laquelle ils avaient 30 jours pour décider s’ils voulaient vendre leur propriété à l’État ou s’ils préféraient un échange de territoire.

Un événement récent peut tout de même donner bon espoir aux habitants qui sont concernés dans les procédures de dédommagement: il y a quelques jours, le premier habitant indemnisé a reçu 10 millions de HUF de la part de la la société MAL Zrt., responsable de la catastrophe écologique. József Konkoly avait demandé une indemnisation de 19,3 millions de HUF car il a perdu sa maison, son garage et toutes ses affaires personnelles dans la catastrophe. Depuis la tragédie, il habite chez son frère,et vit grâce aux prêts de ses amis. Compte tenu de sa situation, ces 10 millions de HUF sont donc une mince compensation.

Des centaines d’autres sinistrés attendent à leur tour d’être indemnisés au moins à un niveau qui pourrait les aider à recommencer enfin leur vie.

Le monde entier avait vu les images de la tragédie et le pays entier avait organisé des collectes financières à leur attention, sans parler de l’aide de l’Union Européenne. Il devrait donc y avoir de l’argent pour ces victimes, il suffirait de le débloquer, où qu'il soit. Il faudrait juste ouvrir le portefeuille.

A votre bon cœur, Messieurs...

Bálint Seres

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