Visages politiques: Zsolt Németh

Ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Zsolt Németh a récemment défini les projets du parti d’opposition Fidesz en politique étrangère.

Zsolt Németh a fait ses études à l’Université Karl Marx de Budapest. Ayant obtenu son diplôme d’économiste et de sociologue, il a passé deux ans à l’Université d’Oxford où il a étudié les sciences politiques. De retour en Hongrie, il est devenu chercheur sur le nationalisme dans l’un des Instituts de recherche de l’Académie des sciences. Co-fondateur du Fidesz en 1988, il a été représentant du parti en Grande-Bretagne à la fin des années 1980. Entre 1998 et 2002, il a rempli la fonction de secrétaire d’État au sein du Ministère des Affaires Étrangères. Depuis 2002, il dirige la commission parlementaire des Affaires étrangères et des Hongrois de l'étranger (depuis le changement de régime, cette commission a presque toujours été présidée par une personnalité d’opposition).

Malgré les importantes tensions, depuis 2002, entre la coalition MSZP-SZDSZ et le Fidesz, la commission parlementaire de Zsolt Németh a presque toujours trouvé un consensus avec les ministres des Affaires étrangères en poste. Cette Commission a par exemple soutenu la décision du gouvernement d’envoyer des soldats hongrois en Afghanistan et au Kosovo, mais aussi de céder l’aéroport militaire de Pápa à l’OTAN. Les membres du Fidesz participent également au Forum des représentants hongrois du bassin carpatique, que Katalin Szili, ancienne présidente du Parlement, a initié en 2004. Une participation d’autant plus importante que ce forum remplace en quelque sorte la Conférence hongroise permanente que le gouvernement de Viktor Orbán avait mise en place afin de dédier un organe au dialogue avec les représentants des minorités hongroises dans les pays voisins, et que le cabinet de Ferenc Gyurcsány a supprimée.

Quelques différends ont tout de même opposé Zsolt Németh au ministère des Affaires étrangères. L’année dernière, il a critiqué les projets de Péter Balázs portant sur la fermeture de plusieurs ambassades hongroises à l’étranger dans le but de diminuer les dépenses du Ministère. En septembre dernier ensuite, en réagissant à la rencontre entre Gordon Bajnai et Robert Fico, les Premiers Ministres hongrois et slovaque, Zsolt Németh a parlé d’un «échec diplomatique humiliant». De son point de vue, Gordon Bajnai aurait dû être plus ferme avec son homologue slovaque et exiger l’annulation de la fameuse loi sur la langue, qui interdit aux Hongrois vivants en Slovaquie de s’exprimer en hongrois dans les lieux officiels. Selon Zsolt Németh, une certaine “hungarophobie” caractérise désormais la vie politique en Slovaquie et c’est la raison pour laquelle le Fidesz haussera le ton vis-à-vis des dirigeants slovaques s'il est élu lors des prochaines élections. Il a en même temps félicité le gouvernement Bajnai pour avoir monté un fonds de 50 millions de HUF afin de dédommager les Hongrois que les autorités slovaques obligent à payer une amende pour l’utilisation de leur langue maternelle.

En parlant des projets du Fidesz en matière de politique étrangère, Zsolt Németh a fait savoir que son parti envisageait de renforcer la coopération entre la Pologne, la Roumanie et la Hongrie. Ces trois pays doivent notamment trouver une solution commune au défi de la sécurité énergétique dans la région. Le Fidesz cherchera en même temps à redéfinir les relations russo-hongroises, de sorte qu’elles soient “basées sur le pragmatisme”. Afin de diminuer la prédominance de la Russie dans les relations commerciales bilatérales, le nouveau gouvernement chercherait en outre à réintroduire les produits agricoles hongrois sur le marché russe. En tant que pays assurant la présidence tournante de l’Union européenne au premier semestre 2011, la Hongrie devra œuvrer au rapprochement entre la Russie et l’UE. De même, le gouvernement hongrois aidera la Serbie à former des liens plus étroits avec la Communauté européenne. Zsolt Németh a également fait savoir que l’une des priorités de son parti serait d’examiner de nouveau la possibilité de donner la nationalité hongroise aux membres de la minorité dans les pays voisins.

Anna Bajusz