Visages politiques: Pál Schmitt

Contrairement aux dernières élections présidentielles en 2005, lorsque trois tours ont été nécessaires pour que les députés élisent László Sólyom au poste de Président de la République, cette fois l’élection de Pál Schmitt a plutôt été une formalité pour le Parlement, où le Fidesz-KDNP dispose de la majorité des deux tiers.

Pál Schmitt s’est fait connaître dans les années 1960 grâce à sa carrière sportive. Ancien champion hongrois d’escrime, il a été membre de l’équipe qui a remporté l’or olympique à deux reprises dans cette discipline. En 1983, il est devenu secrétaire général du Comité olympique hongrois, dont il est le président depuis 1989. Entre 1995 et 1999, il a également été vice-président du Comité olympique international. C’est également dans les années 1990 que sa carrière diplomatique a débuté puisqu’il a été Ambassadeur de Hongrie, tout d’abord en Espagne puis en Suisse. Depuis 2004, il est membre du Parlement européen, dont il est devenu l’un des vice-présidents l’année dernière. Il a renoncé à son mandat européen début mai, lorsque les députés hongrois l’ont élu Président du Parlement.

En 2002, Pál Schmitt était candidat indépendant à l’élection municipale de Budapest, mais il n’a pas réussi à s’imposer devant Gábor Demszky, et ce malgré le soutien des partis de droite. L’année suivante, il a adhéré au Fidesz, dont il a été vice-président jusqu’en 2007. Son attachement à ce parti est l’une des principales critiques que les partis d’opposition ont émises lorsque le Fidesz l’a désigné au poste de Président de la République fin juin. De leur point de vue, il est inacceptable que le nouveau Président soit issu de l’entourage du Premier Ministre Viktor Orbán. Lors de sa première audition en tant que candidat devant le groupe parlementaire du Fidesz, Pál Schmitt a tout de même assuré qu’il entendait représenter les “trois tiers de la population”, voire les “quatre tiers” si l’on prend en compte les Hongrois qui vivent dans les pays voisins.

Afin de marquer sa différence avec le Président sortant, László Sólyom, il a affirmé vouloir être un Président ouvert, prêt au dialogue, au lieu de suivre le style parfois aristocratique de son prédecesseur. De même, il souhaite rompre avec la pratique du Président Sólyom qui avait tendance à rejetter les projets de loi que le Parlement lui adressait à signer. «Je ne veux pas constituer un frein à l’adoption de nouvelles lois, au contraire, je pourrais en devenir le moteur», a-t-il déclaré lors de son audition. Une déclaration dans laquelle les partis d’opposition voient une preuve de sa prise de position très loyale envers le Fidesz. Concernant les priorités de sa présidence, Pál Schmitt a affirmé vouloir lancer une mission pour l’unité nationale et pour la langue hongroise. Il souhaite également augmenter la qualité de l’éducation dans le pays et en faire sorte que les habitants soient en meilleure santé.

En Hongrie, le Président de la République est élu au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans. Le 29 juin dernier, Pál Schmitt a remporté 263 votes des députés parlementaires, sans doute ceux des députés Fidesz-KDNP. Le candidat du parti socialiste, András Balogh, Ambassadeur de Hongrie en Thaïlande, n’a reçu que 59 voix, soit le soutien du groupe parlementaire MSZP. Le Jobbik, qui avait désigné sa candidate, Krisztina Morvai, avant même les élections législatives, n’a pas participé au vote, tout comme le parti LMP, qui a symboliquement désigné László Sólyom pour un deuxième mandat (de même que les députés Jobbik, les représentants du LMP ne sont pas assez nombreux au Parlement pour pouvoir désigner un candidat).

Pál Schmitt a prêté serment le jour même de son élection, mais n’occupera ses fonctions qu’à partir du 6 août prochain puisqu’il quitte non seulement la présidence du Comité olympique hongrois, mais aussi celle du Parlement et que les députés prévoient d’élire son successeur à la mi-juillet.

Anna Bajusz