Visages politiques: Lívai Járóka
Eurodéputée hongroise issue de la minorité Rom, Lívia Járóka, 37 ans, d’abord activiste puis femme politique européenne, défend les intérêts des Tziganes et se bat pour que l’Europe élabore enfin une stratégie d’intégration et une directive reconnaissant leurs droits. Elle se fixe une mission ambitieuse : « mettre fin au racisme et à la discrimination que subissent depuis toujours les Roms et permettre à ce peuple apatride de trouver enfin sa place en Europe . »
Cette militante déterminée, diplômée en anglais, suit un Master en siences politiques et sociales à l’Université d’Europe Centrale de Varsovie en 1999. Elle obtient un diplôme en anthropologie sociale à University College London, et y commence un doctorat en 2001. C’est au cours de ses études à l’étranger que Lívia Járóka commence à militer au sein d’ONG Roms. A partir de 2004, elle siège au Parlement européen en tant que députée et représentante du Fidesz, devenant ainsi la première eurodéputée Rom. Une particularité qui ne l’a pas empêchée de trouver rapidement ses marques, entrant au Parti Populaire Européen (PPE) puis se voyant élue vice-présidente de l’intergroupe Antiracisme et diversité. «Contrairement aux autres minorités, les Tziganes ne disposent d’aucun réseau d’organismes publics pour leur venir en aide» affirme-t-elle pour justifier sa mission. Elle est convaincue que son rôle est de faire valoir auprès du Parlement la nécessité de mettre en place des associations de soutien et se bat pour dissiper les préjugés que nourrissent depuis toujours bon nombre d’européens à l’égard de la communauté Rom. En 2006, elle devient membre du forum des Jeunes Leaders du Monde, parmi 150 autres personnalités. Puis elle est élue Meilleure Parlementaire en 2006 dans la catégorie Justice et droits fondamentaux. En tant qu’eurodéputée, Lívia Járóka contribue à l’élaboration de la position officielle du Parlement Européen sur la minorité Rom, intitulée «Les Roms dans l’Union Européenne». Elle devient ensuite rapporteur du document „Situation des femmes Roms dans l’Union Européenne”. Selon elle, ce ne sont pas les allocations familiales et les aides financières qui contribueront à régler la situation marginale des Roms. Il faut les intégrer à la société, de manière différente et il faut faire en sorte qu’ils obtiennent les mêmes possibilités de travail, d’études, de vie que tous les autres citoyens européens. C’est ainsi qu’à l’initiative de Lívia Járóka, le PE vient récemment d’adopter le projet communautaire intitulé la Stratégie des Roms. Selon ce dernier, le développement et l’intégration des minorités européennes doivent se faire en focalisant sur les programmes de développement social, éducatifs et d’emploi, pour pouvoir viser les régions sous-développées, les plus demandeuses de financements.
La communauté Rom est sans doute l’une des minorités qui a le plus souffert tout au long de son histoire européenne. Aujourd’hui encore, le Centre européen pour les droits des Roms (ERRC) déplore un racisme largement répandu à leur égard. L’objectif de ces militants convaincus, dont fait partie Lívia Járóka, est de trouver, en partenariat avec les institutions européennes, des réponses à un problème propre à l’UE. Depuis qu’elle s’est engagée dans ce combat, Járóka souhaite retenir l’attention des européens en général et des Hongrois en particulier, sur la situation précaire de la minorité Rom. Il faut noter que parmi les priorités de la présidence hongroise figure l’élaboration d’une stratégie Rom et d’un plan d’action concernant l’intégration des minorités européennes. Or de récents problèmes d’immigration auxquels l’Europe a dû faire face, comme l’afflux d’immigrants illégaux arrivant en Europe en provenance de l’Afrique du Nord, ont désormais pris le dessus dans la politique de gestion des minorités et de l’immigration au sein de l’UE.
Kata Bors