Visages politiques: János Martonyi

Si le Fidesz n’a que très peu dévoilé ses intentions quant aux principales mesures du futur gouvernement, Viktor Orbán a très tôt désigné son candidat au poste de ministre des Affaires Étrangères. Il entendait ainsi s’assurer que János Martonyi, qui remplissait déjà cette fonction dans le dernier gouvernement Fidesz, puisse s’atteler aux nombreux défis auxquels la diplomatie hongroise devra faire face au cours des prochaines années.

Diplômé en droit de l’Université de Szeged, János Martonyi a travaillé à Bruxelles et au Ministère hongrois du Commerce en tant que spécialiste du droit commercial. Au moment du changement de régime, il était Haut commissaire chargé de la surveillance de la privatisation, avant de devenir Secrétaire d’État, d’abord au sein du Ministère des relations économiques internationales, puis au Ministère des Affaires étrangères. Entre 1994 et 1998, il a travaillé pour un cabinet d’avocat international et a enseigné à l’Université ELTE ainsi qu’à Szeged. Il a repris ses activités en 2002, après avoir été ministre des Affaires Étrangères pendant quatre ans.

Du point de vue des Hongrois vivants dans les pays voisins, l’activité de János Martonyi en tant que Ministre des Affaires Étrangères a marqué une étape importante dans la représentation de leurs intérêts. Il a notamment initié la fameuse “loi de statut”, qui a été votée au Parlement en 2001 par tous les partis à l’exception du SZDSZ. En vertu de cette loi, les Hongrois qui ne vivent pas en Hongrie peuvent demander un certificat sur leur “statut” hongrois, qui leur permet de bénéficier, tant en Hongrie que dans les pays voisins, de réductions et de subventions dans les secteurs de la Santé, de l’Éducation, de la Culture, etc. Cette loi a provoqué la colère des chefs d’État slovaque et roumain mais s’est avérée très populaire parmi les Hongrois des pays voisins, qui ont été plus d’un million à se procurer ce certificat. Depuis l’adhésion de la Hongrie et de plusieurs de ses voisins à l’Union européenne, cette initiative a tout de même perdu de son importance, mais János Martonyi envisage désormais de donner la nationalité hongroise aux Hongrois vivants dans les pays voisins. Il a toutefois souligné que cette double nationalité ne leur assurerait pas le droit de vote.

János Martonyi a toujours été connu pour son atlantisme. Pour preuve de cet engagement: la Hongrie a rejoint l’OTAN alors qu’il était ministre. Par ailleurs, il considère que les États-Unis doivent également accorder une grande importance aux pays d’Europe Centrale. L’année dernière, János Martonyi a figuré parmi les 21 signataires d’une lettre ouverte que des personnalités politiques d’Europe Centrale ont adressée à la Maison Blanche. Les signataires ont notamment demandé à l’administration Obama de ne pas sacrifier l’alliance entre les États-Unis et les pays d’Europe Centrale au nom d’une réconciliation avec la Russie, comme ce fut le cas en 2009 avec l’abandon de l’idée d’installer des boucliers antimissiles sur leurs territoires. De leur point de vue, les présidents Clinton et Bush attachaient une importance particulière à cette région de l’Europe, ce qui n’est pas le cas de l’administration Obama.

Dans le cadre de son futur mandat, le plus grand défi qui attend János Martonyi et sa future équipe est sans doute l’organisation de la présidence tournante de l’Union européenne, que la Hongrie assurera au cours du premier semestre 2011. Ce défi est d’autant plus important que le changement de gouvernement donnera probablement lieu à un important changement d’effectif au sein du Ministère des Affaires étrangères, ce qui pourrait mettre en péril la préparation. Dans une interview accordée au quotidien Magyar Nemzet, János Martonyi a fait savoir que son équipe tenterait de relancer la coopération entre les pays d’Europe Centrale. Plus particulièrement, il entend renforcer les liens avec la Pologne, qui prendra la relève de la présidence tournante de l’UE en 2011. Quant aux aspects de la diplomatie économique, il a souligné l’importance d’orienter la Hongrie vers les marchés orientaux, en particulier vers la Russie et la Chine.

Anna Bajusz