Visages politiques: Géza Szőcs
Originaire de Marosvásárhely, ville située en Transylvanie, Géza Szőcs est poète, homme politique et, depuis un mois, Secrétaire d’État à la Culture.
Après avoir terminé ses études à l’Université Babes-Bolyai de Kolozsvár (une faculté en Transylvanie où il est possible d’étudier en hongrois), Géza Szőcs a tout d’abord travaillé pour la rubrique littéraire du quotidien Igazság (Justice). Entre 1981 et 1982, il était rédacteur du samizdat Ellenpontok (Contrepoints). En conséquence de cette activité illégale, il a été arrêté et molesté à plusieurs reprises avant d’émigrer en Suisse en 1986. Trois ans plus tard, il revient dans la région et s’installe à Budapest, où il travaille pour la Radio Free Europe (une radio clandestine diffusée depuis Munich à l’attention des opposants au régime communiste). De retour en Transylvanie en 1990, il devient secrétaire général, puis vice-président du parti hongrois RMDSZ. Suite à des scandales dont il est l’objet et au renforcement de l’aile dirigée par l’actuel président du parti, Béla Markó, il quitte le RMDSZ quelques années plus tard.
Géza Szőcs occupe le poste de Secrétaire d’État au sein du Ministère des Ressources Nationales, dirigée par Miklós Réthelyi. Puisque ce ministre est également chargé de l’Éducation, de la Santé, des Affaires Sociales et du Sport, ses Secrétaires d’État auront probablement une très grande responsabilité. Cependant Géza Szőcs ne semble pas être d’accord avec la répartition des tâches au sein du gouvernement. Il a demandé, dans une lettre ouverte à Viktor Orbán, de revenir sur sa décision selon laquelle la direction des Instituts Balassi (centres qui représentent la culture hongroise à l’étranger) est désormais du ressort du Ministère de l’Administration Publique et non plus dans le portefeuille de la Culture, comme cela était le cas jusqu’ici.
Le premier projet culturel qu’il entend lancer est le programme Frère Julianus, qui aura pour but d’identifier les origines des Hongrois. (Au moyen-âge, le moine dominicain Julianus est parti en Asie centrale pour chercher les ancêtres du peuple hongrois. Il a réussi à trouver la patrie ancestrale, appelée aussi Magna Hungaria, Grande Hongrie, d’où les premiers Magyars seraient partis vers l’Europe). Ces recherches, accompagnées de nombreux tests ADN, tenteront de trouver les peuples auxquels les Hongrois ressemblent le plus. Selon la théorie officielle, les Hongrois font partie des peuples finno-ugriens, mais de plus en plus de chercheurs remettent en cause cette théorie, que, disent-ils, les Habsbourgs auraient inventée afin de rabattre l’orgueil des Hongrois. L’idée de mener une telle enquête ne date donc pas d’aujourd’hui, mais d’autres chercheurs estiment qu’elle coûtera trop cher au pays et que, dans sa situation économique actuelle, la Hongrie ne peut guère se la permettre.
Une autre projet de taille que Géza Szőcs envisage de mener à bien, s’intitule le Programme Márai (du nom d’un écrivain hongrois du XXe siècle, Sándor Márai). Les bases de ce projet, qui vise à faire connaître au public des œuvres littéraires jusqu’ici moins connues, ont été élaborées par l’ancien ministre socialiste de la culture, István Hiller. Selon son idée, les différentes maisons d’éditions hongroises publieraient des livres que les bibliothèques hongroises (qu’elles se trouvent en Hongrie ou dans les pays voisins) pourraient choisir et acheter à des prix préférentiels. Une somme de 1 milliard de HUF a été prévue pour ce programme, dont 900 millions financeraient l’achat des livres et 100 millions de HUF seraient destinés à la promotion du programme. Géza Szőcs compte réaliser ce projet, mais les conditions de sa mise en œuvre pourraient changer jusqu’au 1er août, date prévue de son lancement. De l’avis de certains spécialistes, il faudrait mieux encadrer le choix des bibliothèques et se servir de ce programme pour favoriser les écrivains qui ont du mal à trouver leur public.
Outre ces deux projets phares, Géza Szőcs souhaite faire de l’industrie du cinéma un domaine privilégié. D’une part, il considère que cette branche pourrait avoir des répercussions positives sur d’autres domaines culturels, comme la musique ou la littérature. D’autre part, les films réussis pourront contribuer à améliorer l’image du pays à l’étranger. «Un bon film rapporte plus au pays que cent excellents diplomates », a-t-il récemment affirmé.
Anna Bajusz
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