Visages politiques: Bálint Magyar

Visages politiques: Bálint Magyar

Bálint Magyar, figure emblématique du libéralisme en Hongrie, fut co-fondateur du parti SZDSZ en 1988. Il a été ministre de l’Éducation dans trois gouvernements sous les couleurs de ce parti qu’il a pourtant décidé de quitter l’été dernier.

Jeune diplômé de l’Université Eötvös Loránd (ELTE), où il a suivi une formation d’historien et de sociologue, Bálint Magyar devient opposant au régime communiste à la fin des années 1970. En 1979, il signe la dénommée «Charta 1977», par laquelle l’opposition tchécoslovaque protestait contre la violation des droits de l’homme par le régime communiste. Deux ans plus tard, il est expulsé de Pologne et perd son travail dans l’un des instituts de recherche de l’Académie hongroise des sciences, à cause de ses activités d’opposant. Dans les années 1980, il participe à la rédaction du journal Szamizdat Beszélô avec Gábor Demszky et travaille en tant que sociologue dans différents instituts de recherche. Au moment du changement de régime, il est co-fondateur du “Réseau des initiatives libres” (prédécesseur du parti SZDSZ) et membre de la Table ronde de l’opposition, qui a préparé le passage au régime démocratique en Hongrie.

Depuis 1990, Bálint Magyar est député. Il a été ministre de l’Éducation et de la Culture dans le gouvernement de Gyula Horn et président du SZDSZ entre 1998 et 2000. De retour à la tête du ministère de l’éducation en 2002, il a fait passer une réforme très controversée dans l’éducation supérieure en 2005. Depuis lors, les élèves de terminal peuvent choisir s’il souhaitent passer un bac de niveau dit moyen ou élevé. En même temps, les concours d’entrée dans les Universités hongroises, traditionellement très strictes, ont été abolis et les élèves sont désormais admis ou refusés en fonction des points qu’ils obtiennent au bac. Ils suivent ensuite une formation de trois ans et doivent passer un examen d’entrée s’il souhaitent continuer leurs études pendant deux années supplémentaires, tandis que, dans l’ancien système, chaque étudiant suivait une formation de cinq ans.

Ces changements ont été introduits suite à la conférence internationale de Bologne, à laquelle la Hongrie a participé en 1999. Lors de cette rencontre à Bologne (d’où le nom du “système de Bologne”), les dirigeants de trente pays européens se sont mis d’accord pour synchroniser leur système d’éducation supérieure dans le but de créer L’Espace européen d’éducation supérieure. Mais si ce dernier permet aujourd’hui aux étudiants hongrois de faire plus facilement des études à l’étranger, les changements ont souvent été critiqués par les professeurs universitaires. Ils considèrent que les facultés pouvaient mieux choisir leurs étudiants dans le passé avec les concours d’entrée individuels.

Outre ces critiques, Bálint Magyar a également dû faire face à l’échec du nouveau système du baccalauréat l’année même de son introduction puisque les sujets de littérature et de mathématiques sont sortis avant même que les examens de niveau moyen aient eu lieu, ce qui a conduit à l’invalidation de ces deux examens en 2005.

L’été dernier, Bálint Magyar était co-fondateur d’un nouveau mouvement libéral. Il entendait exprimer ainsi son désaccord avec Attila Retkes, qui a pris la direction du SZDSZ suite à la démission de Gábor Fodor, provoquée par les résultats catastrophiques du parti aux élections européennes. Avec Gábor Kuncze, ancien chef du parti, et Klára Sándor, jusqu’alors membre du SZDSZ, Bálint Magyar a créé la “Société civique du libéralisme”. Ils souhaitaient la développer en parti politique avant les élections législatives du mois d’avril afin de rivaliser avec le reste du SZDSZ. Mais, constatant la sérieuse perte de popularité des idées libérales dans le pays, ils semblent moins déterminés ces derniers mois et tardent à créer leur parti. Plusieurs personnages de la vie culturelle et intellectuelle ont déjà exprimé leur soutien envers ce nouveau mouvement, comme l’écrivain György Konrád, la philosophe Ágnes Heller ou la réalisatrice très reconnue Márta Mészáros. Cependant, un troisième mouvement libéral a également été lancé par Klára Ungár, ancien membre du SZDSZ, sous le nom de “Szabad Emberek Magyarországáért” (Pour la Hongrie des individus libres).

Anna Bajusz

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