Visages politiques: Attila Mesterházy

Visages politiques: Attila Mesterházy

La direction du parti socialiste (MSZP) a désigné Attila Mesterházy, chef du groupe parlementaire depuis le mois d’avril, comme candidat au poste de Premier Ministre lors des élections législatives du printemps prochain. La tâche s’annonce rude pour ce jeune député socialiste qui devra d’une part tenter de mobiliser les anciens électeurs du MSZP et, de l’autre, affronter Viktor Orbán, candidat probable du parti d’opposition Fidesz.

Attila Mesterházy incarne la nouvelle génération des socialistes et sa désignation, préférée à celles de László Kovács, jusqu’ici commissaire européen, et de Katalin Szili, ancienne présidente du parlement, porte un message assez clair provenant de la direction du parti: celui d’un changement de visage. Attila Mesterházy a obtenu son diplôme à l’Université des sciences économiques de Budapest en 1997, après avoir obtenu des bourses pour étudier en Espagne, aux Pays-Bas et à Vienne, en Autriche. Il a très vite mis à profit ses connaissances en matière d’intégration économique dans le gouvernement du socialiste Gyula Horn, pour lequel il préparait des analyses en 1997 et 1998. Il fut ensuite fondateur du groupe Fiatal Baloldal (La jeune gauche) en 1999, un mouvement de jeunesse au sein du parti socialiste. Il faisait partie du comité de conseillers de Péter Medgyessy, devenu plus tard Premier Ministre, dans le soi-disant Tízek Társasága (Société des Dix) lors de la campagne en vue des élections législatives de 2002. Ces dernières ayant été remportées par la coalition MSZP-SZDSZ, Attila Mesterházy devint secrétaire d’État au sein du Ministère de la jeunesse et des sports et a occupé la même fonction dans le premier gouvernement de Ferenc Gyurcsány entre 2004 et 2006. Il était vice-président du groupe parlementaire du MSZP entre 2006 et 2009, avant d’en prendre la direction en avril dernier.

Les délégués du parti socialiste ont accepté, le 28 novembre dernier, la décision des dirigeants du parti sur la désignation d’Attila Mesterházy, mais sa candidature sera également soumise au vote du congrès du parti le 12 décembre. Attila Mesterházy s’est d’ores et déjà prononcé sur sa mission qui consiste, selon lui, non seulement à prendre la responsabilité pour tous les succès et toutes les erreurs des sept dernières années, mais également à former une politique cohérente de l’après-crise. Au lieu de considérer le Fidesz comme un ennemi, il souhaite trouver le consensus avec ce parti dans les domaines les plus importants pour la Hongrie mais il a projeté une campagne offensive contre le parti nationaliste Jobbik. De son point de vue, la lutte contre ce dernier incarne «la guerre de la démocratie contre l’autoritarisme» et entend donc saisir toutes les occasions pour le critiquer. Pour autant, selon un premier sondage réalisé par l’Institut Nézôpont juste après sa désignation, Attila Mesterházy serait à peine plus populaire parmi les électeurs que Krisztina Morvai, figure emblématique du mouvement Jobbik. Seuls 5 à 6% des électeurs auraient voté pour chacun de ces deux candidats si les élections législatives avaient eu lieu le week-end prochain, tandis que 38% aurait penché pour Viktor Orbán et environ 15% des interrogés pour Lajos Bokros, le candidat du parti MDF au poste de Premier Ministre. Ce dernier aurait même été plus populaire dans l’électorat du MSZP qu’Attila Mesterházy.

Ce manque de confiance peut s’expliquer par l’éventuelle implication d’Attila Mesterházy dans l’affaire Zuschlag, l’une des plus grandes histoires de corruption qui secoue le parti socialiste. János Zuschlag, ancien dirigeant des jeunes socialistes, et ses quinze compagnons présumés, sont soupçonnés d’avoir touché 75 millions de HUF de subventions gouvernementales en présentant de faux documents au Ministère de la Jeunesse et des Sports à l’époque où Attila Mesterházy y était secrétaire d’État. Le procès, qui cherche à faire la lumière sur ces évènements, a débuté au mois d’avril et plusieurs témoins ont déjà accusé Attila Mesterházy d’avoir participé au détournement d’argent public. Lors de son interrogatoire fin novembre, il a assuré ne pas être pas impliqué dans cette affaire,. Mais l’histoire reste du pain bénit pour le Fidesz qui peut d’ores et déjà critiquer le candidat du MSZP en rappellant aux électeurs sa participation dans l’affaire Zuschlag. Dans un communiqué officiel, réagissant à l’annonce de sa désignation le 28 novembre, le Fidesz a en outre estimé que «Attila Mesterházy fait partie du passé dont les citoyens hongrois veulent se débarasser», faisant allusion son amitié pour Ferenc Gyurcsány, ancien Premier Ministre devenu très impopulaire.

Anna Bajusz

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