Virage à droite
Conformément aux prévisions, le Fidesz, principal parti d’opposition, a remporté la majorité des votes aux élections européennes, tandis que les partis socialiste (MSZP) et libéral (SZDSZ) ont payé très cher leurs erreurs commises ces dernières années au gouvernement. En revanche aucun sondage ne pronostiquait une telle percée du parti nationaliste Jobbik: avec 14,77% des voix il est devenu le troisième parti le plus performant en Hongrie.
Après une campagne qui, au lieu d’être caractérisée par les sujets européens, a été dominée par des thèmes de politique intérieure, les Hongrois ont sans doute exprimé leur mécontentement face à la politique des partis au pouvoir. Les partis de droite Fidesz et KDNP ont ainsi remporté 56,37% des voix et pourront envoyer 14 députés au Parlement européen. Quatre places seulement reviennent au Parti socialiste qui a remporté 17,38% des voix, à peine plus que le parti d’extrême-droite Jobbik crédité de 14,77% des voix et pourra envoyer trois députés au Parlement européen. Le MDF repart quant à lui avec une place grâce à son score de 5,3%. Les quatre autres listes, parmi lesquelles celle du parti libéral SZDSZ, n’ont obtenu qu’un très faible pourcentage de voix et, par conséquent, ces partis n’auront pas de représentation à Strasbourg.
Le succès de Jobbik, ce jeune parti nationaliste que jusqu’ici toutes les autres formations politiques ont essayé de mettre en “quarantaine”, va changer la donne de la vie politique hongroise. La popularité de leurs propos d’extrême-droite traduisent un profond mécontement des citoyens non seulement face à la performance des partis au pouvoir, mais également face à la politique modérée du parti Fidesz. Jobbik a misé avec succès sur la situation précaire de bon nombre de Hongrois dans la crise économique actuelle en leur proposant des solutions radicales. Pour protéger les agriculteurs, ils refusent par exemple le droit des étrangers à acheter des terres en Hongrie. Par ailleurs, leurs propositions pour, disent-ils, mettre fin de façon radicale aux crimes commis par les Tziganes et le slogan d’un certain “nouvel ordre” qu’ils pourraient mettre en oeuvre dans le pays ont attiré beaucoup de citoyens déçus par les partis traditionnels. En regardant les préférences électorales par région, on constate un net renforcement de Jobbik dans la région nord-est où, justement, les tension ethniques sont aujourd’hui les plus fortes.
Par ailleurs, ce scrutin européen représente le plus grand échec du parti libéral SZDSZ depuis le changement de régime. Le parti a recueilli seulement 2,16% des voix malgré leur campagne très active. Même la nouvelle formation LMP (Lehet Más a Politika) qui présentait une liste commune avec le Parti humaniste a été plus populaire lors de ces élections, avec 2,6% des voix. Gábor Fodor, chef du SZDSZ, a proposé sa démission suite à la publication de ces résultats catastrophiques, mais à l’heure où nous mettons sous presse on ne connaît pas la décision des députés sur l’avenir du parti. Les deux autres listes, celle du Parti des ouvriers et celle du parti Rrom ont par ailleurs reçu chacune moins de 1% des voix.
Anna Bajusz
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