Vacances avant 1989
Spécial anniversaire: 1989, 20 ans après
Aujourd’hui partir en vacances est essentiellement une question de moyens. Mais dans la Hongrie d’avant 1989, la plupart des familles passait ses vacances grâce au bon de séjour SZOT (Conseil National des Syndicats) dans des centres de vacances syndicaux.
De tels centres de vacances existaient au bord du lac Balaton, mais aussi dans les montagnes Mátra et Bükk. On pouvait demander ces bons sur son lieux de travail et, s’il avait la chance de l’obtenir – ce qui était le signe d’une véritable récompense – l’employé et sa famille pouvait passer ses vacances pour une somme modique voire même gratuitement dans les centres en question. Ce bon était valable pour une ou deux semaines pendant lesquelles le travailleur était en pension complète et avait la possibilité de trouver repos dans des bâtiments rappellant vaguement des hôtels.
Dans les vrais hôtels, les habituées n’étaient quant à eux pas hongrois. Ce type de logement était typiquement le lot des étrangers, surtout ceux qui venaient de l’ouest, de même que les fameuses “Zimmer frei” à louer. Les familles qui vivaient dans des lieux favorables du point de vue touristique louaient ainsi leur maison et vivaient quant à elles souvent dans les bâtiments annexes ou le garage. L’argent ainsi réuni en devise et net d’impôt était souvent synonyme d’enrichissement pour ces familles. Et pour cela, il ne fallait même pas un minimum de connaissance des langues, les gens se comprenaient par signes.
Le nombre de chambres d’hôtel étant peu élevé et les logements privés offrant l’avantage de ne pas être strictement enregistrés et de ne pas subir les contrôles de l’Etat, ainsi souvent les familles est et ouest allemandes se rencontraient-elles dans ces logements. Ceux qui occupaient une fonction importante au sein du parti, de leur syndicat ou de leur entreprise détenaient souvent des résidences secondaires ou terrains de week-end plus ou moins grands où ils avaient l’habitude de passer leurs congés.
Les Hongrois pouvaient évidemment aussi aller à l’étranger. La côte bulgare était populaire et peu chère. En Trabant, en “kis Polski” ou en Lada, on pouvait atteindre la Côte Ensoleillée en deux jours. Une fois arrivés, un billet de 10 Leva caché dans le passeport assurait une réponse positive à la question: «Y-a-t-il une place de tente ou un bungalow libre?» Dans les campings du bord de la mer, on n’entendait parler pratiquement qu’en hongrois et flottait autour des tentes un parfum typique de “lecsó” en conserve.
Et puis il y avait la minorité chanceuse qui, en changeant son enveloppe de devise de 50 dollars autorisés tous les trois ans – et en y ajoutant le reste de devises reçues des parents vivants à l’Ouest ou achetés au marché noir – pouvait s’inscrire à un voyage organisé à l’Ouest par IBUSZ (pratiquement l’unique agence de voyage de l’époque). Avoir de l’excédent de devise était bien sûr interdit, ainsi passait-on la frontière hongroise en cachant son argent dans ses chaussettes.
Pour les enfants, il existaient encore en 1989 des camps de pionniers. Les deux grands camps était ceux de Csillebérc et de Zánka qui accueillaient gratuitement, en général pour deux ou trois semaines, les élèves qui obtenaient de bons résultat. Mangeaient dans de grandes salles des jeunes venus de tout le pays et même des pays socialistes amis, pour qui les enseignants organisaient des programmes variés et obligatoires toute la journée.
Enfin, on pouvait aussi choisir d’aller dans des camps d’été de l’école primaire, à côté des lacs ou dans les montagnes. Dans ces camps, les enfants étaient de garde la nuit, jouaient à des jeux de société, apprenaient des chansons puis se faisaient leurs adieux à côté d’un grand feu de camp. C’est dire combien ces camps offraient une expérience pour la vie!
Béata Szathmary
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