UNE SOIRÉE, TROIS LAURÉATS
Soirée Théâtre à l’Institut Français de Budapest avec trois troupes de lycéens francophones.
Tout commence à Pécs
Peut-être le saviez-vous, peut-être pas : chaque mois comme partout dans le monde, dans toute la Hongrie, de Budapest à Pécs, en passant par toutes les grandes villes du pays, est organisé le Mois de la Francophonie. Ce rassemblement festif unit francophones et francophiles. Durant ces quatre semaines, de multiples programmes culturels sont proposés, de la conférence au concert, en passant par le cinéma et le théâtre. À Pécs, c’est précisément entre le 21 et le 24 mars cette année que le « Festival de Théâtre Lycéen Francophone», organisé par l’association « Frandia » (Fondation pour le théâtre scolaire en langue française) et la section francophone du lycée Leőwey a réuni, pour la 27ème fois des troupes de lycéens venus de toute la Hongrie pour concourir, mais également du Québec, de Roumanie, de République Tchèque et d’Égypte pour y présenter leur travail, soit 18 troupes au total.
L’Institut Français de Budapest, partenaire de ce Festival, a voulu nous faire connaître le talent de certains jeunes en organisant le jeudi 26 mai une Soirée Théâtre réunissant trois troupes lauréates de l’édition 2016.
Trois pièces, trois prix.
Les élèves du lycée AKG de Budapest ont ouvert le bal ou plutôt le ballet avec une adaptation de « Platée » de Rameau. La troupe qui a remporté à Pécs « le prix de la meilleure comédie » ne l’a pas volée. L’adaptation est en effet dotée de très nombreux traits d’humour et d’un ton burlesque renforcés par des costumes très originaux. Les jeunes ont investi l’auditorium et la scène avec aisance, la transformant en l’espace d’un instant en un musée antique. Les codes sont inversés, Junon devient homme, tandis que Jupiter devient femme. Platée a des palmes et a bien du mal à faire comprendre qu’elle ne s’appelle pas « Pâté » ! Les statues du musée n’ont pas eu de mal à surprendre le public en leur racontant la douloureuse mais néanmoins comique histoire de « Platée ».
Ce furent ensuite au tour des comédiens du Lycée Illyés Gyula de Budaörs de présenter une création originale, « Moi et l’Autre » écrite par l’un d’eux, PAPP Máté, un jeune homme de 17 ans ! Plutôt qu’une pièce, il s’agissait de plusieurs scènes jouées avec finesse et nous incitant à réfléchir sur les écueils et les subtilités des relations humaines. L’altérité comme miroir mais aussi comme obstacle, l’autre comme faire-valoir ou repoussoir ? Et surtout se dire que si pour moi, l’autre c’est lui, pour lui, c’est moi ! La troupe a reçu le prix de « la pièce la plus engagée politiquement et sociétalement ». Certes, les thèmes abordés étaient concrets et sérieux mais le jeu et le texte proposaient assez de fluidité etd’humour pour demeurer dans le registre de la comédie et faire passer le message avec le sourire, celui des comédiens et des spectateurs.
La troisième troupe fut celle des ré-acteurs, formée par les élèves du Lycée Français de Budapest. C’est avec Antigone d’Anouilh qu’ils ont eu le grand honneur et bonheur de remporter le 1er prix, dit aussi « Grand prix du festival de Pécs ».
Le jeu des comédiennes était énergique et maîtrisé, qu’il s’agisse de Flamenco, de cirque ou de combat d’épée. Cette diversité vous laisse entrevoir la richesse de la mise en scène : inventive et ludique. Elle a permis de tirer le meilleur des jeunes actrices tout en respectant l’esprit de l’auteur et l’histoire tragique de la « petite Antigone », ardente et absolue, pour qui vivre avec des compromis est pire que la mort.
Ce prix récompense une année de travail collectif et permet aux « Ré-acteurs » de représenter la Hongrie au Festival des Festivals, qui se tiendra au printemps 2017, en France, à La Roche-sur-Yon.
Et les entractes ?
Si entre les pièces il ne fallait ni moucher les chandelles ni en rallumer de nouvelles, il y avait malgré tout besoin d’un peu de temps pour la préparation de la scène. Afin d’égayer les intermèdes, l’équipe de l’Institut nous avait concocté un petit quizz… distribué à notre arrivée, nous dûmes le remplir et le rendre à la fin de la première pièce… et c’est en attendant la troisième qu’a eu lieu le tirage au sort de trois bulletins portant les bonnes réponses. Trois heureux gagnants se sont vus attribuer un lot « spécial institut » comportant, entre autres spécificités culturelles, de vraies têtes brûlées au coca !
Le mot à retenir : Bravo !
Bravo à tous, élèves et enseignants, pour leur investissement, leur énergie, le travail fourni et les résultats. Au-delà de l’admiration et du plaisir que ce moment nous a procuré, c’est aussi une grande satisfaction de voir de quelle manière le jeu théâtral peut aider dans l’apprentissage et la maîtrise d’une langue étrangère ou maternelle…
Nous attendons avec impatience de nouvelles soirées et comptons sur l’Institut français de Budapest et les Alliances françaises de Hongrie pour assouvir notre soif de théâtre en français.
Ayala Borsos
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