Une semaine arc-en-ciel
C’est avec la marche des dignités homosexuelles que s’est achevée la 14e Gay Pride, samedi 5 septembre, dans le calme et aux couleurs de l’arc-en-ciel, symbole de la diversité sociale, sexuelle, religieuse et ethnique. De nombreuses animations culturelles, conférences et un festival de film, orga-nisés au nom de la tolérance, de la lutte contre les discriminations et pour le respect des droits de l’homme, ont eu lieu lors de cette manifestation qui s’est déroulée du 30 août au 06 septembre.
Voici 14 ans que Budapest fait parti des 90 villes où est organisée chaque année la Gay Pride, manifestation culturelle des homosexuels, bisexuels et transsexuels. Cet événement est orga-nisé en hommage aux émeutes sur-venues à New York en 1969, lors lesquelles les clients du bar Stonewall Inn (dans le quartier de Greenwich Village) ont affronté la police qui se montrait insultante et provocatrice à l’égart du milieu homosexuel. Ces émeutes représentent le moment symbolique marquant le début du mouvement des droits civiques pour les homosexuels, aux États-Unis et partout dans le monde.
Aujourd’hui la Gay Pride a pour but d’encourager les homosexuels et bisexuels à assumer leur mode de vie et être fier de leur orientation et identité sexuelles. Cela fait donc 40 ans que, durant une semaine, les homosexuels manifestent en faveur de la reconnaissance de leur égalité et de leur liberté. En Europe, outre des manifestations nationales, est organisée l’EuroPride – la Gay Pride européenne, accueillie cette année par la ville de Cologne, en Allemagne.
Tandis que les manifestations spectaculaires des grandes villes attirent parfois plusieurs millions de visiteurs, à Budapest le nombre des spectateurs est encore restreint. Il était estimé cette année à 1500 personnes, avec la parti-cipation de plusieurs célébrités, notamment Ferenc Gyurcsány, l’ancien Premier Ministre, qui soulignait à cette occasion que la lutte pour les droits fondamentaux est l’affaire de tous. Le festival était soutenu par 14 ambassades, qui ont publié un communiqué commun, par de nombreux associations et mouvements civils, tous revendiquant le respect des droits et libertés individuels et collectifs, la défense et la sécurité des minorités sociales.
«Budapest a intérêt à accueillir de tels festivals, car à côté des avantages socio-culturels qu’ils représentent, c’est une bonne occasion de se singulariser et de se distinguer des autres grandes villes de la région, ce qui peut avoir des effets positifs du point de vue touristique également», a souligné Gábor Demszky, maire de Budapest. Notons qu’à l’Est de l’Europe, la capitale hongroise est la seule à organiser la Gay Pride. Contrairement aux deux dernières éditions, au cours desquelles de nombreux heurts avaient éclaté, cette année la mobilisation des forces de police s’est révélée plus efficace et l’événement s’est déroulé sans perturbation notable, malgré les menaces des groupes extrémistes, ne tolérant «aucune déviance sexuelle».
En Hongrie, la politique minoritaire, qu’elle soit ethnique ou sexuelle, est plutôt libérale, c’est-à-dire qu’elle favorise le libre choix de son mode vie à condition qu’il soit pratiqué dans le respect des libertés fondamentales d’autrui. C’est ainsi que le gouvernement a élaboré, l’année dernière, une réglementation sur le PACS, permettant de légaliser les relations entre personnes de même sexe. En Europe, la Hongrie figure parmi les rares pays à avoir légitimer ces relations. Seuls les Pays Bas, la Belgique, l’Espagne, la Norvège et la Suède reconnaissent les mariages homosexuels. Notons toutefois qu’en Hongrie la règlementation reste encore incomplète: tandis qu’elle permet de régulariser les actes financiers et de succession, elle ne couvre pas le droit familier, c’est-à-dire la possibilité d’adopter des enfants.
Quoique l’Union Européenne dispose de directives sur l’égalité civile des homosexuels, aucune politique commune n’a été élaborée pour régler la question des discriminations relatives à l’orientation sexuelle. D’ici là, il reste aux homosexuels chaque année une semaine de liberté sous le symbole de l’arc-en-ciel.
Kata Bors