Une organisation chaotique

Une organisation chaotique

La ville de Pécs, l’une des trois Capitales Européennes de la Culture 2010, a bénéficié de plus de 5 ans pour concevoir une programmation culturelle mais aussi mettre en œuvre les infrastructures dédiées à cet événement. Or, à l’heure où sont senser débuter les festivités, ce sont d’avantage les “affaires” qui monopolisent l’attention.

 Parmi les problèmes liés à l’organisation de Pécs 2010, il faut avant tout compter sur la succession de trois maires à la tête de la ville au cours de ces 5 dernières années. Tout d’abord le très populaire László Toller (MSZP), victime d’un accident de voiture en 2006 et depuis lors dans le coma, a été remplacé par Péter Tasnádi (MSZP), mort d’un cancer deux ans plus tard. Ce sont donc les trois vice-maires qui ont eu la tâche d’administrer la ville et de gérer la préparation de Pécs 2010 jusqu’à l’élection de Zsolt Páva (Fidesz) en mai 2009.

Outre ces changements, la ville de Pécs a connu d’autres vicissitudes, comme le résume un article paru sur le site Index qui explique que, dès le début, le projet de Pécs 2010 a connu de nombreux rebondissements. Ainsi, dès 2006, le directeur artistique à l’orgine de la candidature de Pécs a-t-il donné sa démission en attirant l’attention sur les nombreux conflits qu’il préssentait entre la sphère politique et les enjeux économiques du projet.

Par ailleurs, la communication n’était pas des meilleures entre l’équipe artistique et les politiques. Ainsi, l’organisateur du programme n’a-t-il pas su pendant longtemps que la mairie avait l’intention d’importer le plus grand marché artistique américain à Pécs. S’agissait-il d’un problème de communication ou d’un conflit d’intérêt? Quoiqu’il en soit, il n’est pas étonnant dans ces circonstances que le directeur de la société Európa Centrum Kht. ait lui aussi quitté le projet en 2007. Parallèlement à ces départs volontaires, le responsable des projets architecturaux a quant à lui été renvoyé pour incompétence. Quelques mois plus tard, ce fut au tour du nouveau directeur artistique de démissionner car, expliquait-il à l’époque, ses «possibilités et responsabilités s’étaient restreintes».

Une telle loi des série est pour le moins inhabituelle dans le cadre d’un projet d’une telle envergure. La société Pécs 2010, créée pour l’occasion, en est en effet déjà à son quatrième directeur! Comme le soulignait l’hebdomadaire Magyar Narancs dans l’un de ses derniers numéro, nul ne se sent responsable là où la responsabilité est répartie entre six personnes... Il semblerait donc que la désorganisation du projet soit en étroite relation avec des histoires de corruption, des problèmes d’incompétence et d’autres liés aux lenteurs de la bureaucratie.

Parenthèse intéressante : jusqu’à l’élection de Zsolt Páva à la tête de Pécs en mai 2009, la direction de la ville revenait aux socialistes, particulièrement critiqués pour leur gestion et enviés dans les rangs du Fidesz qui avait soutenu la candidature de Debrecen (dont le maire est Lajos Kósa) comme Ville Européenne de la Culture en 2010. C’est pourquoi l’opposition a-t-elle choisi de construire à Debrecen sa propre ville culturelle européenne en quelque sorte. Plusieurs investissements ont été réalisés, dont une grande partie des projets qui figuraient dans la candidature de la ville. Parallèlement, le Fidesz, et la mairie de Debrecen en particulier, critiquaient sévèrement et systématiquement la direction socialiste de Pécs. Mais depuis l’élection de Zsolt Páva, la politique de Debrecen a changé du tout au tout, les maires des deux villes se présentant côte à côte pour lutter et assurer à Pécs le succès de son année culturelle européenne.

Tímea Ocskai

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