Une minorité allemande en Hongrie ?

Contrairement à la pensée commune la Hongrie s’est faite, tout comme la France, d’une succession de vagues migratoires venues de toute l’Europe. Outre les tribus Magyares arrivées en 896 sont venues s’installer notamment des tribus mongoles et celtes, des Saxons en Transylvanie et en Banat, des Lorrains, des Wallons et des Turcs… C’est d’ailleurs suite à la défaite de ces derniers lors de la chute de Buda (1686), après 150 ans de domination ottomane, que les Habsbourg décident d’encourager l’installation de colons émigrés d’autres contrées de l’Empire. Parmi ces nouveaux arrivants, les Allemands seront les plus nombreux.

Afin de repeupler des zones rendues désertiques et de permettre une meilleure résistance face à d’éventuels envahisseurs ce sont donc des milliers de paysans majoritairement viticulteurs qui vont venir s’installer en Hongrie. Ces Allemands (Souabes ou Svábok) y raniment la culture du vin en apportant de nouvelles techniques. Entre les deux guerres mondiales certains se laissent attirer par un mouvement pro-hitlérien, le « Volksbund », et s’engagent auprès de l’Allemagne. Aussi, en 1944, devant l'arrivée de l'armée rouge beaucoup de Souabes doivent fuir ou se cacher, la plupart étant jugés indésirables. Quelques-uns néanmoins résistent à la pression et restent en Hongrie. C’est ainsi que le futur président de la Hongrie, Ferenc Mádl, a dû se cacher pendant deux ans le temps que les esprits se calment.

Avec la chute du communisme certains sont revenus en Hongrie et ont parfois même racheté leur maison familiale. Aujourd’hui, quelque 100 000 descendants (les Schneider, Bergmann …) de ces colonisateurs ont conservé leurs activités liées à la culture de la vigne. Dans toutes les régions viticoles de Hongrie l’on trouve encore des villages habités par les descendants allemands qui se sont intégrés à la po-pulation hongroise. Parmi ces villages dans les environs immédiats de Budapest il y a par exemple Solymár, Üröm, Budakeszi… Dans la région de Mor les noms des villages sont souvent indiqués en hongrois et en allemand et certains villages ont eu pendant longtemps une population presque entièrement allemande. Certains Hongrois d'origine souabe disent que leurs grands-parents ne parlaient pas le hongrois.

Aujourd’hui, les très nombreux descendants des colons allemands constituent, au même titre que les Palóc par exemple (autre minorité), une composante essentielle et culturellement très dynamique de la nation hongroise. Ils ont su garder, ou-tre leur langue schwäbisch (dialecte allemand), des contacts étroits avec l’Allemagne et des traditions très fortes (vêtements folkloriques, gastronomie…).

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