Un Hongrois au Festival de Cannes
La sélection de la 61e édition du festival de Cannes a retenu en compétition les films de Clint Eastwood, de Steven Soderbergh, de Wim Wenders et des frères Dardenne tandis qu’Indiana Jones IV de Steven Spielberg et le dernier Woody Allen seront projetés en avant-première mondiale. Un Hongrois aussi, Kornél Mundruczó.
Deux cinéastes français seront en lice pour la Palme d’Or, du 14 au 25 mai: Arnaud Desplechin avec Un conte de Noël et Philippe Garrel avec La frontière de l’aube.
Après une édition 2007 très américaine, seuls deux auteurs chevronnés venus des Etats-Unis seront en compétition. L’un est Clint Eastwood avec The Changeling, un thriller. Ce drame qui se déroule dans les années 20 est une histoire vraie: Angelina Jolie incarne une maman dont le fils a été kidnappé, mais après l’avoir récupéré, elle se demande s’il s’agit vraiment de son petit. Avec Sean Penn à la présidence du jury, il n’y aura pas de suspense: le comédien doit à Eastwood son Oscar du meilleur acteur 2003 pour Mystic River. Pas question de laisser Clint Eastwood, 77 ans, quitter une cinquième fois la Croisette bredouille.
Le deuxième Américain, Steven Soderbergh, lauréat de la Palme d'Or en 1989 avec Sexe, mensonges et vidéo viendra avec Che, un film de quatre heures (!) sur la vie du guérillero Ernesto Che Guevara, campé par Benicio Del Toro.
Aux côtés de l’acteur-réalisateur américain Sean Pen, feront aussi partie du jury Sergio Castellito (acteur, réalisateur italien), Natalie Portman (actrice israélo-américaine), Alfonso Cuajon (réalisateur mexicain), Apichatpong Weerasethakul (réalisateur thaïlandais), Alexandra Maria Lara (actrice allemande) et Rachid Bouchareb (réalisateur français).
Comme de coutume, la sélection mêle cinéastes de renom -le Canadien Atom Egoyan (Adoration), les frères belges Dardenne, lauréats de la Palme d’Or en 1999 (Rosetta) et 2005 (L’enfant), Wim Wenders, Palme d’Or 1984 (Paris Texas) - et de nouveaux talents.
Il faudra se méfier des nouveaux venus. Parmi eux se trouve un Hongrois, Kornél Mundruczó, avec son film Delta en compétition pour la Palme d’Or. Ce jeune cinéaste hongrois est né à Gödöllô en Hongrie en 1975. Il a étudié à l’Institut du Film Hongrois et a été récompensé par de nombreux prix. Son premier long-métrage, Pleasant day, est un drame acclamé par la critique internationale et primé par le Léopard d’argent de la meilleure première oeuvre au Festival de Locarno en 2002. Tout comme Johanna, une libre adaptation de l’histoire de Jeanne d’Arc sélectionnée à Cannes dans la section Un certain regard en 2005. Après cette timide apparition, cette année il revient sur la Croisette en compétition officielle. Avec ce film, il a déjà remporté le Prix du meilleur film lors de la Semaine du Film hongrois en 2008. Désillusions, relations familiales difficiles, rejet de l’autre… Autant de thèmes propres au cinéma de Kornél Mundruczó. Ces thèmes lourds sont difficiles à traiter et parfois difficiles d’accès pour le grand public, mais son dernier film semble être plus complet et plus abouti que les autres. Avec seulement trois réalisations à son actif, il a aujourd’hui trouvé son style et prouve qu’il peut jouer dans la cour des grands. Selon les bruits de couloir de Cannes, il pourrait obtenir le prix de la meilleure mise en scène… Inch Allah.
Il faudra se méfier aussi de ceux qui ont déjà secoué la compétition mais qui sont rentrés bredouilles: qu’il s'agisse du Chinois Jia Zhangke, de l’Argentine Lucrecia Martel, du Brésilien Walter Salles, ou de l’Italien Paolo Sorrentino en compétition pour la troisième fois avec Il Divo, un portrait fictif de l’inoxydable ancien premier ministre italien Giulio Andreotti.
Enfin, deux films très attendus seront dévoilés hors compétition: il s’agit de Vicky Cristina Barcelona tourné en Espagne par Woody Allen avec Penélope Cruz, Scarlett Johansson et Javier Bardem et d’Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal de Steven Spielberg, le quatrième volet des aventures de l’archéologue-aventurier incarné par Harrison Ford.
Cette fois-ci, David Lynch sera là en tant que producteur du film de sa fille Jennifer qui a réalisé Surveillance. Cette histoire d’un tueur en série sera aussi projeté hors compétition.
Et puis, il y a ces autres abonnés de la Croisette, primés par le passé, qui auront peut-être, avec Soderbergh, l’élégance de rater un peu leurs nouveaux films pour laisser enfin place au grand Clint que tous vénèrent : le Turc Nuri Bilge Ceylan (Grand Prix 2004 pour Uzak), les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, Atom Egoyan (Grand Prix 1997 pour De si beaux lendemains) ou Wim Wenders.
D’autant que cette 61e édition sera celle des grandes figures, sous forme documentaire aussi. L’Américain James Toback s’est frotté à Mike Tyson (Tyson), le Serbe Emir Kusturica a poursuivi Diego Maradona (Maradona), l’Américain Abel Ferrara a ressuscité les artistes qui ont émergé au Chelsea, légendaire résidence plantée au cœur de Manhattan (Chelsea Hotel), l’Anglaise Marina Zenovich, qui avait signé un documentaire sur Bernard Tapie, s’attaque, cette fois et hors compétition, à Roman Polanski (Roman Polanski: Wanted and Desired).
Une curiosité excitante pour la fin ! Le documentaire du journaliste Daniel Leconte consacré aux démêlés de Charlie Hebdo et de ses caricaturistes avec les intégristes de tout poil. Titre prometteur du film: C’est dur d’être aimé par des cons.
Résultat des courses, le 25 mai, avec la remise de la Palme, les révélations, les déceptions et tout le meilleur de Cannes !
Ditta Kausay
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