Tisza, la rivière maudite ?

Tisza, la rivière maudite ?

Pollution provenant d’Ukraine et de Roumanie et inondations, la deuxième plus grande rivière de Hongrie est stigmatisée par des catastrophes à répétitions.

 

 

Inondations

C’est après la grande inondation de 1830 que l’on a commencé à tenter de réguler la Tisza, mais sa situation géographique empêche de trouver une réelle solution à ce problème. En effet, 80% de sa superficie se trouve 200 mètres en-dessous du niveau de la mer et de nombreux territoires restent donc exposés au danger d’inondation. On peut facilement distinguer deux périodes à haut risque: le niveau de la rivière monte surtout au printemps (d’avril jusqu’à juin) et en automne (octobre). En Europe, un seul un pays en Europe s’avère plus encore menacé par la montée des eaux: les Pays-Bas.

Les inondations de la Tisza au cours du siècle dernier ont causé de nombreux dégats. En 2001, il a fallu reconstruire des villages entiers car les mesures de protection s’étaient avérées insuffisantes. On a même eu besoin de l’aide des habitants pour remplir des sacs de sable afin de construire des digues. Des militaires sont également venus prêter main forte à la population sans pourtant réussir à prévenir la rupture de ces forteresses de fortune.

En juillet, il a fallu évacuer plus de 2000 estivants de trois villages le long de la Tisza, car les stations balnéaires dans lesquels se trouvaient trop près des digues. Fin juillet, la Tisza avait atteint un niveau très élevé, non seulement à cause des inondations « normales », mais aussi à cause d’une pluie de 30-60 mm tombée en un seul jour.

Selon le calcul du ministère de l’environnement, la lutte contre les inondations a coûté plus de 120 millions de HUF cette année. László Kóthay, secrétaire d’État au ministère de l'environnement a annoncé qu’on dépenserait 150 milliards de HUF jusqu’en 2013 pour la protection contre les inondations.

Pollution

La Tisza a régulièrment été menacée par des accidents ayant eu lieu dans des pays voisins de la Hongrie. Ainsi, en décembre 2007, des déchets communaux provenant d’Ukraine ont atteint la frontière hongro-ukrainienne avant d’être interceptés au niveau du réservoir d’eau de Kisköre.

Depuis l’an 2000, la pollution de la Tisza provenant d’Ukraine et de Roumanie est un grand problème. En effet, il y a huit ans, la partie hongroise de la rivière a été victime d’une pollution d’origine roumaine lors d’un accident industriel : la flore et la faune de plusieurs fleuves hongrois (le Danube, la Tisza), roumains et yougoslaves avaient alors été les victimes de la brèche accidentelle d’une digue en Roumanie, la pollution provenait alors d’une mine dont le propriétaire était la société australienne Aurul.

La Tisza supérieure représente un écosystème très diversifié – on y compte 29 espèces de poissons protégées en Hongrie dont 19 se trouvent dans cette rivière – mais la concentration extrême de cyanure, qui avait causé la destruction de toute la vie aquatique, y compris microscopique, de la rivière Somes (côté roumain), avait également été significative dans la Tisza. L’effet de la pollution par le cyanure avait également été multiplié à cause de la forte concentration de cuivre. Les boues toxiques avaient fait disparaître toute trace de vie dans la Tisza.

La catastrophe de 2000 aurait facilement pu se répéter en juillet dernier: le président roumain Traian Basescu a averti la Hongrie d’une pollution possible qui pourrait dépasser les frontières nationales, lorsque des inondations dans le nord de la Roumanie avaient affecté la paroi des réservoirs de cyanure et des déchets miniers.

En effet, depuis le désastre au cyanure de 2000, aucun réservoir dangereux n’a été supprimé et les experts de l’Union Européenne et des Nations Unies ont recensé plus de 50 sources de pollution potentielles dans le bassin des Carpates, dont la plupart se trouve en Roumanie. Des activistes de la protection de l’environnement ainsi que plus de 40 organisations civiles des pays des Carpates veulent obtenir l’interdiction des technologies ayant recours au cyanure pour l’extraction de l’or.

Fin juillet, on a de nouveau retrouvé les traces d’une pollution qui s’était répandu en Roumanie à proximité de la frontière hongroise, où l’on a recensé un niveau très élevé de métaux. Mais cette fois, les choses n’ont pas pris une tournure catastrophique: la vase polluée au niveau du territoire roumain a été diluée et les eaux de la Tisza n’ont pas été menacées. Mais les experts roumains ont réagi avec un retard significatif : ils n’ont signalé la pollution accidentelle que le lendemain (27 juillet) de l’accident. Or, la pollution peut parcourir des centaines de kilomètres en un seul jour. Ainsi la Roumanie a-t-elle transgressé la convention pour la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontaliers – affirment des experts hongrois.

Tímea Ocskai

 

Catégorie