THÉATRE: la Comédie-Française

THÉATRE: la Comédie-Française

Dans le cadre de la Saison culturelle européenne, inaugurée avec la présidence française de l’UE, la Comédie-Française est actuellement en tournée dans des pays d’Europe Centrale et Orientale, qui ont récemment adhéré à l’UE. Le 20 décembre, le théâtre français considéré comme le plus prestigieux se produira sur la scène du Théâtre National hongrois, celui qui a l’ambition et peut-être aussi le devoir (selon les politiques au moins) de devenir le plus prestigieux de ce pays.

 

 

De nombreux points communs unissent les deux institutions et, dans l’état actuel des choses, nous ne pourrions même pas imaginer que les comédiens français débarquent sur la scène d’un autre théâtre de Hongrie. Muriel Mayette, la première femme nommée administrateur général de la Comédie en 2006, 21 ans après son entrée, respecte les traditions de la maison de Molière tout en oeuvrant à un certain rafraîchissement des effectifs artistiques et conceptuels. La Comédie-Française, cette institution unique et étrange du point de vue de sa structure en France, a toujours eu pour objectif de présenter les auteurs classiques de la dramaturgie française y compris, en chef de file, Molière. Mais pourquoi ne pas leur donner de temps en temps une touche de modernité ? C’est ce que nous allons voir dans la mise en scène des Précieuses ridicules, signée par le metteur en scène britannique Dan Jemmett. Nous espérons que celui-ci aura introduit dans ce spectacle toutes ses expériences acquises au gré de ses errements dans les rues du monde en tant que marionnettiste et grâce à son travail sur les textes de Heiner Müller, Brecht, Kafka et Borges. Toutefois, déjà la musique laisse deviner que l’art cinématographie imprègne fortement cette interprétation de la pièce de Molière.

Avant de revisiter ce classique, la Comédie-Française propose la pièce d’un auteur italien contemporain, La Festa de Spiro Scimone (1964-) qui dévoile avec une cruauté à la fois poétique et absurde les perversités de nos relations familiales. Il s’agit d’une composition à trois voix, celles de la mère, du père et du fils unique qui se préparent à fêter l’anniversaire du mariage des parents. Vu la distribution et les photos du spectacle, la mise en scène du jeune artiste bulgare, Galin Stoev nous promet une représentation qui met l’accent sur la transparence de nos petits jeux humains. Stoev commence déjà à connaître toutes les salles de la Comédie-Française : il a débuté, en mars 2007, au Théâtre du Vieux-Colombier avec La Festa, a dirigé une pièce de Hanokh Levin cette année au Studio Théâtre avant d’arriver enfin à la Salle Richelieu, le 6 décembre dernier, avec L’Illusion comique. Une carrière internationale prometteuse, surtout si l’on rend compte du fait que le jeune homme, natif de Varna, fut programmé au 61e Festival d’Avignon avec l’Oxygène d’Ivan Viripaev – visiblement, il ne se situe pas loin de l’univers des oratorios dramatiques très en vogue depuis une bonne dizaine d’années.

Des points communs entre les deux institutions ? Le tempérament de leurs directeurs peut-être. Róbert Alföldi, quarantenaire énergique, n’a pas froid aux yeux pour postuler une deuxième fois à la direction du Théâtre National. Il proclame ouvertement sa volonté de renouveler la conception artistique de l’institution, ce qui est également prouvé dans la communication : sur les affiches nous invitant à découvrir la fine fleur du théâtre français, un caniche de verre montre précieusement ses charmes kitsch, avec une tache de souillure stylisée là-dessous.

Sophie Lemeunier

 

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