Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise...
La mairie de Budapest est de nouveau prise dans la tourmente. Outre les scandales liés au BKV, elle semble également avoir trempé dans des affaires de fraude liées à la société des Bains et Eaux Thermales de Budapest.
Moins connus du grand public que l’affaire du BKV, les scandales qui éclaboussent le Budapest Gyógyfürdői és Hévizei Zrt. (BGYH, Les Bains et Eaux Thermales de Budapest) semblent aussi complexes que ceux qui secouent l'entreprise publique des transports budapestois.
Rác fürdő
Une enquête a débuté en octobre dernier dans le cadre d'une affaire de détournement de fonds de 300 million de HUF autour de la reconstruction du Rác fürdő. Cette enquête a été lancée sur l'initiative des conseillers municipaux Fidesz qui prétendent que 75% de ces bains – jusqu’alors propriété nationale – ont été vendus lors de la création de la Rác Nosztalgia Kft. Cette société, dotée de seulement 3 million de HUF de capital, a été créée pour réaliser les travaux de reconstruction de ces bains. István György, le vice-président de la fraction budapestoise du Fidesz, revendiquait un partage plus équitable entre les propriétaires de Rác Nosztalgia Kft. et critique notamment la mairie pour avoir permis, à 6 reprises, le ré-échelonnement du rendu final des travaux, sans en préciser toutefois la raison. Le Fidesz accuse également la fraction socialiste au sein de la mairie d’avoir négligé la hausse des frais dus à ce retards. Selon lui, la mairie n’avait en aucun cas besoin de créer cette compagnie n’ayant de ressources ni techniques ni financières. Le MSZP se défend en affirmant que, sans cette compagnie, la mairie n’aurait pas eu droit aux crédits nécessaires pour la reconstruction. Par ailleurs, le Fidesz ne s'explique toujours pas pourquoi la direction socialiste a renoncé à son droit d'utiliser gratuitement l'eau thermale de ces bains, au bénéfice des autres propriétaires de Rác Nosztalgia Kft. En somme, de nombreuses questions entourent encore la reconstruction des bains Rác et ce n’est pas tout…
Portiques de sécurité
István György a également trouvé une autre raison pour dénoncer la direction socialiste auprès du procureur général. Il s’agit de l’installation des nouveaux portiques de contrôle dans tous les bains de Budapest. En 2007, le BGYH avait lancé un appel d'offre pour munir les bains de ce dispositif. Selon les sources de l'hebdomadaire Figyelô, l'appel d'offre a été partiellement rédigé par un employé de Navigátor Zrt., l'une des trois sociétés ayant répondu à ce concours. Navigator Zrt. avait fait une proposition s'élevant à 600 million HUF avant de devoir se rétracter, l'appel d'offre ayant été annulé après ces révélations. Un autre appel d'offre a été publié par la suite, auquel les trois anciens candidats ont répondu. Cette fois, c'est la société BGYH qui les a rejeté sous le prétexte qu'aucune de leurs propositions n'étaient recevables d'un point de vue technologique. En revanche, l’une des trois firmes, Vilati Zrt., s'est vue contacter personnellement afin de formuler une nouvelle proposition, que BGYH a finalement accepté. Pourtant, le contrat a bel et bien été signé, non pas par Vilati Zrt., mais par Navigátor Zrt., qui a acheté cette société le lendemain de la décision. Istvàn György dénonce ces tractations en soutenant qu'au cours des 15 dernières années, plusieurs personnes ont constitué un réseau grâce auquel elles se pensent désormais intouchables. Il accuse en outre le maire de Budapest d'avoir jouer un rôle important dans l’émergence de ces réseaux.
Mais le dernier coup de massue porté sur les bains budapestois a été infligé non pas par les partis politiques mais par la publication sur le site Internet life.com, d’informations peu reluisantes à l’encontre des bains hongrois. En effet, les éditeurs de ce site d’informations ont inclus les bains Széchényi parmi les dix endroits les plus pollués au monde. La fierté nationale hongroise figure ainsi dans la liste aux côtés du Temple indien dédié aux rats! La direction du Széchenyi Fürdő a porté plainte pour diffamation et demande désormais des indemnités auprès du site Life.
Après la révélation de ces nombreuses affaires, on est en droit de se demander ce que l'on peut encore s'attendre à pêcher dans les eaux troubles des bains hongrois…
Kinga Néder
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