Sziget, cuvée 2008

Sziget, cuvée 2008

Vous avez sans doute été déçu de constater que le plus grand festival d’Europe était amputé d’une journée, sans toutefois que le prix ne soit lui-même amputé... Puis, un coup d’œil rapide au programme vous a peut-être laissé dubitatif. Vous cherchiez sans doute des têtes d’affiches comme l’inoubliable Manu Chao qui vous avait fait vibrer l’année dernière au point de ne pus savoir où vous étiez, à Cuba ou à Budapest, ou comme les Chemical brothers et leur show à vous couper le souffle. Allons, allons... regardez de plus près: la programmation 2008 n'est pas en reste et vous promet de belles surprises. Le JFB vous propose d'ailleurs sa petite sélection, alors laissez vous guider. Et pour le reste, à vous de jouer, car le Sziget reste le Sziget: un monde à part, une foule bigarrée dans laquelle vous baignez de joie et de la musique comme s'il en pleuvait.

 

Mardi 12 août

Iron Maiden

La grande scène centrale de l'île va accueillir cette année, en grande messe d'ouverture du festival, le groupe mytique Iron Maiden, dont la tournée 2008 va "revisiter l'incroyable odyssée du groupe", nous dit-on. Les fans ne sont plus à convaincre, quant aux autres, gageons qu'ils aurons, sinon une révélation musicale (qui sait...) mais tout au moins la conscience que oui, ça y est, le Sziget a bel et bien commencé! Et en grande pompe ! Ajoutez à cela quelques chiffres: les 42 000 places du Palmeiras Stadium de San Paolo se sont vendues en une semaine ; à Mexico, les 22 000 places du Palais des Sports ont disparu en 4 jours, alors que 14 000 places à Sydney et Melbourne se sont vendues en une demi-heure, et votre curiosité, déjà émoussée, vous conduira directement vers ces papys en acier.

21h30 - Grande scène internationale

 

Mercerdi 13 août

Les matinées sont longues au festival Sziget et certaines nuits endiablées s'achevant à l'aube, voire au-delà, les programmes ne reprennent qu'en milieu d'après-midi, tout en douceur... Mais ne vous y trompez pas: ceux qui choisiront de découvrir les Marionnettes sur l'eau du Vietnam n'auront en aucun cas fait le choix d’une “sieste” culturelle.

En effet, si L’âme du village, la dernière création du Théâtre National des Marionnettes sur l’eau du Vietnam, emporte le spectateur dans le quotidien des paysans des rizières, celui-ci est loin d'être paisible: combats d’animaux fantastiques, personnages et récits imaginaires ou historiques et jeux aquatiques vous entraîneront dans un tourbillon merveilleux auquel les adultes comme les enfants ne sauront rester insensibles.

16h - à côté du chapiteau

Danse & Théâtre De Rue

(tlj du 13 au 17 août, à 16h00

et à 21h30)

 

Un peu plus tard…

Autre style, autre genre: vous aurez quelques heures pour traverser l'île, découvrir les différentes scènes, commencer à dodeliner de la tête au son des musiques croisées sur votre chemin, déguster un délicieux langos en plein soleil, entamer un petit apéritif avec de nouvelles connaissances croisées au concert d'Iron Maiden la veille, bref, vous aurez le temps d'arriver en pleine forme au concert de Leningrad. Leningrad est un groupe de Ska-rock de St. Petersbourg créé au début des années 1990 et connu en Russie pour ses textes en argot écrits selon le principe «sex, drugs & punk-rock». Aviez-vous assisté à leur concert au même endroit l'année dernière? Leur performance fut grandement appréciée et la quantité de chaises détruites sur scène à cette occasion ô combien impressionnante…!

19h45 - Scène World

Le temps d'avaler une petite collation ou de découvrir la palinka à la prune et vous revoilà - si vous le voulez bien - au même endroit, pour entamer un marathon afro beat des plus enivrants avec Seun Kuti & Egypt 80.

Seun Kuti est le dernier fils de Fela Anikulapo Kuti, créateur et pape de l'afro-beat qui régna sur la scène de la musique populaire à Lagos depuis le début des années 70. Seun apprend le saxophone et le piano à 8 ans et débute sur scène à l'âge de 9 ans comme choriste puis en première partie de son père. Depuis la mort de celui-ci, en 1997, il relance et dirige le groupe Egypt 80, devenu l'un des orchestres les plus légendaires d'Afrique. A 22 ans, le frère de Femi Kuti a su s'imposer comme une star à part entière au style certes bien défini par ses prédécesseurs mais avec une énergie unique et envoûtante et un caractère bien trempé.

21h30 - Scène World

 

 Jeudi 14 août

Troisième jour et la fatigue commence à se faire sentir? Pourquoi ne pas commencer la journée par une expérience relaxante et unique: le Luminarium. Oeuvre de l'artiste anglais Alain Parkinson, cette immense tente labyrinthique qui se décompose en de multiples espaces, comme des grottes aux ambiances colorées psychédéliques. Ne soyez pas rebuté par la longue file d’attente qui précède votre entrée dans les lieux, elle justifie que vous preniez le temps de la détente une fois à l’intérieur (dans la limite du raisonnable et du respect d’autrui : celui qui poirotte dehors alors que vous vous oubliez dans cette matrice bienfaisante)…

 Après une telle expérience, dont vous sortirez comme sur un nuage, le retour "sur terre" sera saisissant... tel est le Sziget! Et pour reprendre pleinement conscience du lieu qui vous accueille, rien de tel qu'un détour par la tente tsigane avec le concert de Romano Drom, l'un des groupe phare de la scène tsigane hongroise.

Fondé en 1999 par Antal Kovács et son père, Romano Drom est devenu en quelques années LA référence en matière de musique tsigane Olah hongroise.

Le groupe a su garder intacte l'âme de la musique de son peuple tout en y insuflant une variété de sonorités et de couleurs musicales empruntées à d'autres influences musicales. L'énergie de la musique tsigane est toujours belle et bien là, portée par des musiciens généreux et des voix émouvantes qui ont su, années après année toucher un public de plus en plus nombreux. Laissez-vous conquérir!

17h - Scène tsigane

 Notre sélection suivante, encore et toujours sur la scène World (promis, ensuite on vous entraîne ailleurs), répond à l’appel lancé par cette artiste généreuse. Bref, nous n'avons pu résister à Rokia Traoré.

Son parcours est l’histoire d’une ascension vertigineuse. Ce n’est qu’en 1996, à l’âge de 22 ans, qu’elle décide d’entamer une carrière professionnelle. L’année d’après RFI lui décerne le prix « Découverte Afrique ». Sorti en 1998, l’album qui l’a révélée au public, Mouneïssa, lui vaut un accueil chaleureux. Le suivant Wanita, produit en 2000, plus abouti que le premier, est élu album de l’année par la revue Folk and Roots. Et voici que trois ans plus tard, elle met la barre encore plus haut avec la sortie de Bowmboï. On y reconnaît ce qui fait sa marque de fabrique, notamment le chant dans sa langue natale, le bamanan, et le mélange d’instruments traditionnels, comme le ngoni et le balaba, que n’a pas coutume d’associer la musique malienne. En trois albums, Rokia Traoré s’est imposée comme le talent le plus étonnant et le plus précoce d’Afrique de l’Ouest. Bowmboï, qui surpasse en virtuosité les précédents, trouve un parfait équilibre entre la musique traditionnelle et la vision du monde, résolument moderne, de l’artiste. Loin de tous les clichés, Bowmboï échappe par ses audaces à toute tentative de classification trop simpliste. Serez-vous séduit? Nous, nous le sommes depuis longtemps déjà.

19h45 - Scène World

 On vous l'avait promis... rendez-vous cette fois à l'autre bout de l'île avec Félix Lajkó. Ce musicien et violoniste d'origine hongroise, mais vivant dans la province de Voïvodine, en Serbie, créé une musique difficilement classable et très fortement influencée par la musique traditionnelle hongroise et tsigane. Violoniste de formation classique, il a très jeune décidé de s'orienter vers une musique plus passionnelle et folklorique pour laquelle il a obtenu un vif succès international. Il joue fréquemment avec des formations de musiciens tsiganes (présence importante du cymbalum) et de brass band d'Europe centrale, mais réalise également des solos.

22h30 - Scène Danse & théâtre de rue (chapiteau et scène en plein air)

 

Vendredi 15 août

C'est décidé, aujourd'hui vous voyez tout en grand! C'est donc naturellement vers la dite "Grande Scène Internationle" que vous vous dirigerez de bon matin, vers 16h30, pour vous refaire une coupe au son de Die Ärzte. La popularité de ce groupe punk allemand originaire de Berlin est étroitement liée à leur sens de l'humour bien particulier et à leurs textes, souvent provocants. Bien que souvent qualifié de groupe punk-rock, Die Ärzte ne se limitent pas à un seul genre musical et expérimentent souvent de nouveaux styles. Vous y trouverez sans doute le votre.

16h30- Grande scene internationale

 Ca y est, enfin! Vous n'étiez venus que pour CE concert et vérifier que le punk "is not dead"! A ce propos, les pronostiques sont lancés, mais nous nous garderons bien de nous prononcer avant cette date. Pour les plus jeunes, un petit rappel: les Sex Pistols, groupe de punk rock anglais, a lancé en grande partie le phénomène punk, malgré une existence très brève de 1975 à 1978. Ce groupe se caractérisait par un goût de la provocation très prononcé, des mélodies très basiques, un son brut et violent, un chanteur rageur, intelligent, facétieux et engagé, une énergie démente et une attitude bordélique et je-m'enfoutiste comme le rock n'en avait jamais connu. Ils secouèrent profondément le Royaume-Uni et leur carrière fut ponctuée de plusieurs scandales plus ou moins orchestrés par leur manager Malcolm McLaren. Largement influencés par des groupes comme les Stooges ou les Ramones, ils n'ont jamais été égalés au niveau du son ni de la déflagration qu'ils causèrent dans le milieu du rock. Ils ont à leur tour influencé toute la première vague punk de groupes comme The Clash, Jam, Sham 69, puis The Exploited et The Flowers Of Romance ou encore Nirvana ou Bad Brains pour les États-Unis.

21h30 - Grande scène internationale

 Bien évidemment, on ne peut s'arrêter en si bon chemin. Allons donc à la rencontre d'un autre monstre sacré des dancefloors du monde entier: Carl Cox. Sa carrière est lancée lorsqu'à 15 ans il s'équipe de platines et écume tous les lieux où il peut se produire. Il passe par la disco, le groove et le hip hop puis la house qui touche la Grande Bretagne et sa réputation explose à la fin des années 80. Il monte alors son propre label Worlwide Ultimatum et son agence de DJ Ultimate. En 1995, il revient avec la compilation de mix F.A.C.T. (Future Alliance of Communications and Technology) et enregistre son premier véritable album intitulé At the end of the cliché l’année suivante. Trois ans plus tard, Carl Cox signe Phuture 2000, puis Global en 2002, et enfin compile mixée Pure Intec Compiled & Mixed by Carl Cox" en 2004.

22h - Party Arena

 

Samedi 16 août

Déjà samedi! Un jour (un de plus...) à placer sous le signe de l'éclectisme. Commençons par un petit concert en langue française avec Katerine Gierak alias Mademoiselle K.

Après le succès de son premier album ça me vexe, sorti en 2006, et la diffusion de plusieurs titres sur les radios nationales, Mademoiselle K vient présenter a Sziget son deuxième album Jamais la paix. Ses influences? «Janis Joplin, Jeff Buckley, The Clash, The Cure, Mahler, M, PJ Harvey, idiots talking on the street, Bach, Lou Reed, disco music, David Bowie, The Who, Gainsbourg ("alcoholic period"), Portishead, Radiohead, Pixies, good vibes, the sun in the sky, the rain when it rains, the green of cucumbers, etc.» Si elle le dit...

16h30 - Grande scène internationale

 Encore du "World", oui, mais cet artiste mérite bien un petit retour vers cette scène dont vous connaîtrez décidemment les moindre recoins de pelouse (enfin, ce qu'il en reste). Lui, c'est Goran Bregovic. Un artiste complet qui a su, quoiqu'en disent les mauvaises langues, se nourrir de ses multiples influences pour inventer sa musique.

Ses compositions mélangent les sonorités d'une fanfare tsigane, les polyphonies de Bulgarie, les percussions traditionnelles aux accents rock, sur le fond d'un orchestre à cordes aux rythmes endiablés et de voix graves d'un choeur d'hommes. Né a Sarajevo d'une mère serbe et d'un père croate, Goran Bregovic monte ses premiers groupes à seize ans. Suivent quinze années avec son groupe "Le Bouton Blanc" (Bjelo Dugme) et treize albums vendus à six millions d'exemplaires. A la fin des années 80, il se libère du rôle éreintant de "la star" et prend sa "retraite dorée" à quarante ans, ayant enfin réalisé son rêve d'enfant: une petite maison sur la côte Adriatique. Il y compose la musique du troisième film d'Emir Kusturica Le Temps des Gitans. Mais bientôt les premiers troubles éclatent en Yougoslavie et les deux amis se voient contraints de tout abandonner pour venir s'installer a Paris. Vous connaissez la suite? Venez la redécouvrir sur scène, elle est riche et complexe comme cette région du monde, aux portes de la Hongrie.

21h30 - Scène World

Vous n'êtes pas encore passés par la case jazz? C'est sans aucun doute le moment de pointer le bout de votre nez sous cette tente chaleureuse. Vous y entendrez ce soir le grand, le très grand Maceo Parker. Compositeur de funk et de soul jazz, il fut longtemps saxophoniste de James Brown avant d’entamer sa carrière solo ou en compagnie de The JB’s Horns, Fred Wesley & The Horny Horn ou encore Funkadelic. La virtuosité époustouflante de Maceo Parker ne cède jamais le pas au conformisme et la complexité des rythmes et à elle seule captive. Sa contribution à la musique funk a scellé sa place dans l'histoire, à la fois comme musicien et comme légende vivante puisqu'il est l’un des principaux inventeurs du style funk. Mais il reste surtout un homme de scène qui réalise 250 concerts dans l’année, offrant un spectacle de plus de 2 heures et demi à chaque fois. Fermez les yeux et laissez-vous rêver : ça y est,vous dansez avec Jacky Brown. Ce festival est décidemment magique !

23h00 - Scène Jazz

 

Dimanche 17 août

Ca y est, c'est le dernier jour du Sziget! A force de vous trémousser sur toutes les pistes de danse, il fallait bien que cela arrive... Quoi? Vous n'êtes pas encore passé par le village africain faire vos emplettes de grigris pour la rentrée? Ni n'êtes allés vous baigner dans un bain de chocolat en plein soleil? Dites-vous que c'est aujourd'hui ou... l'année prochaine!

Côté concerts, nous sommes devant un dilemme insurmontable: comment assister à la fois au concert de Parno Graszt, scène tsigane, et de Lee Scratch Perry, scène World, qui ont chacun lieu à la même heure? En courant de l'une à l'autre pardi!

Parno Graszt: Originaires de la région de Szabolc-Szatmar, à la frontière ukrainienne, leur nom signifie « cheval blanc » en langue rom. Sans doute parce qu’ils jouent le plus souvent au galop et en toute liberté. Interprété avec des instruments aussi hétéroclites que traditionnels, leur répertoire s’inspire de la musicalité quotidienne de la campagne magyare et réinvente le folklore authentique tsigane. Autour des huit musiciens, la formation rassemble une dizaine de danseurs issus de trois générations, âgés de 10 à 77 ans…

Lee Scratch Perry:

Producteur de génie au cerveau bouillonnant, créateur du légendaire studio Black Ark (Arche Noire), Lee 'Scratch' Perry incarne le son de toute une époque de la musique populaire jamaïcaine.

Si l'ère du ska le voit jouer un rôle secondaire, le rocksteady, le reggae, puis le dub lui permettent d'exprimer son génie en toute liberté.

Ses sources d'inspiration sont multiples et variées : les westerns spaghettis, les feuilletons TV, la bouffe, la religion, le cosmos, la science fiction, le sexe, les films de kung-fu et autres séries B auxquels il emprunte les patronymes des personnages pour baptiser les titres de ces morceaux. «Vrai génie ou faux allumé, fou génial ou visionnaire sans égal, Lee 'Scratch' Perry, jamais à cours d'improvisations, frappe par son approche aventureuse de la musique et son esprit loufoque et décalé» écrit Jérôme Sandlarz (Mondomix.com). Pour avoir assisté à de nombreux concerts de celui qui se nomme lui-même “the upsetter” (l'emerdeur), nous sommes entièrement d'accord avec lui.

21h30. Les premiers scène tsigane et le second, scène World

 

Un dernier concert avant de céder aux sélections d'un Dj? Oui, mais alors un truc doux, planant, pour se lover au creux de l'épaule de son amoureux(se). Et pour cela rien de tel que la voix suave et sensuelle de José Gonzalez. Dit comme ça, ça sent le cliché à plein nez... Et pourtant Gonzalez c’est tout simplement beau, apaisant, sublime, vivifiant, zen, excellent, frais, coloré, simple, humble, libre, c’est tout simplement de la bonne musique, sans fioriture , une voix, une guitare et parfois quelques clappements de mains hispanisants. Une sorte de folk d’un autre temps, à mi-chemin entre Leonard Cohen et Donovan. Bref, nous on aime, tout simplement.

23h – Scène Converse (ex Wan2)

 

Catégorie