Sziget 2015 : Bienvenue à Music Land !
La longueur des files d'attente le prouve. Le Sziget est plus que jamais LE rendez-vous musical de l'année en Hongrie (et en Europe). L'espace de sept jours, l'île d'Óbuda se métamorphose en carrefour des arts et des esprits.
400 000 personnes, soit 20 % de la population de Budapest. C’est l’affluence qu’attend sans trembler le 23ème Sziget, élu « meilleur festival » du Vieux Continent loin devant ses principaux rivaux. « L’île de la liberté » se donne les moyens : 600 bénévoles et 200 techniciens sont à pied d’œuvre pour faire de cet énorme raout musical collectionnant les têtes d’affiche une fiesta inoubliable. D’ailleurs, la scène principale peut accueillir jusqu’à 90 000 spectateurs. Mieux que le fameux stade de France.
Le Sziget est une ville dans la ville. Bureau de tabac, pharmacie, droguerie, bars, restaurants et campings dédiés aux différentes nationalités dont les français (L’Apéro) sont parés à recevoir l’afflux de visiteurs. Les hébergements disponibles sur le site d’Óbuda affichent complet dès la mi-juin. Les fans de sport, particulièrement de jeux de ballon, ont des terrains de football et de beach-volley à leur disposition. De quoi largement s’occuper et se dépenser sur 2500 m2 jusqu’aux concerts du soir.
« La proximité avec le public est notre priorité, explique Anita Földes, directrice de la communication du Sziget dans les pays francophones. Nous sélectionnons les artistes s’inscrivant au maximum dans la tendance du moment et valorisons la multiplicité des genres grâce aux différentes scènes présentes. « Grands noms » comme Robbie Williams sur l’estrade centrale, groupes un peu moins « populaires » sous le chapiteau A38, électro à l’Aréna ou au Colosseum…Une vraie liberté de choix et de joie ! ».
En une semaine, près de 500 concerts et 1000 animations se dérouleront sur 74 hectares de surface. L’organisation espère croiser environ 35 à 40 000 Français. Les tricolores forment la troisième communauté d’aficionados du « Woodstock européen » derrière lesHollandais et les Britanniques. Les festivaliers en quête d’Hexagone peuvent étancher leur soif au stand du gourmet de Bordeaux ou déguster des délicieux plats préparés par une partie de l’équipe du restaurant Le Pavillon de Paris.
De Robbie Williams aux Pussy Riot
La première soirée du Sziget 2015 a été marquée par la performance sensationnelle du chanteur anglais Robbie Williams, venu clore son « Let Me Entertain You Tour » sur les bords du Danube. Show-man-né, l’interprète de « Rock DJ », « She’s The One », « Angels », « Supreme » ou bien encore « Feel » a proposé un show irréprochable d’une heure et demie en compagnie de son groupe. La formation magyare Irie Maffia, axée reggae-dancehall, avait chauffé l’ambiance en guise d’apéritif.
Pendant ce temps-là, le ballet ininterrompu de fêtards continue à garnir les allées du Sziget. Certains s’offrent un tatouage, un t-shirt à la mode siglé Buda Fckn Pest voire une coupe de cheveux. D’autres se dorent la pilule sur les galets de la jolie plage spécialement aménagée pour l’occasion. D’autres, encore, explorent le luminarium et/ou les merveilles artistiques réalisées par des étudiants. Les moins résistants s’accordent une sieste salvatrice entre des nuits souvent mouvementées et éprouvantes.
Hier après-midi, Joe Bel, lauréate du concours Jeunes Talents Francophones 2015, est entrée en piste. La Grenobloise de 24 ans à la voix suave et aux influences soul a ravi la British Knights Europe Stage. Agréable touche de délicatesse au milieu d’une programmation cadencée comprenant notamment la bande electrock d’outre-Manche Kasabian (jeudi), le disc-jockey suédois Avicii (vendredi), l’orchestre extravagant de Goran Bregović (samedi) ou les copains nantais et scratcheurs de C2C (dimanche).
La folie heureuse concurrence la chaleur. Chapeaux d’indiens et costumes de super-héros prolifèrent. Mais le sérieux a aussi sa place : Nadia et Masha, membres emblématiques du groupe russe Pussy Riot, arrêtées pour « vandalisme » et « incitation à la haine religieuse » après avoir entonné une « prière punk » dans la cathédrale Saint-Sauveur de Moscou en février 2012, évoqueront la liberté ce vendredi lors d’une conférence exceptionnelle. Beau débat en perspective sur l’île qui la consacre.
Joël Le Pavous
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Photos : Csilla Katona (1,2,3), Sándor Csudai (4) - szigetfestival.com
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