Système en panne
La réforme des allocations familiales
Le nouveau programme de gestion de crise ne laisse pas intact le système social. Selon le Premier ministre Gordon Bajnai, le système social dans son état actuel incite les gens à quitter le marché du travail et n’accorde pas une grande importance à la situation des défavorisés. Le nouveau chef du gouvernement remarque en outre qu’il est peu transparent, ne reflète pas le principe de justice sociale et ouvre la porte aux abus. Le gouvernement s’est donc engagé dans la transformation du système et la réduction des dépenses sociales.
Les allocations familiales coûtent entre 360 et 380 milliards de HUF à l’Etat hongrois chaque année. Afin de réaliser des économies, le gouvernement a décidé de fixer le montant des allocations au niveau actuel pour une période transitoire de deux ans. Ce blocage des allocations familiales apportera 12 à 15 milliards de HUF par année au budget de l’Etat. A partir du mois de janvier 2010, les allocations familiales compteront parmi des rémunérations hors taxes afin qu’il soit possible de les partager équitablement entre les conjoints. De plus, la limite d’âge pour bénéficier de ces allocations sera abaissée de 23 à 20 ans. Les indemnités journalières seront également baissées de 70 à 60%.
Le congé maternité (GYES) et l’allocation de mère au foyer (GYED) seront progressivement ramenées à deux ans mais cela ne concerne pas les actuelles jeunes mamans. Le fait de réduire de l’allocation GYED d’une année fera économiser 60 milliards de HUF à l’Etat. Selon les plans du gouvernement, les enfants des familles concernées par cette loi entreront en crèche en 2012. En même temps, des places de crèche et d’école maternelle seront donc créées. Le but du programme est de soutenir l’intégration plus rapide des femmes au marché du travail. En Europe, c’est en Hongrie que les femmes ont pu jusqu’ici bénéficier des allocations le plus longtemps et qu’elles ont repris le travail le plus tard. Par conséquent, la Hongrie est un pays où le taux des allocations familiales proportionnel au PIB est l’un des plus hauts, mais le taux d’emploi des jeunes femmes ayant un enfant figure parmi les plus bas.
Le programme peut entraîner de graves conséquences dans la volonté d’avoir un enfant, remarque Tiborné Pongrácz, démographe, membre du comité démographique de l’Académie des Sciences de Hongrie. Un programme économique de caractère similaire, élaboré par Lajos Bokros en 1995, avait eu cette conséquence.
Selon le point de vue des professionnels du social, il faut maintenir des allocations familiales stables car c’est la seule garantie contre la déchéance financière des familles. Quant au sociologue Zsuzsa Ferge, il conseille, dans une lettre ouverte écrite à Gordon Bajnai, la suppression provisoire des allocations familiales dans le cas des familles à enfant unique (sauf familles monoparentales et familles avec un enfant handicapé), sachant que la proportion de ces familles est significative dans les classes supérieures de la société. Selon les estimations, 30 milliards de HUF pourraient ainsi être économisés avec une telle mesure.
Máté Kovács